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Réflexion sur la culture de la paix par Vincenzo Fazzino, ancien coordinateur international de la Biennale de Luanda
Si l’on parle de la culture de la paix, il faudrait d’abord rappeler l’origine même de son concept qui lie, dès sa naissance, l’UNESCO à l’Afrique. C’est effectivement sur ce continent que ce concept a été pour la première fois définit lors du Congrès international sur « La paix dans l’esprit des hommes », organisé par l’UNESCO à Yamoussoukro, Côte d’Ivoire, en 1989.
Après une décennie d’expériences sur le terrain dans les années 1990, principalement par des programmes nationaux de culture de la paix en Amérique centrale et en Afrique (Le Salvador, Mozambique, Burundi, Kenya, Afrique du Sud, Congo, Soudan, Somalie, Philippines, Bosnie, Haïti), l’idée de la culture de la paix est rentrée à plein titre dans l’agenda des Nations Unies, particulièrement avec «&²Ô²ú²õ±è;», adopté par l’Assemblée générale en 1999 et avec la célébration de l’an 2000 déclaré «&²Ô²ú²õ±è;».&²Ô²ú²õ±è;
Fortement inspirée par , l’Assemblée générale des Nations Unies définit la culture de la paix comme l’ensemble « des valeurs, des attitudes et des comportements qui reflètent et favorisent la convivialité et le partage fondés sur les principes de liberté, de justice et de démocratie, tous les droits de l’homme, la tolérance et la solidarité, qui rejettent la violence et inclinent à prévenir les conflits en s’attaquant à leurs causes profondes… ».

L’une des initiatives majeures marquant la célébration de l’an 2000 comme Année internationale de la culture de la paix a été le , élaboré par les prix Nobel de la paix et signé par près de 76 millions de personnes mondialement, qui sera à l’origine d’un «&²Ô²ú²õ±è;Mouvement mondial en faveur d’une culture de la paix ».
Selon ce Manifeste, la culture de la paix, c’est d’abord un engagement personnel à &²Ô²ú²õ±è;:
- «&²Ô²ú²õ±è;respecter la vie et la dignité de chaque être humain sans discrimination ni préjugé »&²Ô²ú²õ±è;;
- « pratiquer la non-violence active, en rejetant la violence sous toutes ses formes : physique, sexuelle, psychologique, économique et sociale, en particulier envers les plus démunis et les plus vulnérables tels les enfants et les adolescents »&²Ô²ú²õ±è;;
- «&²Ô²ú²õ±è;partager mon temps et mes ressources matérielles en cultivant la générosité, afin de mettre fin à l'exclusion, à l'injustice et à l'oppression politique et économique »&²Ô²ú²õ±è;;
- «&²Ô²ú²õ±è;défendre la liberté d’expression et la diversité culturelle en privilégiant toujours l'écoute et le dialogue sans céder au fanatisme, à la médisance et au rejet d'autrui »&²Ô²ú²õ±è;;
- «&²Ô²ú²õ±è;promouvoir une consommation responsable et un mode de développement qui tiennent compte de l'importance de toutes les formes de vie et préservent l'équilibre des ressources naturelles de la planète »&²Ô²ú²õ±è;;
- «&²Ô²ú²õ±è;contribuer au développement de ma communauté, avec la pleine participation des femmes et dans le respect des principes démocratiques, afin de créer, ensemble, de nouvelles formes de solidarité ».
Cette année internationale a été suivie par une «&²Ô²ú²õ±è;Décennie des Nations Unies pour la culture de la paix et la non-violence au profit des enfants du monde » entre 2001 et 2010. C’est à partir de la décennie suivante, en 2011, que l’UNESCO a développé un programme spécifique pour le continent africain, particulièrement dans le cadre de sastratégie opérationnelle pour la . D’ailleurs, le premier des programmes phares de cette stratégie est consacré à la promotion d’une culture de la paix en Afrique.
La culture de la paix est un concept «&²Ô²ú²õ±è;autochtone » à l’Afrique, il se nourrit de l’ensemble des valeurs, des systè³¾±ðs de pensée, des formes de spiritualité, de transmission des savoirs et technologies endogènes, des traditions, et des formes d’expression culturelles et artistiques qui ont permis pendant des millénaires la coexistence pacifique entre populations et cultures très différentes et lorsque nécessaire, le règlement des conflits et des différends par des voies qui sont propres au continent.
L’appel à la création d’un «&²Ô²ú²õ±è;Mouvement continental et durable en faveur de la paix » apparaîtra dans le « Plan d’action en faveur d’une culture de la paix en Afrique/Agissons pour la paix ». Ce plan est adopté à l’issue du Forum panafricain « », organisé conjointement avec le gouvernement de la République d’Angola et l’Union africaine, à Luanda, en mars 2013. L’idée de créer une biennale de la culture de la paix en Afrique s’inscrit dans le droit fil de ce Plan d’action. C’est dans ce contexte que la 24è³¾±ð session de l'Assemblée des Chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine a adopté en janvier 2015 une décision demandant à la Commission de l'Union africaine «&²Ô²ú²õ±è;de prendre toutes les mesures appropriées, en consultation avec l'UNESCO et le gouvernement de la République de l'Angola, pour l'organisation du Forum panafricain pour la Culture de la paix, Biennale de Luanda ».
C’est finalement en mai 2018 que la Biennale pour la culture de la paix a réellement repris son cours lors de la visite officielle à l’UNESCO du Président angolais, S.E. Monsieur João Manuel Gonçalves Lourenço, qui a réaffirmé à la Directrice générale de l’UNESCO sa volonté d'accueillir la première édition de la Biennale de Luanda, en partenariat avec l'UNESCO et l'Union africaine. C’est ainsi qu’en 2019, du 18 au 22 septembre, la première Biennale de Luanda a pu voir le jour.
Et puis la deuxiè³¾±ð édition de la Biennale, qui s’est tenue deux ans plus tard, entre le 27 et le 30 novembre 2021, en format hybride. La Biennale de Luanda est bien plus qu'un événement, et comme la feuille de route le montre clairement, il y a des étapes concrètes à franchir dans le cadre du suivi de la Biennale, avec des opportunités d’élaboration et de réalisation de projets sur le continent africain.
Cette Biennale s’inscrit ainsi dans la continuité avec le soutien des trois institutions qui l’ont créée, des Communautés économiques régionales (CER), de toutes les organisations et des individus qui participent à ce Mouvement mondial pour la culture de la paix. L’aventure de la culture de la paix continue pour chacun de nous dans notre vie quotidienne, par notre transformation intérieure et par notre engagement dans le monde autour de nous. Un grand merci à tous ceux qui ont participé au chemin parcouru pendant ces années… comme on dit en Angola : «&²Ô²ú²õ±è;A luta continua, vitória é certa [La lutte continue, la victoire est certaine] » !