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Sécurité des femmes journalistes : l’UNESCO outille la corporation féminine

Elles sont une cinquantaine de femmes, des médias publics, privés et communautaires, à avoir pris part, du 10 au 12 mars 2020, à l’atelier de formation organisé par l’UNESCO, financé par la Fondation Postcode, pour promouvoir la sécurité des femmes journalistes en ligne et hors ligne.
Renforcer la prévention et la prise en charge des femmes journalistes exposées à des violences spécifiques en ligne et hors ligne, c’est l’objectif de l’atelier qui a réuni, du 10 au 12 mars à Dakar, des femmes journalistes, des représentant(e)s des organisations de médias et experts des questions de genre au Sénégal. Pendant trois jours, elles ont été formées aux questions de sécurité dans l’exercice de leur profession. Dans un contexte où la plupart des femmes sénégalaises gardent encore les stigmates de la société patriarcale et vivent sous le poids d’une construction sociale qui les veut silencieuses, soumises et mises à l’écart des processus de décisions au sein de leurs communautés, il est constaté une recrudescence de la violence à leur endroit. Les femmes journalistes n’y échappent pas. Bien au contraire, les maux dont elles souffrent en silence ne sont que « le reflet de ce qu’est la société de manière générale », relève Eugénie AW, ancienne directrice du Centre des Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI), venue partager son expérience avec ses consœurs.

Harcèlement, stigmatisation, cyber-sexisme, discours haineux sexistes, agression physique, viol, deepfake, des termes qui font aujourd’hui écho au vécu de certaines, dans leurs salles de rédaction, en ligne ou sur le terrain de reportage. En effet, selon une étude préliminaire conduite auprès de quelques médias basés dans la capitale sénégalaise, il apparaît clairement que le harcèlement sexuel est la forme la plus répandue de violence faite aux femmes journalistes. « Je sais aujourd’hui que j’ai été victime de harcèlement », prend conscience une journaliste sportive, ce 10 mars 2020. Les faits remontent pourtant à quelques années. « Un jour, je reçois des messages d’un monsieur sur Facebook. Dans les premières conversations il semblait encourager mon travail, mais très vite, il a dévié, me faisant des propositions indécentes. Et quand j’ai dit non, il a commencé à me critiquer, à me menacer, à m’insulter… », raconte t-elle. «… Mais le pire, c’est qu’on est harcelé tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Si ce ne sont pas des hommes politiques, ce sont parfois nos collègues. Ce sont des mots, des regards, des remarques indécentes, des propositions à peine voilées », soutient par expérience, une autre journaliste.

Avant cette formation, une bonne partie des participantes avoue n’avoir pas auparavant suffisamment su identifier ou dénoncer un harcèlement dont elle aurait été victime. « C’est donc tout l’intérêt de cet atelier, mettre à votre disposition les outils nécessaires pour que vous qui avez la plume, sachiez comment l’exploiter pour changer les mentalités et faire bouger les lignes », a rappelé Michel Kenmoe, Conseiller régional du secteur Communication et Information du Bureau de l’UNESCO à Dakar, représentant le Directeur à la cérémonie d’ouverture de l’atelier, tenue en présence de M. Ciré Lo, directeur de cabinet de Madame le Ministre de la Femme, de la Famille et du Genre. Au terme de cette activité, plusieurs recommandations ont été faites. Entre autres, la formalisation d’une association ou réseau de femmes journalistes du Sénégal, l’élaboration des politiques de genre dans les rédactions, la promotion de femmes journalistes à des postes de responsabilité et l’introduction de modules sur la sécurité des femmes journalistes dans les programmes de formation des écoles.
Cette activité s'inscrit dans le cadre d'un projet de promotion de la sécurité des femmes journalistes financé par la Postcode Lottery Foundation de Suède et mis en œuvre au Sénégal, au Mali, en Inde et au Sri Lanka. Elle complète les efforts plus larges de l'UNESCO pour lutter contre les menaces sexospécifiques en ligne et hors ligne par la recherche, le renforcement des capacités et la sensibilisation, dans le cadre du plan d'action des Nations unies pour la sécurité des journalistes et la question de l'impunité.
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