Raïssa INBE, enseignante au Tchad

Histoire

Former les enseignantes, changer des vies : l’histoire de Raïssa Inbe au Tchad

Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, est l’occasion de célébrer les avancées et les luttes pour l’égalité des droits.

Le projet Améliorer l’enseignement dans la région du Sahel, financé par l’Union européenne et mis en Å“uvre par l’UNESCO, accorde une attention particulière à la mise en lumière des femmes qui façonnent l’éducation dans la région. 

Aujourd’hui, nous vous partageons l’histoire de Raïssa, une enseignante qui, à travers ce projet, incarne le changement pour une éducation plus inclusive et égalitaire.

Dans la province du Bar El Gazal, au nord-ouest du Tchad, Raïssa INBE traverse chaque matin les rues de Moussoro pour rejoindre son école communautaire. À 300 km de N’Djamena, la capitale, les conditions d’enseignement sont précaires, mais son engagement est sans faille.

Être enseignante ici, c’est un défi de chaque instant. Les moyens sont limités, les effectifs élevés, mais l’envie d’apprendre de mes élèves est immense.

Pendant des années, Raïssa a fait du mieux qu’elle pouvait avec les ressources à sa disposition. Mais quelque chose lui manquait : des outils concrets et une méthodologie efficace pour améliorer sa pédagogie, capter encore mieux l’attention de ses élèves, et leur donner toutes les chances de réussir. Lorsqu’elle est sélectionnée pour participer aux communautés de pratique du projet Améliorer l’enseignement dans la région du Sahel, mis en Å“uvre par l’UNESCO et financé par l’Union européenne, elle y voit une opportunité unique.

Ce projet est arrivé au bon moment. Il répond aux défis que nous rencontrons au quotidien et nous apporte des solutions concrètes.

Dès les premières sessions des communautés de pratique, elle découvre de nouveaux procédés d’enseignement. Les formateurs ne viennent pas imposer un modèle unique : ils commencent par observer, comprendre les pratiques existantes, identifier les besoins réels du personnel enseignant. Puis viennent les ateliers : préparation de la classe, gestion des apprentissages, évaluation des élèves. Raïssa apprend à structurer ses cours différemment, à utiliser des approches comme l’enseignement explicite ou l’approche par compétences.

Avant, je faisais certaines choses instinctivement. Maintenant, je comprends mieux comment les adapter à mes élèves et les rendre plus efficaces.

Mais ce qui fait la vraie différence, c’est le suivi. Après chaque formation, les formateurs reviennent en classe, observent, conseillent. Une plateforme en ligne permet aussi aux membres des communautés de pratique d’échanger, de poser des questions, de s’entraider.

Nous ne sommes plus seuls face à nos défis. Grâce à cette plateforme, nous travaillons en réseau, nous nous soutenons et nous progressons ensemble.

Petit à petit, Raïssa applique ce qu’elle apprend. Ses cours deviennent plus dynamiques, ses élèves plus impliqués. À la fin de l’année, les progrès sont visibles : meilleurs résultats, participation accrue, motivation renouvelée.

Les parents me disent que leurs enfants sont plus motivés, qu’ils parlent de l’école avec enthousiasme. C’est la plus belle récompense pour une enseignante.

Aujourd’hui, Raïssa partage son expérience avec d’autres enseignantes et enseignants de sa région. Elle rêve que cette initiative s’étende à tout le pays, pour que chaque enfant puisse bénéficier d’un enseignement de qualité.

Raïssa INBE, enseignante au Tchad

L’éducation est un levier puissant de transformation. J’espère que ce projet pourra toucher encore plus d’enseignants et d’élèves. 

Dans sa salle de classe de Moussoro, cette enseignante fait bien plus que transmettre des connaissances. Elle change des vies.

Ecole au Tchad
L'école où exerce l'enseignante Raïssa INBE au Tchad.

Comme Raïssa, plus de 2000 enseignants du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad ont bénéficié des activités du projet Améliorer l’enseignement dans la région du Sahel en 2024. Parmi eux, 849 femmes, dont plusieurs, comme Raïssa, enseignent dans des zones rurales et font face à des défis similaires. Grâce à des formations ciblées et à un suivi personnalisé, ces enseignantes ont acquis des outils pédagogiques innovants qui ont transformé leurs pratiques en classe.

Le projet Sahel accorde une attention particulière à l’égalité de genre et à l’autonomisation des femmes. Accompagner les enseignantes, en particulier dans les zones rurales, c’est lutter pour l’accès des femmes à l’éducation, à la formation, et à l’insertion professionnelle. C’est aussi œuvrer pour que les filles aient davantage de chances de poursuivre leur scolarité.

En effet, les filles sont plus susceptibles d’aller à l’école, et leurs parents de les y envoyer et de les y maintenir, lorsque les enseignants sont des femmes, car elles servent de modèles inspirants et de sources d’encouragement. La présence des femmes dans le corps enseignant et aux postes de direction des établissements scolaires a un véritable impact sur la réussite scolaire des filles et sur la réduction des inégalités de genre dans l’éducation. ().

En cette Journée internationale des droits des femmes, il est essentiel de souligner le rôle fondamental des femmes enseignantes dans la construction d’une société plus juste et équitable. Le projet soutient leur présence et leur participation active dans les écoles et les communautés de pratique, des espaces qui renforcent leurs compétences, leur leadership et leur impact. En investissant dans ces initiatives, nous contribuons à améliorer les systèmes éducatifs du Sahel et à garantir l’égalité des droits et des opportunités pour toutes les femmes et filles de la région.