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Encourager l’engagement citoyen et le dialogue : l’UNESCO soutient huit pays partenaires dans l’élaboration de politiques inclusives pour la créativité

Dans cette optique, l’UNESCO a lancé le projet Re|Penser les politiques en faveur de la créativité et de la liberté artistique, financé par l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (SIDA). Depuis 2014, ce projet a collaboré avec plus de 30 pays partenaires afin de renforcer la transparence, l’engagement citoyen et une gouvernance culturelle durable. La phase actuelle (Phase III : 2022 – 2025) concerne huit pays partenaires : le Botswana, la Bolivie, le Cabo Verde, la Côte d’Ivoire, la République démocratique populaire lao, le Mexique, le Soudan du Sud et le Timor-Leste. En 2024, les huit pays ont soumis avec succès leurs rapports nationaux – une étape majeure qui reflète les avancées en matière de politiques inclusives, de collaboration multipartite et d’autonomisation des voix locales.
Élaboration participative des politiques : placer le dialogue et l’engagement citoyen au centre
Une caractéristique essentielle du projet Re|Penser les politiques en faveur de la créativité et de la liberté artistique, est l’accent mis sur la participation et l’inclusion – en plaçant les organisations de la société civile (OSC), les artistes, les professionnels de la culture, ainsi que d'autres acteurs clés, au cœur même de la gouvernance culturelle. Conforme aux objectifs de la Convention de 2005 et de la Déclaration MONDIACULT 2022, cette approche multipartite encourage un dialogue constructif entre les gouvernements et les OSC, tout en veillant à ce que les voix marginalisées — en particulier celles des femmes, des jeunes et des communautés rurales — soient non seulement entendues, mais pleinement reconnues et valorisées.
Dans les huit pays partenaires, cette approche a permis l’émergence de plateformes de dialogue dynamiques, établies dans le cadre du processus de rapport. Ces espaces jouent désormais un rôle essentiel dans la collaboration, la défense des droits et la prise de décisions inclusives.
En RDP Lao, la série Artists’ Talk, menée par l’organisation locale XYZ, a ouvert un espace d’échange intersectoriel réunissant artistes, OSC et représentants gouvernementaux. L’élan suscité par cette initiative témoigne d’une prise de conscience croissante quant à la nécessité d’une gouvernance concertée dans le secteur créatif. « Pour renforcer les industries culturelles et créatives en RDP Lao, les secteurs gouvernemental, privé, les OSC et les professionnels de la création doivent collaborer », a affirmé Thongbay Photisane, président de l’Association des écrivains du Laos.
Cet esprit de gouvernance collaborative se manifeste également en Bolivie, où plus de 300 acteurs ont participé au processus d’élaboration du rapport national — dont 30 % issus de zones rurales et 42 % de femmes — soulignant un engagement clair en faveur d’une participation inclusive et décentralisée. Dans le même esprit, au Mexique, des efforts ciblés ont permis de renforcer la participation citoyenne. Des programmes de formation ont permis aux OSC de se familiariser avec l’élaboration et le suivi des politiques culturelles, tout en accompagnant le développement de réseaux locaux de créateurs, aujourd’hui engagés dans la planification culturelle au niveau municipal.
Les effets tangibles du renforcement des capacités sont également manifestes en Côte d’Ivoire, où l’influence des OSC s’est considérablement accrue. Dans le Rapport périodique 2024, les OSC sont à l’origine de 30 des 81 mesures recensées, contre un nombre nettement inférieur en 2021, où les politiques émanaient principalement d’entités publiques ou privées — marquant ainsi un progrès significatif vers une gouvernance culturelle partagée.

Renforcer les capacités pour un impact durable
Plus de 700 parties prenantes – incluant artistes, professionnels de la culture, OSC, représentants gouvernementaux et partenaires du secteur privé – ont participé à des ateliers de renforcement des capacités et à des consultations dans les huit pays partenaires. Basées sur le Cadre de suivi de la Convention de 2005, ces sessions ont permis aux acteurs locaux de développer les compétences nécessaires pour co-créer des politiques culturelles, promouvoir l’égalité des genres et la liberté artistique, assurer le suivi de la mise en œuvre de la Convention de 2005, et s’engager dans un dialogue structuré. S’exprimant dans le cadre du projet Re|Penser les politiques en faveur de la créativité et de la liberté artistique, Akhu Kekwaletswe, fondatrice de la Botswana Society for Jazz Education, a déclaré : « Je suis convaincue que cette initiative entraînera un changement significatif, non seulement en matière de politiques et de pratiques, mais aussi en favorisant une évolution des mentalités au sein de l’industrie créative du Botswana. » Au Cabo Verde, de vastes consultations et ateliers ont jeté les bases du tout premier rapport périodique du pays, soumis en 2024.
En soumettant son rapport, le Cabo Verde honore l’une de ses obligations en tant qu’État membre. Cette réussite est le fruit de l’engagement de l’UNESCO et du projet SIDA, qui ont permis d’organiser des consultations avec de multiples parties prenantes et de constituer une équipe nationale composée de diverses entités publiques, privées et, surtout, d’organisations de la société civile.
Apprentissage régional entre pairs, transformation locale
Au-delà des interventions nationales, le projet Re|Penserles politiques en faveur de la créativité et de la liberté artistique, a soutenu un Cycle régional d’apprentissage entre pairs sur le suivi participatif des politiques, réunissant 267 participants issus de 89 pays lors de 12 sessions en ligne. Cet échange mondial a renforcé les capacités des institutions publiques et des OSC, conduisant à un nombre record de 101 rapports soumis en 2024. Notamment, 73 % de ces rapports comprenaient des contributions directes d’OSC – un indicateur fort des progrès réalisés vers des systèmes de gouvernance culturelle plus informés, transparents et inclusifs. Par ailleurs, les pays partenaires soutenus au cours des phases I et II de l’initiative ont atteint un taux de soumission de 95 % pour leurs rapports de 2024, illustrant l’impact durable d’un accompagnement cohérent et d’un renforcement des capacités à long terme.

Du rapport aux résultats : relier la politique et la pratique
Le processus d’élaboration du rapport national ne se limite pas à une simple formalité – il représente une étape clé vers un changement concret. Les enseignements tirés de cette démarche participative servent désormais à orienter des activités de suivi ciblées et à traduire les recommandations en actions concrètes dans les huit pays partenaires, comblant ainsi de manière efficace le fossé entre l’élaboration des rapports et la mise en œuvre sur le terrain.
Au Soudan du Sud, le rapport national 2024 a identifié « l’engagement des femmes et des jeunes dans la vie culturelle » comme une priorité clé. En réponse, une collaboration entre l’UNESCO et GOGO Play a été lancée en février 2025 pour mettre en place un programme de formation destiné aux femmes cinéastes à Juba. Pendant dix jours, 25 femmes ont reçu une formation pratique en production, réalisation, photographie et scénarisation.
Au Botswana, les acteurs du secteur créatif se sont réunis à Gaborone lors d’un atelier participatif consacré à la définition de stratégies pour la mise en œuvre du rapport national. Les participants ont identifié l’accès au marché comme une priorité essentielle pour stimuler la croissance économique du secteur et accroître sa reconnaissance à l’échelle internationale.
Au Timor-Leste, le processus d’élaboration du rapport national a mis en évidence d’importantes lacunes dans les données relatives aux industries culturelles et créatives. En réponse, le pays a lancé des travaux de recherche dans deux municipalités, dans le but de renforcer sa base de données pour l’élaboration de politiques culturelles plus efficaces et de mieux aligner ses actions sur les Objectifs de développement durable (ODD).

A travers le projet Re|Penser les politiques en faveur de la créativité et de la liberté artistique les pays partenaires ne se contentent pas de remplir leurs obligations dans le cadre de la Convention de 2005 — ils contribuent activement à la construction d’écosystèmes culturels plus résilients, dynamiques et équitables. Alors que 2025 marque le 20e anniversaire de l’adoption de la Convention, ces efforts joueront un rôle déterminant dans la définition de la prochaine génération de politiques culturelles et dans la réaffirmation des engagements mondiaux en faveur de la protection et de la promotion de la diversité des expressions culturelles.