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Une trentaine de maçons dont vingt-cinq (25) jeunes maçons des sites de Djenné et de Bandiagara formés sur les techniques de l’architecture traditionnelle grâce à l’appui de l’UNESCO.

Le patrimoine architectural du Mali et particulièrement celui des sites du patrimoine mondial (Villes anciennes de Djenné, les Falaises de Bandiagara, Tombouctou et le Tombeau des Askia à Gao), qui constitue un élément fédérateur auquel s’identifie l’ensemble des groupes ethnolinguistiques fait face à de nombreux défis et menaces d’ordre naturel et anthropique. Nous pouvons citer entre autres,  les destructions intentionnelles, l’occupation anarchique des sites ou de leurs servitudes, les dégradations liées au manque d’entretien, le pillage des sites archéologiques alimentant le  trafic illicite des biens culturels,  l’utilisation du béton et d’autres matériaux inappropriés dans des périmètres des sites classés créant de pollutions visuelles et favorisant la rupture avec le milieu socio-culturel et créant un fossé entre les communautés et leur patrimoine bâti ainsi que les savoirs et savoir-faire associés.

 

Face à cet état de fait, le bureau de l’UNESCO à Bamako en partenariat avec le Ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme Ã  travers sa Direction Nationale du Patrimoine Culturel (DNPC) a organisé à Djenné les 14 et 15 juillet 2021, un atelier de formation sur les techniques de l’architecture traditionnelle à l’attention d’une trentaine de maçons dont vingt-cinq (25) jeunes maçons des sites des « Villes Anciennes de Djenné Â» et des Falaises de Bandiagara (Pays dogon), inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO respectivement en 1988 et 1989.

 

Le coup d’envoi des travaux a été donné dans la salle de conférence Mahamane Santara de la mairie de Djenné au cours d’une cérémonie présidée par le Représentant du ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme, M. Sidi Lamine Koné, Directeur National adjoint du Patrimoine Culturel en présence du Représentant de bureau de l’UNESCO à Bamako, du Préfet Adjoint de Cercle de Djenné, du Président du Conseil de Cercle de Djenné, du Maire de la comme de Djenné, du Chef de village, de l’imam, des forces de défense et de sécurité, du Président du « Bareton Â» ou corporation des maçons traditionnels de Djenné, des organisations de la société civile et de la presse.  

 

Il faut rappeler que cet atelier de formation intervient après celui de Tombouctou, tenu les 16 et 17 juin 2021 sur la même thématique à l’attention d’une vingtaine de jeunes maçons de Tombouctou et de Gao, s’inscrit dans le cadre du projet « Sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine Culturel du Mali Â», financé par l'Union européenne à travers l’UNESCO. Il vise non seulement  à permettre aux participants de comprendre les enjeux et défis liés au classement de leurs sites sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, de mieux appréhender leur rôle et leurs responsabilités dans la sauvegarde et la mise en valeur des savoirs et savoir-faire endogènes liés aux modes de construction qui ont toujours fait la renommée du patrimoine culturel Malien, mais également les doter de connaissances et de compétences leur permettant d’assurer l’accompagnement des communautés locales  de leurs sites respectifs pour une gestion efficiente du patrimoine architectural au Mali. A terme, il vise à promouvoir l’emploi des jeunes sur la base des ressources patrimoniales au service du dialogue intra et intercommunautaire, de la cohésion sociale et de la paix.

M. MAIGA, Chef de village de Djenné, a souligné que le thème de l’atelier est d’une importance capitale, car Djenné, patrimoine de l’humanité est connu à travers le monde entier à cause de son architecture en terre. Je sollicite l’appui de l’ensemble des parties prenantes dont les services en charge de la gestion et de la mise en valeur du patrimoine et des partenaires techniques et financiers afin de perpétuer le patrimoine architectural et les savoirs y associés, a-t-il ajouté
M. Assana Boucoum, Président du conseil de cercle de Djenné, « c’était pour moi un rêve d’assister pour la première fois à ce genre de formation à Djenné, qui contribuera à la conservation et la promotion du patrimoine culturel de Djenné. Je félicite et remercie très sincèrement les initiateurs de ce projet, le partenaire financier, les autorités locales et les maçons pour l’importance qu’ils accordent à la sauvegarde et à la promotion du patrimoine architectural national et celui de Djenné en particulier ».
M. Abdoulaye CISSE, 2ème adjoint et Représentant le Préfet du Cercle de Djenné, « la thématique de cet atelier répond au besoin de l’heure, car la jeune génération s’intéresse de moins en moins aux constructions en matériaux locaux, surtout le banco. Si rien n’est entrepris, il y a risque de perte de cultures constructives vernaculaires. Malgré notre recherche aux matériaux durable comme le ciment pour la construction, ailleurs (en Europe par exemple), les gens aspirent aux constructions écologiques (construction en banco) afin de minimiser les effets du changement climatique.
M. Sidi Lamine Koné, au nom du Ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme, a remercié le Bureau de l’UNESCO à Bamako et l’Union européenne pour le soutien technique financier à l’atelier. Ce soutien salutaire intervient au moment où le patrimoine culturel du Mali et le patrimoine architectural est soumis à de nombreux défis et menaces. J’invite les participants notamment les jeunes maçons à plus d’assiduité afin d’aboutir aux résultats escomptés, a-t-il souligné.
Mlle Fatoumata Coulibaly, technicienne de bâtiment à Bandiagara, participante, s’est exprimée en termes « j’ai beaucoup appris à travers cet atelier. Les communications faites sur l’architecture de terre et la visite des sites ont été riches en enseignement et me serviront de sources d’inspiration dans ma carrière professionnelle en liant les acquis de la formation à la pratique dès mon retour».

La formation a été marquée par des sessions théoriques et des visites de chantiers et des maisons monumentales en terre à Djenné sous la coordination de l’équipe d’encadrement par M. Sidi Lamine Koné, DNPC, M. Moussa Moriba Diakité, Chef de la Mission Culturelle de Djenné et M. Abdoulaye Cissé, l’architecte et M. Amadou Tahirou Bah, Président de Djenné Patrimoine, modérateur.

 

A l’issue des travaux, des recommandations ont été formulées entre autres (i) créer un centre de formation en architecture traditionnelle à Djenné en mettant à contribution l’expertise des vieux maçons dans l’encadrement, (ii) étendre la sensibilisation aux chefs de familles sur l’architecture de terre à travers des projections de diapo des supports de l’atelier, (iii) former et équiper en matériels modernes les jeunes maçons de Djenné et de Bandiagara pour la pratique des nouvelles techniques de construction en banco (iv) pérenniser l’initiative de formation des jeunes maçons en l’étendant sur chaque site du  patrimoine mondial de l’UNESCO pour promouvoir le partage d’expériences et mieux sensibiliser les communautés, (v) procéder à des études topographiques  avec les parties prenantes pour des canalisations appropriées dans la ville de Djenné, (vi) réserver des zones d’exploitation de banco  pour la conservation de l’architecture en terre.

 

La mission a permis de visiter les chantiers en cours dans le cadre de la réhabilitation des dix maisons monumentales à Djenné, de rencontrer et d’échanger avec des autorités administratives, politiques, des notabilités, des organisations de la société civile sur la protection et la promotion du patrimoine culturel.