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ResiliArt Gabon : les artistes, acteurs et opérateurs culturels appellent à une structuration du secteur

Lancé le 14 avril dernier, par l’UNESCO, à l’occasion de la journée mondiale de l’art, le mouvement ResiliArt est une initiative qui vise à mettre en lumière l'impact de la COVID-19 sur le secteur culturel, dans différents pays du monde. Il s’agit d’entendre les artistes, les acteurs et opérateurs culturels dans leur large diversité et de leur donner l’attention qu'ils méritent, en particulier dans les discussions politiques et sociales qui façonneront le monde post-crise. Depuis lors, plusieurs régions et pays ont lancé des dialogues « ResiliArt » pour contribuer à la continuité de la créativité et à la pérennité de l’expression de l’art.
La réunion du Gabon s’est déroulée sous deux phases. La première purement protocolaire a permis à l’OIF, l’UNESCO et au Ministère de la culture de renouveler leur soutien aux artistes, acteurs et opérateurs culturels et de présenter certains chantiers en cours et initiatives lancées.
La phase protoclaire
Selon M. Noumansana, Directeur du Bureau régional Afrique centrale de l’OIF, le BRAC soutient depuis plusieurs années divers sous-secteurs de la culture : l’audiovisuel, le cinéma, la littérature et le spectacle sous toutes leurs formes. Malgré la crise sanitaire actuelle, ce soutien a été, en grande partie, maintenu. L’OIF a pu poursuivre et renforcer son aide à la production audiovisuelle et cinématographique. Le fonds image de la francophonie, au premier trimestre de 2020 a, ainsi, augmenté de 80% le montant de ses aides financières. Au Gabon, un appui a été apporté dans ce cadre au Festival de films de Masuku et l’Organisation contribue actuellement à une étude OIF-UNESCO sur l’impact de la COVID-19 sur le secteur de la culture au Gabon.
M. Nzamba Nzamba, Chargé du Bureau UNESCO Libreville, a précisé les objectifs des débats « ResilArt » lancés par l’UNESCO. Ils visent à (i) sensibiliser sur l’impact de la COVID-19 sur le secteur de la culture, (ii) donner une visibilité aux artistes du monde entier, qu’ils soient connus ou non ; veiller à ce que leurs voix soient entendues au niveau politique et (iii) attirer l’attention sur l’impact de la crise sur le secteur de la culture et l’importance du développement des industries culturelles et créatives. Il a précisé que l’UNESCO. Il a, d’une part, rappelé l’engagement de l’UNESCO à soutenir le secteur de la culture malgré la crise sanitaire, et d’autre part, indiqué que les programmes soutenus par l’UNESCO au Gabon s’adaptent au contexte sanitaire actuel. C’est le cas avec le Programme de soutien et de renforcement des industries culturelles et créatives – PSRIC financé par l’Union européenne dont les activités ont été révisées. Il a aussi tenu à rappeler que pour faire face à la crise, l’UNESCO, l’OIF et le ministère de la culture conduisent en ce moment une étude sur l’impact socio – économique de la covid 19 dans le secteur de la culture.
Avant d’ouvrir les discussions, M. Michel Menga M’Essone, Ministre de la culture et des arts, a présenté les chantiers en cours au sein de son département qui visent à améliorer l’écosystème culturel au Gabon. Il a notamment cité : la politique culturelle nationale, la réforme du bureau gabonais des droits d’auteurs et des droits voisins, afin de rendre cet outil plus efficace pour les créateurs des œuvres de l’esprit, la politique du livre pour encourager la création littéraire et la lecture publique, les critères de classement du patrimoine national dans le but de mieux protéger les monuments et sites culturels du pays, les mécanismes de financement dans le secteur culturel.
La séquence discussions
La phase des discussions s’est faite en quatre sous parties modérées par Dr Kanel Engandja Ngoulou et Dr Thierry P. Nzamba Nzamba : (1) Contraintes et difficultés du secteur de la culturel ; (2) Conséquences de la crise ; (3) mesures et propositions de solutions et (4) Discussions, recommandations, conclusions.
Dans la première partie, les acteurs culturels ont regretté que la culture soit actuellement en pause () au Gabon, du fait qu’il n’y ait plus aucun un évènement artistique et culturel majeur dans le pays. Pour eux, la crise actuelle met en lumière une situation endémique (Moore) ; « à quelque chose, malheur est bon » pour attirer l’attention sur ce secteur (Dread Pôl).
S’agissant des conséquences, pour certains, la crise est venue détériorer davantage la précarité dans laquelle était plongée le secteur. Elle a, ainsi, renforcé la paralysie du secteur, l’endettement, des tentatives de reconversion, de démission () et/ou d’exil (), des pertes avec l’annulation par exemple des spectacles (). Pour d’autres, cette crise est une opportunité pour le secteur de la culture ().
Ces perceptions divergentes ont révélé plusieurs carences que connait le secteur. Le secteur est amateur, c’est-à -dire non organisé dit , bien que certains acteurs soient parfaitement outillés. Cette amateurisme est, en effet, due à la non structuration () de celui-ci. Par ailleurs, beaucoup d’acteurs culturels ne sont pas suffisamment outillés pour se développer en ligne. Certains acteurs culturels ont aussi rappelé l’intérêt de porter le regard sur l’ensemble du secteur y compris le patrimoine culturel immatériel (Thierry).
La question du numérique n’a pas été laissé de côté. Cette réunion a révélé, d’une part, sa contribution à la résilience des acteurs culturels, « si on débout c’est grâce au numérique » (Latif) mais aussi les difficultés d’accès notamment à l’intérieur du pays. Ils ont appelé à une mutualisation des efforts entre le secteur de la culture et celui de l’économie numérique.
Dans la séquence III sur le monde d’après, les acteurs culturels ont recommandé au Ministère de la culture et à ses partenaires de prioriser la structuration du secteur et le cadre normatif pour le mettre en cohérence avec le contexte international en tenant compte des industries culturelles et créatives. Ils ont rappelé la question du statut de l’artiste, le droit d’auteur et l’urgence de disposer d’infrastructures culturelles de création, de production et de diffusion. Ces infrastructures pourraient être financées par de nouveaux mécanismes tels que des redevances, le mécénat ou le sponsoring culturels.
Pour faire face à la crise de la COVID, ils ont invité le Ministre de la culture à mettre en place un fonds d’urgence au bénéfice du secteur dont les acteurs plongent chaque jour dans la précarité.
A l’endroit de l’UNESCO et de l’OIF, les acteurs culturels ont sollicité des renforcements de capacité et la mise en place de fonds de soutien aux opérateurs culturels et aux artistes ainsi qu’un fonds de solidarité. Ils ont invité ces deux organisations internationales qui ont un mandat dans la culture à jouer pleinement leur rôle auprès du Gouvernement (Maurille Placide).
Au terme des discussions, l’UNESCO et l’OIF ont réitéré leur disponibilité à accompagner le pays dans la mise en œuvre de ces mesures et solutions.
Cette réunion en ligne était retransmise en direct sur la page Facebook du Bureau UNESCO Libreville.