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Perspectives régionales | Afrique

Des coûts humains, économiques et environnementaux importants pour l’Afrique menacent d’avoir des conséquences à moyen et à long terme sur le rétablissement de la région après la COVID-19. Pour la première fois en 25 ans, la croissance économique de l’Afrique a diminué, baissant de 2%. Malgré les rapports indiquant que la première vague de la COVID-19 a évolué relativement lentement en Afrique, en décembre, une deuxième vague d’infections a déclenché une estimation d’environ 40% de cas supplémentaires dans la région. Les restrictions de déplacements, les mesures de fermeture et de distanciation physique ont exercé un impact sur les sites du patrimoine mondial et la continuité des pratiques du patrimoine vivant. Pendant les fermetures de sites du patrimoine, les épisodes de braconnage et de pillage ont également augmenté. Parallèlement, les travailleurs du secteur informel, les femmes et les jeunes ont souffert de manière considérable de la réduction des opportunités et de l’inégalité d’accès à des dispositifs de soutien social.
Dans toute l’Afrique, la mobilisation et la sensibilisation des communautés, ainsi que les campagnes de diffusion d’informations menées au niveau local, ont été fréquentes et efficaces, et beaucoup d’entre elles ont mobilisé des artistes. En s’appuyant sur l’expérience de la propagation du virus’ Ébola en 2014, notamment en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria, les systèmes de santé locaux ont communiqué des stratégies efficaces de réponse aux populations locales. Au Ghana par exemple, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont fédéré leurs forces afin de lancer une campagne de santé médiatique locale utilisant la musique et mobilisant des artistes ghanéens en partenariat avec la Commission nationale de la culture (NCC), le Syndicat des musiciens du Ghana (MUSIGA) et le Conseil des arts créatifs. En 2020, 22% des débats Resiliart de l’UNESCO se sont tenus en Afrique, une initiative qui a permis de rallier le soutien des artistes pendant et au-delà de la crise. Le Zimbabwe a organisé à lui seul six débats Resiliart avec la collaboration de son Conseil national des arts, ce qui a donné lieu à un important plaidoyer de la part des artistes afin d’établir un fonds de relance suite à la COVID-19. Deux de ces débats ont notamment été retransmis par Radio Mozambique, démontrant l’importance de l’adaptation aux contextes et aux besoins locaux. Malgré le manque de ressources des services publics d’aide sociale dans de nombreux pays africains, plusieurs pratiques innovantes relèvent de stratégies de prévention et d’atténuation adaptées aux réalités locales.
Kureng Workx/Pexels
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La question de l’exploitation des technologies numériques a été mise en avant comme un domaine important à développer dans le processus de relance post-COVID-19 et pour la transformation socio-économique. Pendant la première année de pandémie, l’étendue des inégalités en matière d’accès aux technologies numériques dans la région est devenue une évidence, soulignant les failles et les besoins préexistants en matière d’infrastructures. Par exemple, alors que certains musées et institutions culturelles ont pu explorer des options en ligne afin de poursuivre leurs activités et d’assurer un accès à la culture en direction des publics, seulement 5% des musées africains ont été en mesure de produire des contenus en ligne. Malgré ces difficultés, la jeunesse africaine a contribué à repousser les limites de l’Internet et des espaces numériques. De toutes les régions, c’est en Afrique que l’on trouve le plus grand nombre de jeunes, qui, selon les estimations des Nations Unies, augmenteront de 89 % en 2050. La région dispose d’une énergie entrepreneuriale, avec une importante main d’œuvre des secteurs culturels et créatifs exerçant dans l’économie informelle. La population des jeunes en Afrique est reconnue comme un puissant accélérateur de la croissance économique et de l’innovation ainsi qu’un élément clé pour le redressement de la région après la pandémie. Dans la même veine, cette démographie a également mis en lumière certaines potentialités économiques et des défis sur le plan social pour les stratégies de relance sur le long-terme, notamment des implications pour la paix et la sécurité. Soutenir la contribution de la culture à la cohésion sociale et à la construction de la paix reste donc une priorité forte dans le travail de l’UNESCO dans la région.
L’Année des arts, de la culture et du patrimoine de l’Union africaine (2021) a débuté pendant la pandémie. Comme l’UA l’a souligné, la crise représente une opportunité de réévaluer le rôle de la culture dans les priorités socio-économiques africaines à travers l’égalité, l’inclusion, la cohésion sociale et la Renaissance africaine. Le mois dernier, la feuille de route pour l’Année des arts, de la culture et du patrimoine a été lancée lors du 2ème forum virtuel des ministres responsables des Arts, de la Culture et du Patrimoine. Les États membres ont réitéré leur engagement à lutter contre l’impact de la pandémie à travers des méthodes innovantes et des politiques culturelles et patrimoniales qui soutiennent les professionnels du secteur de la culture dans leurs productions de biens et services. Dans le cadre de l’élaboration d’une stratégie de relance pour l’Afrique, les États membres ont encouragé les gouvernements à consacrer 1 % de leur budget national à la culture. La culture a été mise en avant en tant que levier de la croissance économique, un rôle qui se révèle encore plus important dans le contexte de la sortie de crise.
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