Communiqué de presse

L'UNESCO signale que le déficit de financement pour atteindre l’ODD 4 dans les pays les plus pauvres risque d'augmenter jusqu'à 200 milliards de dollars EU par an en raison de la COVID-19 si nous ne prenons pas des mesures urgentes

© Tom Merilion/Save The Children

Alors que les ministres des Finances se réunissent aux Nations unies le 8 septembre pour discuter du financement du développement à l'ère de la COVID-19, les dirigeants doivent donner la priorité à l'investissement dans l'éducation pour les pays à faible et moyen revenu.

Selon une nouvelle étude menée par le de l’UNESCO, les fermetures d'écoles dues à la COVID-19 devraient porter le déficit annuel de financement de l'éducation dans les pays les plus pauvres à 200 milliards de dollars EU par an. Cependant, investir maintenant dans des programmes de rescolarisation et de remédiation pourrait réduire le déficit de financement supplémentaire de 75 %.

 montrent d'abord l'augmentation substantielle du déficit de financement annuel pour atteindre l'objectif de développement durable (ODD) 4, à savoir assurer une éducation inclusive et de qualité pour tous d'ici 2030 dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur. Avec de nouveaux besoins de dépenses annuelles de 504 milliards de dollars EU, le déficit de financement est passé de 39 milliards de dollars EU par an en 2015 à 148 milliards de dollars EU par an en 2020.  Le délai désormais plus court pour atteindre l’ODD 4 et l'amélioration des normes de qualité sont parmi les raisons de cette augmentation.

La pandémie de COVID-19 accentue le déficit de financement de l'éducation. Selon des scénarios plausibles de fermeture d'écoles et de croissance du PIB, la COVID-19 viendrait ajouter un 30 % supplémentaire au déficit de financement annuel de 148 milliards de dollars EU pour atteindre 200 milliards de dollars EU.

À moins d'une décennie de l'échéance pour la réalisation des ODD, le monde est confronté à une crise du financement de l’éducation qui sera encore exacerbée par la pandémie de COVID-19. Des générations entières sont en situation de risque, ce qui a un impact disproportionné sur les plus vulnérables. Si l'éducation est clairement affectée par la pandémie, elle est aussi la solution au redressement à long terme. J'appelle tous les acteurs à ne ménager aucun effort pour donner la priorité à l'investissement dans l'éducation en tant que bien public mondial.
Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO

Les fermetures d'écoles ont entraîné une rupture de l'apprentissage pour des millions d'élèves. Les solutions d'enseignement à distance ne sont tout simplement pas une option pour au moins 580 millions d'élèves dans les pays à faible et moyen revenu, selon une enquête de l'UNESCO, de l'UNICEF et de la Banque mondiale.

La hausse des coûts assumée par les pays depuis la pandémie de COVID-19 s’explique notamment par la nécessité de réinscrire les élèves en plus d'offrir des programmes de rattrapage pour aider les plus marginalisés à retourner à l'école, à rattraper leur retard et à maximiser leurs chances de rester à l'école. Des coûts supplémentaires sont aussi nécessaires pour assurer la sécurité des enfants lorsqu'ils retournent en classe, avec un accès à des installations d'hygiène et des salles de classe supplémentaires pour permettre l'éloignement physique. Ces programmes et actions ajouteront entre 5 et 35 milliards de dollars EU au besoin initial de financement. Or, ces programmes et actions sont bien moins coûteux que de devoir déployer ultérieurement des programmes de rattrapage. Agir maintenant plutôt que plus tard pourrait réduire de 75 % le coût potentiel engendré par la COVID-19 sur l'éducation.

L'UNESCO a signalé que l'aide totale à l'éducation risque de diminuer de 12 % d'ici 2022 en raison des conséquences économiques de la COVID-19. Cela constitue une menace pour la reprise de l'éducation après les perturbations provoquées par la pandémie.

Afin de réduire l'impact de la COVID-19 sur l'éducation des enfants, il convient de mettre de l’avant les actions suivantes :

  • Les gouvernements des pays à faible et moyen revenu doivent résister aux pressions exercées pour réduire leur budget de l'éducation en raison du contexte financier difficile. Les investissements dans les écoles et pour les apprenants doivent être maintenus, voire augmentés. Les gouvernements doivent également consacrer une part importante de leur budget de l'éducation aux régions et aux écoles les plus marginalisées ;
  • De même, les donateurs internationaux doivent maintenir la part qu’ils accordent à l'aide internationale pour le développement de l'éducation mondiale en plus d’utiliser un financement équitable pour s'assurer que l'aide soit dirigée vers les pays et les régions qui subissent des inégalités chroniques. Seulement 47 % de l'aide à l'éducation de base et secondaire va aux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur, où elle est le plus nécessaire ;
  • Cette crise sanitaire a exacerbé l'effet des inégalités sur les possibilités d'éducation. Les pays auront besoin de fonds supplémentaires, initialement non prévus, pour faire face à la pandémie de COVID-19. Les donateurs doivent garantir une certaine souplesse dans le soutien fourni afin que les programmes existants puissent être restructurés et réalignés pour aider les pays à faire en sorte que la COVID-19 n’ait engendré, ultimement, qu'un recul temporaire ;
  • Les ministères de l'É»å³Ü³¦²¹³Ù¾±´Ç²Ô et de la Protection sociale doivent travailler ensemble et orienter leurs politiques vers les plus défavorisés. Les programmes de protection sociale tels que les prestations sous conditions et les allocations familiales qui incluent une composante d’éducation et qui visent à lutter contre la pauvreté, par exemple en portant une attention particulière sur la question du genre, sont particulièrement importants. De telles politiques permettront de réduire le nombre d'enfants qui abandonnent l'école.
L'incertitude quant à la date de réouverture des écoles engendre une participation réduite et une perte d'apprentissage prolongée, en particulier pour les enfants les plus marginalisés. Nous savons, grâce à des recherches antérieures, que les apprenants les plus pauvres sont les moins susceptibles de rattraper leur retard, ce qui affectera leur capacité future à gagner leur vie. La planification à long terme de la reprise après cette pandémie doit inclure une augmentation du financement de l'éducation dès maintenant sous la forme de programmes de rattrapage. Nous ne devons pas nous contenter d’attendre, puis ne pas être en mesure d’acquitter les factures pour les cours de rattrapage. Par le fait même, certains risqueraient ne pas être en mesure de suivre ces cours ou ne pas avoir les moyens de les suivre.
Manos Antoninis, Directeur du Rapport mondial de suivi sur l’éducation (GEM)

Combler un déficit de financement qui risque de s'élever à 200 milliards de dollars EU par an en raison de la COVID-19 nécessite un changement systémique - et cela n'est possible que si les dirigeants prennent des mesures pour faire face à cette situation d'urgence. La communauté internationale doit mobiliser d'urgence des fonds supplémentaires pour l'éducation afin d’atteindre les cibles de l’ODD 4 ; leur réalisation ayant été durement affectée en raison de la pandémie.

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Contact médias: Kate Redman, k.redman@unesco.org, +33 06 71 78 62 34