
© UNESCO
Histoire
Inclure tous les jeunes dans la vie associative d’une ville traditionnelle tunisienne: le pari de Selim
Selim Fredj (29 ans) est issu de Nadhour, une ville traditionelle de Tunisie qui compte près de 43Ěý000 habitants. En dĂ©cembre 2019, Selim a fondĂ© le cafĂ© culturel Coin D'Ă©lite, un cafĂ© mixte qui accueille aussi bien les hommes que les femmes – ce qui est rare dans la partie historique de cette ville – et qui offre une variĂ©tĂ© d'activitĂ©s culturelles et associatives pour les jeunes du quartier.
Le projet de Selim est ambitieux, puisqu’il entend engager les jeunes d'une rĂ©gion qui, d’ordinaire, est dĂ©pourvue deĚýclubs culturels. Pour ce faire, il organise diverses activitĂ©s, telles que des journĂ©es musicales,Ěýdes dĂ©bats ou encore des jeux de sociĂ©tĂ©, comme le jeu Loup Garou «Ěýqui permet de renforcer les capacitĂ©s des jeunes et de crĂ©er une certaine cohĂ©sion sociale au sein des membres de la communautĂ©Ěý», raconte-t-il. Il dĂ©veloppe Ă©galement des initiatives centrĂ©es sur le renforcement des compĂ©tences, telles que les compĂ©tences personnelles et les «Ěýsoft skillsĚý».
A ce jour, Coin d’Elite compte 20 membres actifs. Pour eux, ce cafĂ© est une opportunitĂ© pour les femmes et les filles de Nadhour, pour lesquelles il est parfois mal vu d’aller dans les cafĂ©s.ĚýSelim explique que «Ěýsi certaines rĂ©gions de la Tunisie sont très libres vis-Ă -vis des femmes, Ă Nadhour bien que les femmes soient maintenant obligĂ©es de travailler Ă cause de l'augmentation du coĂ»t de la vie,Ěýla mentalitĂ© reste la mĂŞme et elles ne sont pas toujours autorisĂ©es Ă sortir pour voir des amies aux cafĂ©s, un passetemps considĂ©rĂ© « seulement pour les hommesĚý».ĚýC’est la raison pour laquelle je prends cette initiativeĚý: je dois essayer de changer les choses et ce Ă l’aide d’évènements culturels, d’animations ou encore de clubs de lectures, qui sont plus facilement acceptĂ©s comme passe-tempsĚý».
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Le cafĂ© social Coin D'Ă©lite se situe juste Ă cĂ´tĂ© d'un lycĂ©e, ce qui permet Ă Selim d’attirer des Ă©tudiants. Après leurs cours, les Ă©lèves se rendent au cafĂ©, y Ă©changent leurs idĂ©es et y Ă©tudient. Des dĂ©bats ont parfois lieu, ce qui est une des raisons pour laquelleĚýSelim a ouvert ce cafĂ©. «ĚýA Nadhour, le programme scolaire ne se concentre que sur les matières scientifiques.ĚýOn n’a pas de clubs ou d’activitĂ©s culturels, pas d’évènement ou encore de formation. Il n’y a que l’école, qui n’apprend pas aux jeunes Ă s’engager dans la sociĂ©tĂ© civile. Le seul endroit oĂą je pouvais attirer les jeunes pour les engager dans ce type d’activitĂ©s, c’était donc en crĂ©ant un cafĂ©Ěý».
RĂ©cemment, les membres de Coin d’Elite ont participĂ© Ă une activitĂ© de l’UNESCO sur Ěýla prĂ©vention de l'extrĂ©misme violent Ă travers l’autonomisation des jeunes, lors de laquelle ils ont discutĂ© du rĂ´le de l’éducation formelle et informelle dans la prĂ©vention de l’extrĂ©misme violent, ainsi que du role clĂ© des jeunes dans le dĂ©veloppement de sociĂ©tĂ©s plus pacifistes. Cette idĂ©e est venue Ă Selim après sa participation Ă des dĂ©bats internationaux organisĂ©s par l’association iiDebate dans le cadre du projet de l’UNESCO et de l’UNOCT sur la prĂ©vention de l’extrĂ©misme violent.
© UNESCO
Avant le confinement, SelimĚýa organisĂ© un Ă©vĂ©nement novateurĚý: la projection du film «ĚýDachraĚý», un film populaire en Tunisie. Avec plusieurs autres membres, il s'est Ă©galement engagĂ© dans des activitĂ©s pendant le confinement, comme le bĂ©nĂ©volat dans les espaces publics et la distribution de nourriture aux familles les plus prĂ©caires pendant le Ramadan.
Une autre raison pour laquelle Selim estime qu'il est si important d'avoir un espace tel que Coin D'Ă©lite est que, comme il n'y a pas d'activitĂ©s pour les jeunes Ă Nadhour, les groupes terroristes profitent souvent de cette vulnĂ©rabilitĂ© pour recruter des jeunes dans la rĂ©gion. Selim lui-mĂŞme connaĂ®t des personnes qui se sont installĂ©es en Syrie ou en Libye et qui ont Ă©tĂ© impliquĂ©es dans des groupes terroristes. Selon lui, «Ěýce sont des gens intelligents, des bons Ă©lèves, mais le problème, c’est qu’ils manquent d’encadrement Ă l’école et d’espoir pour leur avenirĚý». Toutefois, des initiatives telles que Coin D'Ă©lite permettent aux jeunes de dĂ©velopper davantage leur esprit critique, ce qui les rend moins susceptibles d'ĂŞtre recrutĂ©s par des groupes terroristes.
«ĚýMon rĂŞve, c’est de faire perdurer cet espace oĂą tout le monde peut discuter et dĂ©battre paisiblement, oĂą on peut s’amuser aussi. Je recherche avant tout l’impact social dans mon travail, et je ne veux pas attendre les pouvoirs publics pour changer les choses au sein de ma communautĂ©. Un jour, j’espère ouvrir des Coin d’Elites dans d’autres rĂ©gions de Tunisie. Mon cafĂ© n’est pas un endroit oĂą l’on boit seulement du cafĂ©, c’est un endroit oĂą les jeunes se rassemblent pour construire demainĚý».
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***
Suivre toute l’actualitĂ© de l’association Coin D’élite : https://www.facebook.com/CE.nadhour Ěý
En savoir plus sur l’association iiDebateĚý: https://www.facebook.com/iidebate
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Le projet de Selim est ambitieux, puisqu’il entend engager les jeunes d'une rĂ©gion qui, d’ordinaire, est dĂ©pourvue deĚýclubs culturels. Pour ce faire, il organise diverses activitĂ©s, telles que des journĂ©es musicales,Ěýdes dĂ©bats ou encore des jeux de sociĂ©tĂ©, comme le jeu Loup Garou «Ěýqui permet de renforcer les capacitĂ©s des jeunes et de crĂ©er une certaine cohĂ©sion sociale au sein des membres de la communautĂ©Ěý», raconte-t-il. Il dĂ©veloppe Ă©galement des initiatives centrĂ©es sur le renforcement des compĂ©tences, telles que les compĂ©tences personnelles et les «Ěýsoft skillsĚý».
A ce jour, Coin d’Elite compte 20 membres actifs. Pour eux, ce cafĂ© est une opportunitĂ© pour les femmes et les filles de Nadhour, pour lesquelles il est parfois mal vu d’aller dans les cafĂ©s.ĚýSelim explique que «Ěýsi certaines rĂ©gions de la Tunisie sont très libres vis-Ă -vis des femmes, Ă Nadhour bien que les femmes soient maintenant obligĂ©es de travailler Ă cause de l'augmentation du coĂ»t de la vie,Ěýla mentalitĂ© reste la mĂŞme et elles ne sont pas toujours autorisĂ©es Ă sortir pour voir des amies aux cafĂ©s, un passetemps considĂ©rĂ© « seulement pour les hommesĚý».ĚýC’est la raison pour laquelle je prends cette initiativeĚý: je dois essayer de changer les choses et ce Ă l’aide d’évènements culturels, d’animations ou encore de clubs de lectures, qui sont plus facilement acceptĂ©s comme passe-tempsĚý».
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Le cafĂ© social Coin D'Ă©lite se situe juste Ă cĂ´tĂ© d'un lycĂ©e, ce qui permet Ă Selim d’attirer des Ă©tudiants. Après leurs cours, les Ă©lèves se rendent au cafĂ©, y Ă©changent leurs idĂ©es et y Ă©tudient. Des dĂ©bats ont parfois lieu, ce qui est une des raisons pour laquelleĚýSelim a ouvert ce cafĂ©. «ĚýA Nadhour, le programme scolaire ne se concentre que sur les matières scientifiques.ĚýOn n’a pas de clubs ou d’activitĂ©s culturels, pas d’évènement ou encore de formation. Il n’y a que l’école, qui n’apprend pas aux jeunes Ă s’engager dans la sociĂ©tĂ© civile. Le seul endroit oĂą je pouvais attirer les jeunes pour les engager dans ce type d’activitĂ©s, c’était donc en crĂ©ant un cafĂ©Ěý».
RĂ©cemment, les membres de Coin d’Elite ont participĂ© Ă une activitĂ© de l’UNESCO sur Ěýla prĂ©vention de l'extrĂ©misme violent Ă travers l’autonomisation des jeunes, lors de laquelle ils ont discutĂ© du rĂ´le de l’éducation formelle et informelle dans la prĂ©vention de l’extrĂ©misme violent, ainsi que du role clĂ© des jeunes dans le dĂ©veloppement de sociĂ©tĂ©s plus pacifistes. Cette idĂ©e est venue Ă Selim après sa participation Ă des dĂ©bats internationaux organisĂ©s par l’association iiDebate dans le cadre du projet de l’UNESCO et de l’UNOCT sur la prĂ©vention de l’extrĂ©misme violent.
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Avant le confinement, SelimĚýa organisĂ© un Ă©vĂ©nement novateurĚý: la projection du film «ĚýDachraĚý», un film populaire en Tunisie. Avec plusieurs autres membres, il s'est Ă©galement engagĂ© dans des activitĂ©s pendant le confinement, comme le bĂ©nĂ©volat dans les espaces publics et la distribution de nourriture aux familles les plus prĂ©caires pendant le Ramadan.
Une autre raison pour laquelle Selim estime qu'il est si important d'avoir un espace tel que Coin D'Ă©lite est que, comme il n'y a pas d'activitĂ©s pour les jeunes Ă Nadhour, les groupes terroristes profitent souvent de cette vulnĂ©rabilitĂ© pour recruter des jeunes dans la rĂ©gion. Selim lui-mĂŞme connaĂ®t des personnes qui se sont installĂ©es en Syrie ou en Libye et qui ont Ă©tĂ© impliquĂ©es dans des groupes terroristes. Selon lui, «Ěýce sont des gens intelligents, des bons Ă©lèves, mais le problème, c’est qu’ils manquent d’encadrement Ă l’école et d’espoir pour leur avenirĚý». Toutefois, des initiatives telles que Coin D'Ă©lite permettent aux jeunes de dĂ©velopper davantage leur esprit critique, ce qui les rend moins susceptibles d'ĂŞtre recrutĂ©s par des groupes terroristes.
«ĚýMon rĂŞve, c’est de faire perdurer cet espace oĂą tout le monde peut discuter et dĂ©battre paisiblement, oĂą on peut s’amuser aussi. Je recherche avant tout l’impact social dans mon travail, et je ne veux pas attendre les pouvoirs publics pour changer les choses au sein de ma communautĂ©. Un jour, j’espère ouvrir des Coin d’Elites dans d’autres rĂ©gions de Tunisie. Mon cafĂ© n’est pas un endroit oĂą l’on boit seulement du cafĂ©, c’est un endroit oĂą les jeunes se rassemblent pour construire demainĚý».
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18 septembre 2020
Dernière mise à jour20 avril 2023