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Effacer les cicatrices de la guerre en Iraq grâce à l’éducation

« L’étendue de la destruction de la ville est terrible et le traumatisme psychologique que les habitants de Mossoul ont subi est aussi grave que les dommages causés aux infrastructures », dit le Dr Hamid Ahmed, conseiller du Premier Ministre d’Iraq. Il a participé à la qui s’est tenue au Siège de l’UNESCO le 10 septembre 2018, et y a donné une présentation sur l’état du système éducatif dans le pays et le long chemin à parcourir pour le relèvement.

Avec la destruction des installations scolaires et des maisons et les déplacements de population importants, le Gouvernement iraquien doit répondre à des priorités multiples et à des défis majeurs dans l’éducation. L’une des principales missions consiste à reconstruire les infrastructures, de nombreuses écoles et installations scolaires ayant été gravement endommagées et d’autres n’étant pas conformes aux normes auxquelles le pays aspire pour ses enfants et ses jeunes. Une autre tâche immense consiste à mettre à jour et remplacer les équipements pédagogiques, les matériels d’apprentissage et les programmes scolaires obsolètes qui sont actuellement utilisés partout en Iraq, afin de rattraper le retard sur le reste du monde.

« Il est important de rappeler que l’Iraq a été isolée pendant plus de 35 ans et privée d’accès et de participation aux avancées du monde moderne », dit le Dr Ahmed, qui a expliqué que le système éducatif de son pays était considéré par l’UNESCO comme l’un des meilleurs du Moyen-Orient durant les années 1970. Cependant, depuis 1980 et le début du long conflit avec l’Iran, suivi de sanctions et de deux Guerres du Golfe, le secteur de l’éducation dans le pays a été paralysé et est passé au second rang.

« Le temps s’est arrêté en Iraq entre 1980 et 2005 alors que le monde a semblé faire un bond de 200 ans en avant avec une remarquable révolution technologique », dit-il. « Le pays a stagné et il y a eu très peu de changements dans l’éducation, la science, la technologie et les procédures administratives en Iraq. »

Les efforts de réforme mis en suspens

En 2009, le Dr Ahmed avait été chargé de rédiger une stratégie nationale pour l’éducation et l’enseignement supérieur afin de moderniser le secteur, avec l’aide de l’UNESCO et d’autres organisations internationales. De nombreuses analyses avaient été menées sur une période de trois ans afin d’évaluer tous les aspects du secteur de l’éducation, notamment les infrastructures, les programmes scolaires, la qualité de l’éducation, le renforcement des capacités et la gouvernance globale du système. Il était prévu de mettre en œuvre la stratégie sur la période 2011-2020. Malheureusement, en juin 2014, l’ISIS a pris le contrôle d’un tiers du pays, y compris de trois grandes provinces.

« À ce moment-là, l’ensemble de nos programmes et initiatives visant à réformer le système éducatif ont été mis en suspens indéfiniment car les fonds alloués à l’éducation n’étaient pas suffisants : le gouvernement redirigeait tous ses efforts et ses ressources vers l’armée », dit le Dr Ahmed. « Maintenant que les territoires occupés par l’ISIS ont été libérés, nous procédons à l’évaluation de notre précédente stratégie nationale d’éducation et l’actualisons afin de l’aligner sur l’agenda ÉܳپDz 2030. »

Selon le Dr Ahmed, au moins 20 % des dépenses publiques doivent être consacrées au Ministère de l’éducation pour reconstruire, réhabiliter et moderniser l’ensemble du système. Il y a un grand manque d’écoles dans tout le pays et il faudrait en construire au moins 3 000 pour répondre au besoin urgent.

L’éducation pour rétablir les valeurs de paix et de tolérance

Outre la reconstruction physique des écoles, il y aura beaucoup de travail pour effacer et défaire les dommages causés par l’EI dans l’esprit des enfants et des jeunes. « Nous devons mettre à jour, intégrer et rétablir un certain nombre de valeurs dans le système scolaire afin d’éliminer les visions dogmatiques et les méthodes de lavage de cerveau qui ont été imposées par l’ISIS aux enfants et aux jeunes », explique le Dr Ahmed. « Cela demandera beaucoup d’efforts mais c’est absolument essentiel si nous voulons que les futures générations d’iraquiens partagent les valeurs humaines que soutiennent l’UNESCO et d’autres institutions internationales. L’EI a forcé les établissements éducatifs à appliquer leurs propres méthodes d’enseignement pour influencer les enfants, les intoxiquer avec leur idéologie haineuse et justifier leurs actions barbares. Nous devons « nettoyer » et éliminer ces visions pour insuffler des valeurs de paix et de tolérance. »

Le Dr Ahmed veut s’assurer que tous les nouveaux programmes scolaires en Iraq intègrent l’apprentissage de toutes les cibles de l’Objectif de développement durable 4, dans la mesure où elles sont essentielles pour promouvoir les valeurs pacifiques que chaque être humain devrait posséder. Il prévoit également d’intégrer des matériels pédagogiques et des outils d’apprentissage tels que le .

« L’EI se nourrit de l’ignorance : ils ont plus peur des enfants et des jeunes et de leurs livres plutôt que des soldats et de leurs missiles car ils savent que le savoir et l’éducation représentent ce qui finira par les anéantir, eux et leur idéologie », dit-il. « Nous devons lutter contre leur idéologie grâce à l’éducation car malheureusement, il existe encore ici et là des lieux sûrs pour leur rhétorique haineuse dans notre société. Ce sera un défi pour le Gouvernement iraquien et les établissements éducatifs. »

Réhabilitation de l’Université de Mossoul

Parmi les innombrables écoles, monuments et maisons détruits dans Mossoul figure la bibliothèque de l’Université de Mossoul, qui a été incendiée et ravagée durant la guerre. L’UNESCO s’est engagée à soutenir la réhabilitation et la modernisation de la bibliothèque par le biais de l’initiative « Faire revivre l’esprit de Mossoul ».

« Nous espérons que les fonds alloués à l’initiative « Faire revivre l’esprit de Mossoul » vont arriver et que nous pourrons lancer les projets de réhabilitation et de reconstruction le plus tôt possible », dit le Dr Ahmed. « L’Université de Mossoul est maintenant opérationnelle, mais beaucoup de ses installations ont subi des dommages importants durant la guerre. La bibliothèque, qui représente un phare du savoir et de la liberté, a déjà commencé à recevoir des ouvrages d’autres universités iraquiennes et d’institutions internationales. »

L’initiative « Faire revivre l’esprit de Mossoul » constitue une priorité de l’UNESCO pour les années à venir et la plus vaste campagne de reconstruction entreprise par l’Organisation ces dernières années. L’initiative est un effort conjoint visant à reconstruire le patrimoine et à revitaliser les institutions éducatives et culturelles de Mossoul, en étroite coopération avec le Gouvernement et la population iraquienne, en particulier les jeunes. L’UNESCO apportera son expertise technique et mobilisera des financements pour aider le pays à reconstruire le secteur de l’éducation.

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