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Impressions du Mali : travailler dans un pays en situation de post conflit

Rencontre avec Hyeon Ju Kim du Département Afrique pour partager la fructueuse initiative de l’«Atelier d’échanges et de conception de supports pédagogiques sur le patrimoine culturel en milieu post-conflit », organisé à Bamako, Mali, les 25 et 26 janvier 2016.

Vous rentrez de Bamako. Parlez-nous de cette collaboration entre le Département Afrique et le Bureau de Bamako qui visiblement a été très fructueuse :

Le Bureau de l’UNESCO à Bamako, en collaboration avec le Département Afrique, a organisé cet atelier de deux jours, qui réunissait des experts de différents horizons. L'objectif étant de développer avec eux des supports pédagogiques de sensibilisation des jeunes maliens à la sauvegarde et à la protection de leur patrimoine culturel. Ayant contribué à la conception du projet et à la préparation de l’atelier, j’ai participé directement à son animation.

Le projet a été monté pour renforcer l'important travail de réhabilitation et de restauration par le Bureau de Bamako des mausolées saccagés lors de la crise malienne. Il concrétise les engagements pris par la Directrice générale lors de son séjour au Mali en juillet 2015.

Prévu initialement début décembre 2015, l’atelier a été reporté en raison de l’attentat survenu à l’hôtel Radison Blu à Bamako, fin novembre.

Le pays étant sous état d’urgence, nos mouvements ont été limités. C’était frustrant de ne pas pouvoir découvrir in situ les magnifiques sites du patrimoine culturel maliens étudiés dans l’atelier. Mais, en même temps, cela a représenté un défi pour le projet, dont la finalité  est de contribuer à la protection du patrimoine et à la diffusion des valeurs de tolérance auprès des jeunes qui auront été en contact avec les programmes développés et deviendront plus tard des adultes et parfois des leaders voire des dirigeants dans la société malienne, ambassadeurs de leur patrimoine.

L’atelier a bénéficié d'une excellente couverture médiatique dans les médias au Mali. Que pensez-vous de ce succès médiatique ?

En effet, les médias locaux (radio, presse écrite, presse en ligne) ont abondamment couvert les travaux, et cette couverture médiatique a été bien au-delà de nos espérances.

En fait, les points auxquels les médias locaux se sont intéressés confirment les observations qui m’ont inspirée pour la conception du projet. Dans le domaine du patrimoine, l’UNESCO a un leadership reconnu et dispose de ressources reposant sur une crédibilité scientifique éprouvée. Ces ressources ne sont cependant pas toujours bien connues du grand public ni bien diffusées. La conception et la diffusion de supports pédagogiques sur la base de ces ressources disponibles sur l'éducation formelle et non formelle renforceraient davantage les travaux déjà menés par l’Organisation pour la sauvegarde et la protection du patrimoine culturel, en mettant la jeunesse africaine au cœur de cette noble mission.

En tant qu’expert détachée auprès de l’UNESCO, je dirais que j’ai un regard à la fois intérieur et extérieur sur l’UNESCO, ce qui me rend sans doute plus sensible à ce que représentent les atouts de l’Organisation à l’extérieur. Je dirais aussi qu’un projet porte en lui une part de vécu personnel. Pour celui-ci, je me suis  inspirée aussi de mon enfance dans mon pays - la Corée du sud - où l’éducation sur le patrimoine culturel comptait et compte toujours beaucoup, et où les supports pédagogiques sont foisonnants.

Quelle sera la prochaine étape ?

La seconde phase du projet soutenu par le Département consistera à développer et à diffuser des supports pédagogiques pour l'éducation formelle et non formelle des jeunes maliens. Pour trouver des partenaires techniques et/ou financiers, diverses pistes sont à exploiter, d’abord au Mali, mais également au-delà du niveau national. La méthodologie et les acquis de ce projet pourront être utilisés dans d’autres zones qui font face à des difficultés similaires.

Je tiens à dire ici mon admiration pour l’excellent travail de l’équipe du Bureau de Bamako dirigé par Lazare Eloundou. Le dévouement et le courage des collègues des bureaux hors-Siège et notamment dans des pays en post-conflit comme le Mali, sont remarquables. J’espère que le Département Afrique pourra poursuivre les interventions de ce type en collaboration avec les bureaux de ces pays.

 

Interview extraite du site de UNESCOMMUNITY