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L’empathie par l’éducation est essentielle pour lutter contre l’antisémitisme

Un simple salon de coiffure, exposé au Mémorial de l’Holocauste des Juifs de Macédoine (République de Macédoine du Nord), est une véritable leçon d’histoire pour l’humanité tout entière. À travers ces objets du quotidien, élèves et jeunes sont invités à mieux connaître et à imaginer la vie des Juifs ordinaires avant la Shoah, et donc à rejeter des mythes antisémites ancestraux sur la fortune et le pouvoir des Juifs qui, à ce jour, continuent de semer la haine et la discrimination.

Ces objets personnels attisent la curiosité et aident à développer l’empathie, la compréhension interculturelle et la pensée critique, car les apprenants posent des questions sur la vie et l’histoire des personnes qui ont possédé et utilisé ces objets. Cette pensée critique doit être cultivée d’urgence, et pas uniquement en Macédoine du Nord.

D’après de récents rapports sur la haine en ligne, l’antisémitisme prolifère sur les réseaux sociaux et sur Internet, ciblant les Juifs jeunes et adultes, menaçant leur sécurité et leur bien-être et portant atteinte aux droits humains pour l’ensemble de la société. La pandémie de COVID-19 a propagé et renforcé ces préjugés et théories complotistes profondément ancrés sur le peuple et la communauté juifs, du fait de l’intolérance et la désinformation croissantes en cette période de peur et d’instabilité.

En raison de la montée de l’antisémitisme et d’autres formes de discours de haine à travers le monde, l’UNESCO et ses partenaires sont déterminés à agir contre ce phénomène dans le cadre d’une réponse à un problème immédiat et comme investissement éducatif à long terme. Dans le contexte de l’éducation à la citoyenneté mondiale, il s’agit de faire mieux connaître l’antisémitisme, sa nature et son histoire, ainsi que les clichés, les stéréotypes et les théories complotistes les plus répandus, pour permettre aux apprenants de le reconnaître et de le combattre sous toutes ses formes.

Les 26 et 27 avril 2021, lors de la première d’une série de conférences régionales de renforcement des capacités, l’UNESCO et le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) de l’OSCE ont formé plus de 65 responsables politiques, formateurs d’enseignants et membres d’organisations de la société civile à la lutte contre l’antisémitisme par l’éducation dans l’Europe du Sud-Est. La conférence a été suivie, le 28 avril, d’un atelier national pour formateurs en Macédoine du Nord.

La conférence et l’atelier ont mis l’accent sur le fait que l’éducation sur l’antisémitisme aide à combattre les préjugés en faisant appel au sentiment d’appartenance à une humanité commune chez l’apprenant, et en lui enseignant à respecter à la fois les différences et les points communs entre les peuples. « À cet égard, l’éducation joue un rôle vital chez les jeunes : elle aiguise leur pensée critique pour les armer contre les idéologies extrémistes violentes et les discours de haine, et favorise leur engagement politique et éthique constructif au sein de la société », a expliqué Mme Ana Luiza Thompson-Flores, Directrice du Bureau régional de l’UNESCO pour la science et la culture en Europe.

En 2018, l’UNESCO et le BIDDH ont élaboré conjointement les premières pour lutter contre l’antisémitisme par l’éducation. Ont suivi, en 2020, quatre destinés aux directeurs d’établissements scolaires du primaire et du secondaire et aux éducateurs de l’enseignement professionnel. L’action dans ce domaine s’inscrit dans le cadre de la , qui renforcent le travail mené par le système onusien pour lutter contre les causes profondes de ce phénomène et soutenir l’autonomisation d’une nouvelle génération de citoyens numériques préparés à reconnaître, rejeter et combattre les discours de haine.

La pandémie et l’« infodémie » qui lui est associée, souvent remplie de clichés antisémites et autres propos haineux, viennent rappeler l’importance de la pensée critique et de l’éducation aux médias et à l’information pour créer une résilience contre les « infox », la désinformation et les théories complotistes sur Internet, ainsi que le rôle joué par l’éducation pour fournir des de lutte contre leur diffusion. « Les éducateurs peuvent “désactiver en amont” ces théories complotistes, en encourageant la pensée rationnelle, le questionnement et la vérification des faits, et en mettant en garde les apprenants contre les arguments cachés derrière les théories complotistes les plus répandues », a indiqué lors de la conférence M. John Cook, postdoctorant à l’Université Monash.

Dans la mesure où l’antisémitisme continue de mettre en danger les personnes et communautés juives ainsi qu’à faire progresser les idéologies extrémistes violentes, il est essentiel que la communauté internationale soutienne le développement des connaissances, des compétences et de l’assurance des éducateurs, pour qu’ils puissent enseigner l’antisémitisme et les moyens de le combattre.

  • sur l’action de l’UNESCO en matière de lutte contre antisémitisme.

Des représentants de l’Albanie, de la Bosnie-Herzégovine, de la Bulgarie, de Chypre, de la Croatie, de la Grèce, de Malte, du Monténégro, de la République de Moldova, de la Macédoine du Nord, de la Roumanie, de la Serbie et de la Slovénie ont participé à la conférence régionale. Celle-ci a été financée par le Gouvernement bulgare et, à travers le projet « Des paroles aux actes pour lutter contre l’antisémitisme » du BIDDH, par les Gouvernements de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis et d’autres États membres participants de l’OSCE.

Photo : Une exposition montre des passants observant la mise en place de mesures anti-juives et la déportation de juifs macédoniens pendant la Shoah. © Holocaust Memorial Center for the Jews of Macedonia