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L’apprentissage par le biais de la radio et la télévision en temps de COVID-19

La pandémie de COVID-19 a été l’une des plus grandes perturbations pour l’éducation que le monde ait jamais connue, touchant plus de 90 % de la population scolaire mondiale. Afin d’assurer la continuité de l’apprentissage, de nombreux pays ont opté pour l’éducation à distance en ligne.
Cependant, selon une étude récente de l’ (ISU) et de l’, quelque 826 millions d’élèves (50 %) sur l’ensemble des enfants exclus des salles de classe en raison de la pandémie n’ont pas accès à un ordinateur à la maison. Environ 706 millions d’élèves n’ont pas accès à Internet, et 56 millions vivent dans des zones non couvertes par les réseaux de téléphonie mobile. De nombreux pays ont dû trouver rapidement des solutions efficaces à ce problème, et la télévision et la radio se sont avérées être de bonnes alternatives lorsque l’apprentissage en ligne n’est pas possible.
Mercredi 27 mai, l’UNESCO et l’ (UER) ont organisé un auquel des représentants des organismes nationaux de diffusion ont été invités, afin de présenter les programmes et innovations mis en place, et d’échanger sur les retours d’expérience en matière d’apprentissage à distance par le biais de la radio et la télévision.
Quels sont les besoins ?
Compte tenu de cette fracture technologique, la plupart des pays à travers le monde utilisent aussi des programmes diffusés à la télévision et/ou la radio pour mettre en œuvre l’apprentissage à distance. L’Afrique semble être la région la plus active quant aux efforts réalisés pour tirer parti soit de la télévision, soit de la radio (70 % des pays), soit d’une combinaison des deux (34 % des pays), alors que l’Europe et les États-Unis semblent utiliser moins la radio que les autres régions, bien qu’elles soient très actives pour déployer des programmes d’éducation à distance à travers la télévision.
L’intérêt des émissions éducatives télévisées et radiodiffusées va au-delà des seuls besoins des élèves. Dans certains pays, ces programmes sont conçus pour offrir un apprentissage inter-générations, y compris dans les langues locales. Elles comportent également des volets consacrés, par exemple, à la santé et au bien-être psychosocial, aspects fondamentaux pour soutenir les populations exposées à la menace du COVID-19.
Cependant, la mise en place et l’utilisation de la radio et la télévision comme outils pour offrir un apprentissage à distance présentent des défis majeurs, tels que :
- la non-disponibilité de contenus éducatifs au format audiovisuel ;
- les difficultés rencontrées par les pays pour produire rapidement des contenus de qualité en quantité suffisante ;
- l’absence de partenariats préexistants pour concevoir et diffuser des contenus éducatifs ;
- la nécessité d’établir une communication et une collaboration entre les spécialistes de l’éducation et les professionnels du secteur de l’audiovisuel en vue de produire des programmes éducatifs ;
- le manque de savoir-faire et d’expertise dans le suivi et l’évaluation de l’apprentissage…
Tous les intervenants sont tombés d’accord sur trois conditions essentielles à l’efficacité de la mise en œuvre de ces programmes : la collaboration, le pragmatisme et une approche centrée sur l’apprenant.
Pas de réussite sans collaboration
La collaboration entre les diffuseurs, les autorités éducatives et les éducateurs a été l’une des principales raisons du succès de la mise en place des programmes éducatifs télévisuels et radiodiffusés.
En effet, les différents secteurs ayant chacun leur propre domaine d’expertise, ils ont pu travailler de façon complémentaire, surtout en matière d’élaboration et de production de contenus éducatifs. En Lituanie, en Géorgie et en Australie, la collaboration avec le Ministère de l’éducation a été décisive pour la conception des programmes, étant donné que les cours proposés à la radio et à la télévision devaient être adaptés au plan d’étude national.
M. Ricaud Auckbur, Directeur de l’apprentissage en ligne au Ministère de l’éducation de Maurice, a expliqué qu’un groupe de travail avait été spécialement créé pour créer des contenus éducatifs pour la radio et la télévision. Il était composé d’enseignants volontaires, de responsables de l’éducation primaire et secondaire, d’inspecteurs du primaire et du secondaire, de membres de l’Université ouverte de Maurice, des services chargés de la conception des curriculums et des diffuseurs.
La plupart des diffuseurs ont demandé aux enseignants de présenter leurs programmes éducatifs, s’appuyant sur leur savoir-faire en matière de transmission de connaissances. Mme Elene Gabashvili, responsable des relations internationales à la radio publique de Géorgie, a indiqué que pour enregistrer leurs programmes, son réseau avait fait appel à 20 enseignants du public et du privé sélectionnés par le Ministère de l’éducation.
Prendre des décisions pragmatiques
En raison du peu de temps disponible pour créer et produire des contenus éducatifs pour la radio et la télévision, la plupart des diffuseurs ont préféré s’appuyer sur leurs programmes existants.
En Lituanie, M. Gytis Oganauskas, directeur général adjoint de la radiotélévision nationale lituanienne, a expliqué qu’ils avaient décidé d’adapter les formats existants aux besoins éducatifs et de divertissement, en ajoutant des contenus éducatifs et des éléments interactifs. Ils ont également utilisé leurs archives audiovisuelles (documentaires, émissions, films) pour créer des modules d’apprentissage sur des sujets variés.
M. Robert Fortuijin, responsable de la station Zapp & Zappelin, du radiodiffuseur public NPO (Pays-Bas), a recommandé de concentrer les efforts et d’être honnête quant à ses propres capacités : « Mieux vaut faire un peu de ce à quoi on est bon, que faire beaucoup mais mal ». Il a souligné par ailleurs que la cohérence était cruciale pour encourager les apprenants à suivre leurs programmes assidûment.
Mme Anabel Astbury, responsable de l’éducation numérique à la chaîne ABC Australia, a indiqué qu’en raison des mesures sanitaires mises en place dans son pays, les équipes de production avaient dû faire preuve de beaucoup de créativité pour filmer les programmes avec seulement une caméra et deux producteurs.
Une approche centrée sur l’apprenant
Atteindre les élèves et assurer la continuité pédagogique ont été les principaux objectifs des diverses initiatives présentées durant l’atelier.
La plupart des diffuseurs ont donc conçu leurs programmes avec davantage d’éléments interactifs, afin de capter l’attention des apprenants, surtout des plus jeunes. Les programmes ont aussi été conçus dans le but d’offrir une plate-forme d’échange d’information et d’expériences entre les générations. Plusieurs exemples présentés pendant l’atelier comportaient l’utilisation d’applications, de vidéos ou encore de quiz en ligne.
En Lituanie, par exemple, le diffuseur national a créé des défis interactifs pour les devoirs à la maison, encourageant les enfants à participer activement en se filmant et en partageant leurs vidéos.
Une solution durable ?
L’utilisation de la télévision et la radio comme solutions d’apprentissage à distance est un excellent moyen de combler la fracture numérique dans le secteur de l’éducation et de toucher les apprenants les plus marginalisés. Il reste cependant des points importants à prendre en considération.
De nombreuses questions liées à l’assurance de la qualité des programmes éducatifs, la motivation des apprenants, en particulier des plus jeunes, l’évaluation ou la mesure des résultats d’apprentissage ont été soulevées et devront être approfondies.
La question de la viabilité à long terme de ces programmes a également été abordée. Certains pays, comme la Géorgie, ont décidé de poursuivre la diffusion des programmes conçus durant la pandémie après la réouverture des écoles.
Tels sont les domaines de réflexion immédiats dans lesquels l’UNESCO et l’UER s’engagent à produire des connaissances et des données factuelles, afin de garantir que personne ne soit laissé pour compte dans la réponse au COVID-19 en matière d’éducation à distance.
Les ateliers virtuels de l’UNESCO et l’UER sur l’apprentissage par le biais de la télévision et la radio se tiennent également en et en espagnol (bientôt disponible).
- En savoir plus sur les