ٳܲé
Les voix de la résilience : les femmes autochtones au cœur de la préservation des langues

Histoires de résilience : les femmes autochtones au premier plan
Le 14 novembre 2024, l’UNESCO et la Délégation permanente de la Colombie auprès de l’UNESCO ont organisé un événement à Paris, soulignant le rôle des femmes autochtones dans la préservation des langues. Ce rassemblement a permis aux dirigeantes et aux représentantes autochtones de partager leurs difficultés et leurs réussites.
L’UNESCO a réaffirmé son engagement à promouvoir l’égalité des genres et à répondre aux besoins des jeunes en tant que priorités dans toutes ses initiatives. Reconnaissant le pouvoir de transformation des femmes et des filles autochtones, l’UNESCO a intégré l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes dans le , soulignant ainsi le rôle des femmes en tant qu’agents essentiels du changement dans la lutte contre l’extinction des langues, tout en s’attaquant aux inégalités structurelles auxquelles elles sont confrontées.
La Décennie internationale des langues autochtones apporte des solutions pratiques pour soutenir les femmes autochtones. L’égalité des genres est l’un des principaux piliers du Plan d’action mondial de la Décennie. Ce plan prévoit des mesures concrètes pour garantir l’épanouissement des femmes autochtones et de leurs langues.

Égalité des genres et préservation des langues
La langue est intrinsèquement liée aux pratiques culturelles. Les femmes autochtones jouent un rôle essentiel dans la préservation et la transmission des langues et sont souvent les premières enseignantes de leur communauté. Pourtant, la discrimination, la migration, la mondialisation et les pressions de l’assimilation rendent difficile le maintien des traditions linguistiques. L’application locale du Plan d’action mondial, par l’intermédiaire de Plans d’action nationaux, permet aux États de s’attaquer à ces questions, tout en les abordant dans une perspective d’égalité des genres. Des pays comme le Guatemala, le Pérou et le Venezuela illustrent cette démarche en intégrant dans leur Plan d’action national une approche globale de l’égalité des genres et de la préservation des langues.
La préservation des langues autochtones n’est pas seulement un effort pour maintenir en vie des termes linguistiques. Il s’agit aussi de protéger une façon de comprendre l’univers et de s’y référer.
En outre, l’accès limité à l’éducation, aux ressources et aux plateformes politiques, empêche de nombreuses femmes autochtones de devenir des défenseuses de leurs langues, ce qui a un impact à la fois sur leur développement personnel et sur les efforts de préservation de leur culture.
En donnant aux femmes autochtones les moyens d’agir, les sociétés peuvent renforcer la résilience des langues en péril. Les programmes soutenant l’accès des femmes à l’éducation, aux rôles décisionnels et aux ressources économiques sont essentiels à cet égard. La technologie peut être un puissant catalyseur pour l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes dans toutes les sociétés.
L’UNESCO travaille dans tous ses domaines de compétence pour promouvoir une implication et une participation actives, sûres et significatives des femmes autochtones dans le développement de l’accès aux nouvelles technologies et aux modèles d’intelligence artificielle.
La jeunesse autochtone : prochaine génération de gardiens de la langue
En tant que membres d’un monde qui se globalise rapidement, les jeunes femmes autochtones se trouvent à l’intersection de la tradition et de la modernité. Nombre d’entre elles utilisent des outils et des plateformes numériques pour revitaliser des langues en péril, créant ainsi de nouvelles occasions de contact avec des publics plus jeunes.
L’inclusion des jeunes dans les efforts de revitalisation des langues permet également de relier les générations entre elles. De jeunes femmes autochtones s’emparent de la technologie pour créer des dictionnaires en ligne, des applications et des ressources multimédias dans leur langue maternelle. Ce faisant, elles remettent en question la perception des langues autochtones comme des reliques du passé et les présentent au contraire comme des outils dynamiques pour l’avenir. Le nouveau guide , rédigé par Aiyana Twigg, propose des étapes pratiques pour soutenir les apprenants de langues, les détenteurs de savoirs, les jeunes ou toute autre personne, dans leur parcours de documentation sur les langues.
Les réseaux sociaux sont l’un des moyens que j’utilise pour promouvoir la revitalisation des langues autochtones. Les réseaux sociaux offrent un outil puissant pour combler les fossés générationnels, en connectant les jeunes avec des locuteurs qui parlent couramment et en créant un espace sûr pour l’apprentissage.
Renforcer et amplifier les voix
La préservation des langues autochtones n’est pas seulement un acte de préservation culturelle, c’est aussi un pas en avant vers l’égalité des genres à l’échelle mondiale. Les femmes autochtones, en plus d’être des gardiennes de la langue, sont aussi des pionnières d’un avenir plus équitable et inclusif pour tous.
Alors que la Décennie internationale des langues autochtones progresse, les dirigeants mondiaux, les décideurs politiques et les communautés doivent veiller à ce que les voix des femmes autochtones soient non seulement entendues, mais aussi amplifiées. Cet objectif ne peut être atteint sans des actions concrètes de la part des États membres, notamment l’élaboration de Plans d’action nationaux et l’intégration de la dimension de genre dans ces derniers.
En tant que Coprésidente du Groupe de travail mondial chargé d'élaborer une Décennie d’action pour les langues autochtones, j’espère que d’ici 2026 ou 2027, tous les pays disposeront de leur propre plan d’action pour les langues autochtones.
