Photo de Tamara Klink en manteau d'hiver rouge vif, debout dans un vaste paysage enneigé au Groenland, regardant directement la caméra

Histoire

Tamara Klink défie les préjugés de genre lors d'une expédition seule dans l'Arctique

L’éclaireuse UNESCO Green Citizens Tamara Klink défie les stéréotypes de genre en se lançant dans une expédition en solitaire dans l’Arctique pour sensibiliser au changement climatique.

Il est essentiel d’arrêter de croire qu’il existe une frontière entre l’humain et la nature. Il ne faut pas séparer les deux.

Tamara Klink

Dans la banquise en solitaire : Le voyage arctique de Tamara Klink 

À 26 ans, la navigatrice brésilienne Tamara Klink a traversé l’Atlantique Nord pour passer l’hiver sur la banquise Arctique. En juillet 2023, elle a quitté la France en solitaire à bord de son voilier de 10m,  « Sardinha 2 », pour atteindre la côte Ouest du Groenland. Dans un fjord inhabité, Tamara a passé huit mois en totale autonomie sur son voilier emprisonné par les glaces. Ce périple a mis à l'épreuve ses compétences, sa résilience et son esprit. 

Motivations pour le voyage 

Son voyage est la réalisation d’un rêve d’enfant et de l’envie profonde de démontrer, qu’avec une préparation minutieuse, nous sommes en mesure d’accomplir beaucoup avec sobriété. Le projet a eu pour objectif d’élargir l’imaginaire sur ce qu’une femme peut accomplir seule, tout en sensibilisant aux changements climatiques, particulièrement visibles dans cette région du monde. 

Préparation de l’expédition 

La préparation de l'expédition a exigé une planification soignée, tant matérielle qu’émotionnelle. Le chantier du bateau a durée quinze mois. Tamara a étudié les projets d’hivernage précédents et échangé avec les navigateurs et navigatrices plus expérimentés pour anticiper les défis qu’elle rencontrerait. Elle a également suivi des entraînements physiques, a perfectionné ses compétences en navigation et a été accompagnée par une psychologue pour être prête à affronter les défis liés à  l’isolement et les quatre mois de longues nuits. 

Défis de l'Atlantique Nord 

La traversée de l'Atlantique Nord a été souvent complexe. Des vents contraires, une mer agitée et le mal de mer ont marqué les trois jours de navigation entre la France et l’Irlande. Dans les quatorze jours suivants jusqu’au Groenland, elle a été accompagnée de trois fulmars boréaux, témoins des calmes et tempêtes que le voilier a traversé jusqu’à la rencontre des premiers icebergs. 

Photo d'une femme debout et saluant de loin sur un petit voilier coincé dans la glace, entouré d'un vaste désert de neige et de glace.
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Rencontres et découvertes 

Tamara a finalement posé l’ancre dans le fjord de l’hivernage le 21 octobre 2023. Commença alors la solitude et une nouvelle vie sédentaire à laquelle il fallut s’adapter. Les poissons qu'elle pêchait et stockait sur le pont du bateau attiraient des renards, qui ont réussi à en dérober plusieurs. L'écriture est devenue son refuge, lui permettant de prendre du recul sur ses expériences et d’organiser ses souvenirs. La lecture lui offrait des compagnons qui la suivaient dans ses balades et ses réflexions. 

Son séjour au Groenland a été riche en rencontres humaines. Avant son isolement, elle a noué des liens avec les marins locaux, notamment les pêcheurs et les chasseurs de phoques, qui lui ont »å´Ç²Ô²Ôé des conseils sur la glace et la météorologie tout en projetant, parfois, leurs craintes quant à ses capacités. Plusieurs doutaient de sa force physique et mentale, perpétuant ainsi des stéréotypes de genre. Les regards masculins ont changé après l’hiver, lorsque les chasseurs lui demandaient des avis sur le lieu et des retours d’expérience. « Tu es une femme forte » lui ont-ils dit, ce à quoi elle a répondu : « Tu n’es pas une femme, mais tu es fort aussi ». 

La peur et le doute  

Elle a passé huit mois dans le fjord, quatre mois sans voir aucun humain et trois mois sans voir le soleil. Elle a connu des moments de peur et de doute : le bateau est-il assez solide pour résister aux chocs contre la banquise ? Mon allergie au froid va-t-elle se soigner ? Vais-je trouver assez de neige pour faire de l’eau et ne pas me déshydrater ? 

Cependant, Tamara a su trouver des moyens de les apprivoiser. Dans les moments d'incertitude, elle puisait sa motivation en imaginant les navigatrices et navigateurs qui l’ont inspiré à partir. L’écriture lui offrait également un exutoire, un moyen de coucher sur le papier ses pensées et de rationaliser ses peurs.  

Retour à la vie terrestre 

Après un an et deux mois en mer, le retour à la vie terrestre a présenté ses propres défis. Tamara navigue maintenant dans cette transition, en retrouvant ses proches et en se réadaptant au rythme de la vie en société. 

Projets futurs 

Avant de reprendre la navigation en Arctique, Tamara partagera son hivernage sous la forme d’une exposition, d’un film et d’un livre : « Quand on navigue, les traces de notre trajet disparaissent derrière le bateau. La force du récit, c’est de faire vivre cette expérience aux autres ». 

Parallèlement, elle entame un nouveau chapitre en tant qu’éclaireuse UNESCO Green Citizens. À ce titre, Tamara s’engage à identifier et mettre en lumière des initiatives environnementales citoyennes qui incarnent le lien profond entre les êtres humains et la nature.

Qu'est-ce qu'UNESCO Green Citizens ?

Cette initiative connecte les solutions citoyennes locales, l'expertise scientifique de l'UNESCO et la volonté des jeunes de s'engager dans la lutte contre le dérèglement climatique. Découvrez-en davantage ci-dessous sur ces 150 projets innovants et duplicables, menés par des citoyens.