
Les allocutions d’ouverture et messages de soutien
Les Bureaux régionaux de l’UNESCO à Abuja et à Nairobi, ont conjointement organisé deux webinaires, l’un en Anglais l’autre en ¹ó°ù²¹²Ôç²¹¾±²õ sur « .
Dans ses propos, introductifs, le Directeur du Bureau régional de l’UNESCO à Abuja, Monsieur YDO, YAO, a d’entrée de jeu, précisé que, ces deux webinaires interviennent dans le cadre de la riposte de l’UNESCO à la continuité des cours pendant et après COVID-19 en Afrique. Plus fondamentalement, l'objectif principal de ce webinaire est de discuter des défis de l'Enseignement Supérieur dans le contexte de Covid19, d'échanger sur la façon dont les membres de la Coalition Mondiale pour l’Education (qui sont nombreux connectés aujourd'hui) peuvent aider à relever les défis, et également partager des idées sur la façon de construire des systèmes d’Enseignement Supérieur plus résilients. Notre webinaire d'aujourd'hui se concentre donc sur l'exploration de solutions.
Dans son allocution d’ouverture, la Sous-Directrice Générale de l’UNESCO pour l’Education, a indiqué que la solution éducative à cette crise multidimensionnelle, passe par une approche concertée et multilatérale. Elle a rappelé les défis majeurs auxquels l’Enseignement Supérieur Africain, doit faire face, notamment, le COVID-19, mais aussi, les autres pandémies persistantes : Ébola, paludisme, tuberculose, etc…. Au nombre des autres défis, qu’elle a mentionné, l’on peut citer : la sécurité alimentaire, le changement climatique, la paix et la sécurité, mais aussi les infrastructures de la connaissance, en particulier le digital, l’Intelligence Artificielle et le Big Data. Elle reviendra avec force, sur la prise en compte de l’inclusion et de l’équité dans la mise en œuvre toutes les solutions à cette crise sanitaire, afin que personne ne soit laissée pour compte. Mme Stefania Giannini a plaidé en faveur de la redynamisation de la recherche scientifique par le soutien aux laboratoires et aux jeunes équipes de recherche en Afrique, car selon elle, les solutions à ces crises passent surtout par des recherches scientifiques menées par les laboratoires, les équipes de jeunes chercheurs, mais aussi, à travers des pôles d’excellence à haute valeur ajoutée scientifique. En Afrique, les plans COVID-19 de nos Bureaux régionaux sont alignés sur les priorités définis par les Etats membre, les communautés économiques régionales et sous régionales, pour proposer des solutions combinant les formations en ligne, les émissions radio et télévisuelles pour assurer la continuité des cours pendant la crise sanitaire COVID-19, a renchérit Madame Stefania Giannini. Elle a invité tous les partenaires de la Coalition Mondiale à miser sur des solutions technologiques et écologiquement soutenables. La mobilisation de la Coalition Mondiale pour l’Education, n’est pas une action ponctuelle, mais une démarche structurelle avec des partenaires, soucieux de poser les bases d’une vraie politique de digitalisation des programmes officiels de formation, et d’enracinement de la culture des formations en ligne à long terme en Afrique, a-t-elle lancé à la fin de son intervention. ?
Le Directeur des Ressources Humaines de la Science et de la Technologie de l’Union Africaine, Monsieur Mahama Ouedraogo, a salué l’initiative de l’UNESCO, qui est en parfaite cohérence avec l’Agenda 2063 et CESA 2025 de l’Union Africaine et tout logiquement avec l’agenda 2030 des Nations Unies. Au plan éducatif et plus précisément universitaire, le haut fonctionnaire de l’Union Africaine, a expliqué que les Etats membres n’étaient pas préparés à cette crise et que le virage forcé vers les formations en ligne, l’éducation à distance est intervenu en situation d’urgence. En recourant à des émissions radio, télévisuelles et aux cours en ligne pour maintenir les élèves et les étudiants dans les situations d’apprentissage, les Etats africains ont eu de bons réflexes dans la gestion de la dimension éducationnelle de cette crise sanitaire, a indiqué Monsieur Mahama Ouedraogo. Selon l’Union Africaine, la fracture digitale à révéler les limites de l’Afrique des zones rurales, à bénéficier des avantages induits du numérique éducatif. Et c’est justement, à ce niveau, que l’initiative de l’UNESCO en lançant, la Coalition Mondiale pour l’Education, rassemblant, entre autres, de grandes entreprises technologiques prêtes à aider les Etats africains à faire face à l’insuffisance des infrastructures de la connaissance est à soutenir selon Monsieur Mahama Ouedraogo. Dans son discours inaugural, il n’a pas, non plus, manqué de revenir sur les trois outils qui ont été réactivés par l’organisation continentale pour soutenir les Etats membres pendant cette crise sanitaire. En premier, Monsieur Mahama Ouedraogo, a rappelé que la Commission de l’Union Africaine, a très tôt, dès l’avènement du COVID-19, a invité les Etats africains à observer les mesures barrières, et à fermer les écoles et les universités pour bloquer la propagation de la pandémie. Ensuite, l’Union Africaine a, de manière proactive, réactivé son Centre de Contrôle des Maladies, organe de conseil et de riposte aux épidémies. Enfin, l’Université panafricaine virtuelle E-Université (PAVEU) bras opérationnel de l’Union Africaine pour accompagner le mouvement vers digitalisation de l’Enseignement Supérieur en Afrique, est le troisième outil, qui a été enclenché par l’institution pour soutenir l’enseignement digital sur le continent. Monsieur Ouedraogo a annoncé que l’Union Africaine et la BAD se préparent à lancer un fonds pour soutenir l’innovation et la recherche scientifique.
Le Représentant du Secrétaire Général de l’Association des Universités Africaines, l’AUA, le Professeur Jonathan Mba, n’a pas manqué de louer l’initiative de l’UNESCO qui consiste à traduire dans les faits les ambitions de la Coalition Mondiale pour l’Education. Il a décliné le plan COVID-19 de l’AUA. Dans ce plan, le Professeur Etienne Ehilé a invité l’UNESCO à travailler avec son organisation pour concrétiser les projets de la Coalition Mondiale pour l’Education en Afrique. Trois des sept points du plan COVID-19, de l’AUA ont particulièrement retenu l’attention : 1) création d’un partenariat avec l’UbuntuNet Alliance (UA), le Réseau d’Education et de Recherche de l’Afrique de l’Ouest et du Centre Network (WACREN), le Réseau des États arabes pour la recherche et l'éducation (ASREN) et les réseaux nationaux de recherche et d'enseignement (NREN), 2) lancement d’un partenariat avec eLearning Africa et WILEY Education Services pour soutenir les universités africaines en vue d’accélérer leur migration vers l’enseignement en ligne ; 3) la publication d’une déclaration appelant à faire des investissements massifs pour soutenir le développement des réseaux de campus et infrastructures de recherche et d’enseignement.
Autre intervention très remarquée, est celle du Commissaire de l’UEMOA, en charge du Département Développement Humain, le Professeur, Filiga Sawadogo, qui a tenu à rappeler que son département conjointement avec le Bureau Régional de l’UNESCO à Abuja préparent un plan COVID-19 de soutien aux universités des huit pays membres de son espace, pour renforcer leur résilience en matière de continuité des cours dans l’Enseignement Supérieur. Selon, le Commissaire de l’UEMOA, les axes d’intervention de ce plan mettent un accent particulier sur la mise en place des plateformes d’enseignement en ligne. Il conclura en annonçant que l’UEMOA qui a déjà à renforcé les infrastructures des formations en ligne des universités de sa sous-région de 2012 à 2016, conjointement avec l’UNESCO à travers le projet PADTICE (Projet pour le Développement des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Education). L’UEMOA examine la possibilité de lancer PADTICE 2, rendu nécessaire par l’avènement de la crise sanitaire COVID-19 au cours de l’année 2021.
Le Commissaire de la CEDEAO, le Professeur Leopoldo Amado, a rappelé avec force et détails l’immense retard de sa sous-région en matière d’infrastructures de la connaissance et des formations en ligne et invité les Etats membres à investir massivement dans les infrastructures technologiques et éducatives. Il conclura ses propos, en rappelant que le plan COVID-19 de la CEDEAO pour la continuité des cours est co-construit avec le Bureau régional de l’UNESCO, pour l’Afrique de l’Ouest, basé à Abuja. Ce plan prend en compte, la digitalisation des cours, mais aussi à la diffusion des émissions éducatives à la radio et à la télévision.
Le Directeur Régional de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), Monsieur Ali Idrissa Badiel, a décliné les interventions réalisées pour réduire la fracture digitale, en Afrique de l’Ouest. Il a saisi cette tribune pour rappeler que l’UNESCO et l’IUT ont initié un projet d’E-Education au Sénégal.
Intervenant à son tour, le Directeur Bureau Régional de l’Agence universitaire de la Francophonie (l’AUF) pour l’Afrique de l’Ouest, le Professeur Jemaiel Ben Brahim, a rappelé que depuis au moins trois décennies, l’AUF a considérablement investit dans l’accès aux savoirs et aux formations en ligne à travers son réseau mondial des campus numériques francophones. Véritables lieux de production des savoirs et d’accompagnement des formations en ligne, ces infrastructures évoluent progressivement vers les le Nouvel Espace Numérique Francophone.
Les partenaires de la Coalition Mondiale pour l’Education dans leur diversité ont proposé des solutions technologiques pour réussir la mise en œuvre des formations en ligne. Tour à tour, , , , , , , , et , ont présenté une gamme variée de solutions technologiques allant des classes intelligentes, des offres de formations à la conception des plateformes des formations pour les universités et les institutions de l’EFTP, sans oublier des technologies d’accélération de l’Internet et des MOOCs. Ces offres de services sont pour l’essentiel gratuites et visent à aider les universités et les écoles à réussir le virage forcé des formations en ligne sur le continent africain.

Les expériences pays et ou régionales d’universités virtuelles
Des expériences pays ou régionales en matière d’implémentation réussie des formations en ligne universitaires ont été partagées. Quatre exemples concrets d’universités virtuelles ont été présentés. Le Professeur Belay Kassa, Recteur de l’Université Panafricaine, qui héberge l’Université Panafricaine Virtuelle E-Université (PAVEU) de l’Union Africaine. Pour le Recteur Belay Kassa, la PAVEU est l’un des projets phares de l’Union Africaine, qui a été proposé pour répondre aux besoins de l’Agenda 2063 visant à accélérer le développement du capital humain, des sciences, de la technologie et de l’innovation au moyen d’un accès accru à l’éducation tertiaire. La PAVEU mise essentiellement sur les formations en ligne, le blended learning, les ressources éducatives libres, pour offrir une véritable perspective au développement des universités virtuelles sur le continent par le soutien à la création ou au renforcement de celles qui existent.
L’Université Virtuelle de Tunis (Tunisie) est une belle expérience d’université virtuelle sur le continent. Créée en 2002, l'UVT a pour principale mission de développer des cours et des programmes universitaires d'enseignement en ligne pour les universités tunisiennes. Selon, le Professeur, Ezzeddine Zagrouba Vice-Président de cette institution, l’UVT, n’a pas véritablement souffert des effets pervers de COVID-19, à l’instar de la plupart des universités tunisiennes, qui utilisent la plateforme de formation en ligne Moodle. Enfin, il a terminé son intervention en rappelant le rôle majeur joué par l’UVT, dans la création, en avril 2018, du Consortium Africain Universitaire pour le Développement de l’Enseignement Virtuel (CAUDEV), véritable instance de coopération et de partage de bonnes pratiques entre les universités virtuelles africaines.
Le Dr. Seydina Ndiaye, Directeur du Développement et de la de la Coopération de l’Université Virtuelle du Sénégal (UVS), a présenté, le plan COVID-19 pour assurer la continuité des cours. L’UVS n’a pas souffert de cette crise sanitaire, au contraire, elle a mis son expertise au service des autres universités pour la conception des dispositifs de formation en ligne au Sénégal. Créée en 2013, l’UVS est une réponse à la massification de l’Enseignement Supérieur à la réduction des inégalités d’accès au Sénégal. En période COVID-19, l’UVS et la Radiotélévision du Sénégal (RTS1), avec le concours du ministère de l’éducation nationale ont lancé, en avril 2020 la création d’une Chaîne télévisuelle dédiée à l’éducation, « Apprendre à la maison » pour assurer la continuité des cours aux élèves dans les zones où, il n’y a pas de connexion Internet.
L’Université Virtuelle de Côte d’Ivoire (UVCI), crée en 2015, est la seconde expérience réussie d’université virtuelle en Afrique au sud du Sahara. Elle a servi de centre de renforcement de capacités aux universités ivoiriennes et aux établissements scolaires, qui ont pris le virage des formations en ligne, indiquera Dr. Clément Lobo, Enseignant au sein de cette université. Des concours hackathons portant sur le développement des applications sur le COVID-19 ont été lancés mis en place pour les étudiants dans la recherche de solution technologiques à cette crise.
Le Conseiller du Ministre de l’Enseignement Supérieur de Djibouti, le Dr. Fahmi Ahmed Mohamed, a indiqué que la République de Djibouti a enregistré le plus grand taux de Covid 19 dans la région, pourtant, le gouvernement à travers le Ministère de l’Enseignement Supérieur s’est engagé à la réouverture des établissements d’enseignement supérieurs publics et privés à partir du 17 mai 2020 sous respect strict de mesures de prévention (port du masque obligatoire, distanciation et désinfection des locaux et équipements).
Le Dr Fahmi a souligné le fait que, l’enseignement à distance n’est pas une stratégie nouvelle pour Djibouti, qui le traite comme une alternative d’enseignement expérimentée avec d’autres universités dans le cadre par exemple de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). Mais l’infrastructure pour l’éducation à distance est limité ; et la crise COVID-19 a démontré que malgré la mise à la disposition des étudiants de l’ensemble des établissements universitaires, des plateformes numériques interactives, plusieurs questions se posent: telle que la manque d’accessibilité à Internet pour tous les étudiants et la disponibilité en temps limité de contenus d’apprentissage élaborés par les enseignants de l’Université. Le défi de l’accès à Internet n’est pas à ignorer quand bien même le gouvernement avait dès la création de l’Université en 2006 instaurer un service d’accès à internet à couts réduits pour les étudiants. En outre, les conditions de poursuite de l’apprentissage ne sont pas idéales car les enseignants n’ont pas tous été formés à travailler à partir de leur domicile, et donc à des approches pédagogiques différentes que celles déployées en enseignement présentiel.
Les politiques stratégiques en matière des programmes innovants doivent être recommandés pour éviter les perturbations prolongées et il faudra l’intégration de l’enseignement à distance comme une activité institutionnelle et personnelle au lieu d’une volonté individuelle. L'éducation supérieure exige des portails et des espaces numériques de travail interactives de l’Université et l’alimentation des plateformes avec des contenus à tout moments. Le pays compte travailler dans ce sens pour que les jeunes aient l’accès à une éducation de qualité sans interruption dans l’avenir.
Conclusion et recommandations
Pour les Directeurs des Bureaux Régionaux Multisectoriels de l’UNESCO, à Nairobi et à Dakar, respectivement, Madame Ann Therese Ndong Jatta Ndong, Monsieur Dimitri Sanga, maintenant que nos partenaires de la Coalition Mondiale pour l’Education, ont présenté leurs offres et autres appuis pour venir en aide aux universités, l’UNESCO fera tout son possible pour contextualiser ces propositions de services auprès de nos Etats membres et avec l’appui de ces derniers. Le Directeur du Bureau Régional Multisectoriel de l’Afrique Centrale, Monsieur Salah Khaled, a pour sa part, insisté sur la dimension inclusion et équité digitales, qui veut que les solutions des partenaires technologiques soient, soit, à titre gratuit, soit, à des coûts très abordables, pour donner toutes les chances de succès à ces opérations de mise en ligne des cours et d’éducation à distance en Afrique.
A l’issue de ces deux webinaires de solutions, l’on retiendra les recommandations consensuelles ci-après :
- La poursuite de la mobilisation des partenaires de la Coalition Mondiale pour l’Education en vue de la mise en œuvre concrète des solutions et des offres proposées au niveau des Etats membres.
- La digitalisation des curricula officiels du primaire au supérieur pour l’enracinement d’une vraie culture des formations en ligne et de l’éducation à distance en Afrique, simultanément avec le renforcement des capacités en techno-pédagogie des enseignants des trois sous-secteurs de l’éducation.
- La construction ou le renforcement des infrastructures de la connaissance recourant aux énergies renouvelables et plus particulièrement à l’énergie solaire pour accompagner la digitalisation de l’éducation et de l’Enseignement Supérieur.
- Le soutien à la mise en œuvre du PADTICE 2 (Projet d’Appui au Développement des Technologie de l’Information et de la Communication pour l’Education 2) par l’UEMOA, rendu nécessaire par l’avènement du COVID-19, en investissant sur des infrastructures de la connaissance de nouvelle génération.
- L’édification ou la consolidation des centres d’excellence à haute valeur ajoutée scientifique et la remobilisation des équipes de recherche sur les thématiques prioritaires au regard des défis auxquels que l’Afrique doit absolument résorber : santé, agriculture résiliente et sécurité alimentaire, changement climatique, paix et sécurité, chômage massif des jeunes ou encore l’Intelligence Artificielle et le Big Data.
