´¡³¦³Ù³Ü²¹±ô¾±³Ùé
À l'horizon | La culture, le socle du développement durable

À l'horizon | La culture, le socle du développement durable
«&²Ô²ú²õ±è;Face aux fractures mondiales et à la paralysie de certaines plateformes institutionnelles, [la culture] constitue un langage commun qui fait tomber les barrières » a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, en ouvrant les travaux du . Les 130 ministres présents se sont exprimés d’une seule voix et ont affirmé que le moment est désormais venu de tirer le plein potentiel du pouvoir de la culture au service d’un avenir plus durable pour tous. Les ministres ont mis en lumière le rôle de la culture pour relever les défis contemporains, tels que la lutte contre la fragmentation sociale, le changement climatique, l’accès inégal aux nouvelles technologies, ou encore la recrudescence des conflits. De manière unanime, ils ont reconnu que le secteur culturel – plus que tout autre domaine des politiques publiques – a la capacité d’adapter ses modèles au fil du temps, en s’appuyant sur le dynamisme de la culture qui la caractérise.
Les importantes ramifications de la crise sanitaire mondiale ont fait éclater au grand jour l’urgence d’une transformation des relations internationales, d’une dynamique de compétition vers une coopération resserrée, ainsi que la nécessité d’un multilatéralisme raffermi. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, invitant à renforcer les efforts à l’échelle internationale. Ce dernier appelle à protéger nos biens les plus précieux, nos biens en partage, nos « biens publics mondiaux ». À travers ce document de réflexion, intitulé « », le Secrétaire général des Nations Unies présente un plan d’avenir – basé sur une large consultation auprès d’1,5 million de personnes – une projection ambitieuse sur les 25 prochaines années partant du constat que « notre bien-être, voire la permanence de la vie humaine, dépend désormais de notre capacité à travailler efficacement ensemble, par-delà les frontières et les secteurs, pour gérer de nombreux risques partagés et atteindre un ensemble vital d’objectifs communs ». Parmi ces biens communs, la culture y figure.
L’impact de la contribution transversale de la culture aux différents domaines politiques du développement durable est reconnu depuis plus de 40 ans. Si la pandémie de COVID-19 a entraîné la mise à l’arrêt à l’échelle mondiale du secteur culturel, ce n’est pas seulement sa fragilité qui a été exacerbée, c’est également sa forte résilience et son rôle vital dans tous les secteurs d’activité. La culture a notamment permis le lancement d’importantes campagnes de sensibilisation à la santé publique et l’apaisement de traumatismes collectifs. La culture fait à nouveau l’objet d’une attention particulière dans le cadre de débats sur les politiques publiques à l’échelle internationale. Dans la perspective de la Conférence mondiale de l’UNESCO sur les politiques culturelles et le développement durable, Mondiacult 2022, qui se tiendra à Mexico en septembre prochain, le concept de culture en tant que bien public mondial – une source de sens et d’énergie, de créativité et d’innovation – ouvre de nouvelles possibilités prometteuses pour renforcer le rôle moteur de la culture pour le développement social et la croissance économique, et plus globalement pour forger de nouvelles perspectives pour la durabilité dans le cadre de la réalisation de notre « ensemble vital d’objectifs communs ».
Faire bouger les lignes du développement international
Les lignes du discours international sur le développement ont connu une inflexion, passant d’une réflexion centrée sur la croissance économique jusqu’aux années 1970, à des modèles davantage axés sur les personnes. Les politiques culturelles ont évolué dans ce paysage, souvent en le façonnant. La Conférence Mondiacult, qui s’est tenue en 1982, a affirmé que « le développement devrait désormais être fondé sur les valeurs culturelles des sociétés et sur le plus grand respect de la personnalité de chacune d’entre elles et qu’il devrait donc être centré sur les humains et sur les communautés auxquelles ces individus appartiennent ». La Décennie mondiale du développement culturel (1988-1997) a permis de mener plusieurs réflexions sur ce rôle fondamental mais également de développer de nouveaux outils pour renforcer la « première génération » d’instruments normatifs internationaux, sous la tutelle de l’UNESCO, qui comprenait des conventions relatives au trafic illicite de biens culturels et au patrimoine mondial, notamment en période de conflit. L’ancrage des politiques culturelles comme « l’une des composantes essentielles des stratégies de développement » fut l’un des acquis de la Conférence intergouvernementale sur les politiques culturelles pour le développement, qui s’est tenue à Stockholm, en Suède, en 1998. Cet objectif a été le précurseur du mot d’ordre selon lequel « il n’existe pas de formule unique » pour l’élaboration des politiques de développement durable, invoquant la nécessité de modèles « endogènes ». Au cours de la première décennie du XXIe siècle, l’UNESCO et la communauté internationale ont élaboré de nouveaux instruments normatifs relatifs au , à la , au et à la , qui ont élargi la « boîte à outils » conceptuelle de la contribution de la culture au développement durable, notamment en adoptant une approche davantage axée sur les personnes.
Pendant plus de dix ans, l’Assemblée générale des Nations Unies a progressivement ancré la contribution de la culture au large spectre du développement durable, notamment par le biais de résolutions spécifiques sur « la culture et le développement » et ). Lors d’un évènement de haut niveau à l’Assemblée générale des Nations Unies en 2013, le Secrétaire général de l’époque, Ban Ki-Moon, a estimé que « trop de programmes de développement bien intentionnés ont échoué parce qu’ils ne tenaient pas compte des contextes culturels ». Les résolutions ultérieures de l’Assemblée générale sur « la culture et le développement durable » (,, , , et ) ont donné un nouvel élan à l’intégration de la culture dans les programmes des Nations Unies dans les pays, comme l’illustrent les Plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD), alors qu’en 2008, moins de 30% d’entre eux mentionnaient la culture, ce chiffre était passé à 70% en 2013.
La : Mettre la culture au cœur des politiques de développement durable a davantage affiné la typologie des manières dont la culture contribue au développement durable. La Déclaration souligne, tout d’abord, que la culture devrait être considérée comme un catalyseur fondamental de la durabilité en raison de son « pouvoir extraordinaire », particulièrement lorsqu’elle est axée sur les approches centrées sur les personnes et les lieux, intégrées dans les programmes de développement et les initiatives de consolidation de la paix. Par ailleurs, en raison des contributions spécifiques qu’elle peut apporter en tant que capital de connaissances et secteur d’activité, la culture devrait également être considérée comme un moteur de développement inclusif, social, culturel et économique, et un levier au service de l’harmonie, de la durabilité environnementale, de la paix et de la sécurité.
Le Programme des Nations Unies de développement durable à l’horizon 2030 établit une vision commune en direction d’un monde plus juste et plus durable. Celui-ci « reconnaît la diversité naturelle et culturelle du monde et admet que toutes les cultures et civilisations peuvent contribuer au développement durable, dont elles sont des éléments indispensable ». En outre, les recherches de l’UNESCO démontrent de manière concrète que . Dans leurs Examens nationaux volontaires soumis à l’ONU, les pays y mentionnent plusieurs exemples concrets sur la contribution de la culture à la réalisation des ODD. La culture est également intégrée dans les cadres de coopération pour le développement durable des Nations Unies (qui remplacent les plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement), les bilans communs de pays des Nations Unies et les plans nationaux d’impact et de relance des suites de la pandémie de COVID-19, bien que souvent à un degré insuffisant.
La culture retrouve une place centrale dans le développement durable
L’éclatement de multiples crises mondiales et l’exacerbation des lignes de faille systémiques de l’ordre international ont, une nouvelle fois, ravivé un intérêt pour renforcer le rôle de la culture au service du développement durable. En avril 2020, ont participé à une réunion en ligne organisée par l’UNESCO afin d’échanger sur la façon de renforcer la résilience du secteur culturel, qui s’est montré particulièrement vulnérable face aux mesures de confinement à l’échelle mondiale. Des organisations intergouvernementales régionales et des banques de développement ont également promis leur soutien au secteur culturel lors d’une réunion en ligne, soulignant l’importance économique de la culture, ainsi que le rôle fondamental que joue cette dernière en faveur de la résilience, du maintien de l’espoir et de l’inclusion sociale. L’Assemblée générale des Nations Unies a désigné , à l’initiative de l’Indonésie, afin de rendre le secteur créatif plus résilient face aux crises futures et concevoir des politiques culturelles mieux alignées sur le Programme 2030, tandis que l’Union africaine a déclaré .
Gorodenkoff/Shutterstock.com*
Pour la première fois de l’histoire, les dirigeants mondiaux, qui se réunissaient à Rome, en Italie, à l’occasion du , en octobre dernier, se sont engagés à mettre la culture au cœur des priorités dans les stratégies de relance post-COVID-19, et de l’intégrer, plus largement, dans les efforts du groupe économique pour soutenir le progrès économique et social. Il s’agit du point culminant d’efforts déployés au cours d’une année qui positionne clairement la culture dans les cadres de développement durable et reflète la . Cette déclaration s’appuie sur l’élan impulsé par l’Arabie Saoudite qui a introduit la culture au programme du G20 pour la première fois en 2020. La de l’Assemblée générale de l’ONU adoptée ce mois-ci envoie également un signal fort sur le rôle de la culture dans la reconstruction de sociétés plus résilientes. Elle renforce considérablement les efforts internationaux visant à exploiter la culture pour l’élaboration de politiques dans l’ensemble du spectre des politiques publiques, en renforçant son rôle transversal, avec des références explicites à la culture pour l’inclusion sociale – en particulier en direction des jeunes, des femmes et des peuples autochtones – ainsi qu’aux questions liées à la transformation numérique, à la durabilité environnementale et aux synergies entre la culture et l’éducation.
Rappelant la valeur intrinsèque de la culture, nous soulignons son rôle, celui des professionnels et des entreprises des secteurs culturel et créatif, comme moteurs du développement durable, pour soutenir la résilience et la régénération de nos économies et de nos sociétés, soulignant l’importance des efforts internationaux pour sauvegarder et promouvoir la culture, l’UNESCO ayant un rôle clé à jouer… »
- Déclaration finale du Sommet des dirigeants du G20, octobre 2021
Une vision partagée de la culture en faveur d’un impact renforcé des politiques publiques
Les travaux sur les liens entre la culture et les autres champs des politiques publiques se sont développés à des rythmes différents, certains étant déjà fermement ancrés dans les cadres politiques aux échelles internationale, régionale et nationale. Dans le but de renforcer les synergies entre la culture et les autres domaines politiques, l’UNESCO a récemment appelé ses agences sœurs, les organisations internationales et les banques de développement à fédérer les efforts pour renforcer ce travail, conformément à l’objectif de la réforme de l’ONU portant sur le développement de réflexions partagées pour renforcer l’impact des actions sur le terrain. La , lancée en mai 2021 par l’UNESCO, se concentre sur trois grands champs de réflexion – les inégalités, le changement climatique et la consolidation de la paix – en vue de tirer parti de la culture pour la mise en œuvre des ODD, ainsi que d’identifier les pistes de coopération possibles.
Dans un monde marqué par des disparités croissantes, la réduction des inégalités est au cœur des préoccupations du Programme 2030, dont la devise est de « ne laisser personne pour compte ». La force motrice de la culture pour la création d’opportunités d’emploi est bien documentée, particulièrement à travers l’économie créative et le tourisme culturel, y compris pour les groupes autrement exclus. Elle contribue également au travail décent. À la lumière de la pandémie, le a relancé un dialogue mondial sur l’amélioration des conditions de travail des professionnels de la culture et de la création, renforçant les efforts déployés de longue date par l’UNESCO et l’Organisation internationale du travail, notamment par le biais de la . Il est donc particulièrement important de stimuler l’enseignement et la formation techniques et professionnels dans les secteurs de la culture et de la création, y compris dans le cadre de l’éducation non formelle, pour favoriser l’emploi et l’esprit d’entreprise dans le secteur culturel, d’autant que les jeunes de 15 à 29 ans sont plus nombreux à travailler dans ce secteur que dans tout autre domaine d’activité économique. Des inégalités existent également dans l’espace en ligne. L’UNESCO a élaboré en 2017 des lignes directrices dans l’espace numérique pour assurer la diversité des expressions culturelles en ligne, ainsi que la Recommandation de l’UNESCO de 2021 sur l’éthique de l’intelligence artificielle liée aux implications, par exemple, des expressions culturelles créées par l’IA.
Comme le relève le préambule de la Constitution de l’UNESCO, une paix durable repose sur le renforcement de la culture et de l’éducation « pour construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes ». La récente publication d repense la façon dont la connaissance et l’apprentissage peuvent façonner le futur de l’humanité et de la planète, en mettant l’accent sur l’impact du contexte culturel sur les résultats de l’enseignement en fournissant un contenu et un contexte pertinents. L’éducation artistique et culturelle constitue une importante clé d’entrée, tout comme la transmission intergénérationnelle du patrimoine culturel immatériel, pour encourager l’inclusion sociale, fondement de la construction de sociétés pacifiques. L’, adopté en 2010, établit un cadre clair pour tirer parti de l’éduction artistique pour les enfants, les jeunes, et l’apprentissage tout au long de la vie, et l’UNESCO insuffle une nouvelle dynamique aux réflexions mondiales et au regain récent d’investissements dans ce domaine, particulièrement à la lumière de la pandémie de COVID-19. L’UNESCO, aux côtés de ses partenaires, intensifie ses efforts dans le domaine de l’éducation culturelle et artistique, et travaille à l’organisation d’une Conférence mondiale sur l’éducation artistique en 2023.
Les liens entre la culture et le changement climatique sont également clairement établis. Les sites désignés de l’UNESCO, notamment les sites du patrimoine mondial, les réserves de biosphère et les géoparcs mondiaux, protègent 10 millions de kilomètres carrés de sites culturels et naturels dans le monde, contribuant ainsi à l’action climatique. Le patrimoine vivant, en particulier les savoirs autochtones, est une source essentielle de résilience qui fournit des stratégies d’adaptation, notamment à travers les techniques traditionnelles de gestion de l’eau et de la terre.
Martin 175/Shutterstock.com*
Les villes sont aux avant-postes en matière de créativité et d’innovation pour promouvoir des modes de production et de consommation plus durables, ainsi que des approches et matériaux innovants en s’appuyant sur la créativité et le design. Les approches fondées sur la culture peuvent accompagner les négociations climatiques en mettant en avant les valeurs partagées et le bien commun, au-delà des intérêts divergents, tandis que les musées sont des espaces de dialogue essentiels. L’UNESCO coopère étroitement avec la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et l’Organisation météorologique mondiale, en particulier avec les processus de la COP pour renforcer ces liens. Pour la première fois, la culture a été pleinement intégrée aux à Glasgow, au Royaume-Uni, notamment grâce à un événement de haut niveau, organisé par l’Union européenne à l’initiative de la Grèce, , lors duquel la Directrice générale de l’UNESCO a pris la parole.
La culture au service de la santé et du bien-être
Si la nécessité d’ancrer la culture dans le spectre des politiques publiques est aujourd’hui plus clairement établie, certes à des degré divers, la réflexion sur le role de la culture dans d’autres domaines des politiques publiques commence à émerger de façon plus affirmée. « L’occultation systématique de la culture dans le domaine de la santé et des soins est l’un des obstacles principaux à l’avancée de la santé à l’échelle mondiale », admet l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans une note d’orientation intitulée . Le Programme 2030 a fourni un élan nouveau à l’OMS pour mettre l’accent sur la notion de bien-être en valorisant les valeurs et les voies alternatives propices à l’engagement des groupes marginalisés. En prêtant attention au contexte culturel, l’OMS révèle les différences dans des systèmes de valeurs autrefois jugés universels et met en lumière les facteurs déterminants, tels que le statut socio-économique, les conditions environnementales, l’âge, le genre, la religion, l’orientation sexuelle et le niveau d’éducation. Des facteurs tells que l’influence de la famille élargie, le maintien de l’harmonie des relations, les préjugés au regard de certaines conditions telles que la santé mentale, des croyances philosophiques ou religieuses, ou encore les perception liées aux figures d’autorité, peuvent influencer l’interaction d’un patient avec le système de soins. La méthodologie des soutient les professionnels, notamment dans le domaine de la santé, pour développer des compétences interculturelles et faire face à des écueils potentiels. Par ailleurs, les connaissances traditionnelles liées à la médecine sont de plus en plus reconnues comme traitements, y compris des éléments de la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, tels que l’acupuncture ou le massage thai.
Nila Newsom/Shutterstock.com*
La pandémie de COVID-19 a également mis en lumière le rôle essentiel de la culture et de la créativité pour la santé et le bien-être. Face aux mesures de confinement prises à travers le monde au début de la crise sanitaire, nombreux sont ceux qui se sont tournés vers la culture - films, livres, musique ainsi qu’événements culturels et expositions en ligne - comme source de réconfort et de guérison. Une ayant suivi plus de 72 000 adultes au Royaume-Uni depuis le début de la pandémie a révélé que ceux et celles qui participaient à des activités artistiques, pendant au moins 30 minutes par jour, présentaient des niveaux d’anxiété et de dépression moins élevés. En septembre 2021, des médecins de Bruxelles, en Belgique, ont pris l’initiative de prescrire des au bénéfice de patients souffrant de stress, reprenant ainsi un programme lancé avec succès à Montréal, au Canada, en 2018. Les artistes se sont également mobilisés pour sensibiliser aux mesures sanitaires liées à la COVID-19, comme l’illustre la campagne #DontGoViral de l’UNESCO en Afrique. En février 2022, l’UNESCO et l’OMS organiseront un événement sur le thème « Le pouvoir de guérison de la culture et de la créativité » (The Healing Power of Culture and Creativity en anglais).
Au fil de décennies d’expérience dans des contextes de post-conflit et de post-catastrophe, l’UNESCO a expérimenté la façon dont la culture et la créativité peuvent aider les individus comme les communautés à guérir des traumatismes. Sous l’égide de l’Organisation, la reconstruction communautaire des célèbres mausolées en terre de Tombouctou, détruits par des extrémistes en 2012 au Mali, a contribué à promouvoir la réconciliation et la résilience. Parallèlement, les arts du spectacle ont été exploités pour favoriser la guérison et la résilience des personnes déplacées à Port-au-Prince après le tremblement de terre de 2010 en Haïti, tandis qu’un fait également appel au chant et à la danse dans le cadre de l’engagement communautaire des réfugiés congolais. En effet, selon , des recherches menées au cours des 20 dernières années montrent que les arts ont un impact sur l’amélioration de la santé et du bien-être, qu’il s’agisse de soutenir le développement de l’enfant, de promouvoir des comportements sains, de prévenir et de gérer les maladies mentales ou de soutenir des soins renforcés et de fin de vie.
Seulement 30 minutes d’activité artistique par jour pendant la pandémie ont permis de réduire les niveaux d’anxiété et de dépression chez 72 000 adultes.
- University College de Londres
vientocuatroestudio/Shutterstock.com*
Sécurité alimentaire : De la ferme à la fourchette (ou à la cuillère ou aux baguettes)
L’alimentation recoupe différents domaines des politiques publiques, de la santé à la nutrition, en passant par l’environnement et l’économie locale, et les produits de la chapine alimentaire sont également étroitement dépendants du contexte culturel. Les tâches liées à l’approvisionnement et à la préparation des repas, la façon dont nous les partageons et les messages qu’ils véhiculent sont autant d’aspects essentiels qui définissent notre conception de la nourriture. En effet, manger nous enracine dans des communautés partageant goûts, habitudes et histoires collectives. reconnaît plusieurs éléments liés aux pratiques alimentaires. Par exemple, la diète méditerranéenne, décrite comme un « ensemble de savoir-faire, de connaissances, de rituels, de symboliques et de traditions qui concernent les cultures, les récoltes, la cueillette, la pêche, l’élevage, la conservation, la transformation, la cuisson et, tout particulièrement, la façon de partager la table et de consommer les aliments » a été inscrite dans la liste en 2013, à l’initiative de Chypre, de la Croatie, de l’Espagne, de la Grèce, de l’Italie et du Portugal. On peut également citer la tradition culinaire des Japonais, le Washoku, la cuisine traditionnelle mexicaine, le repas gastronomique des ¹ó°ù²¹²Ôç²¹¾±²õ, le Kimchi coréen et le couscous d’Algérie, de Mauritanie, du Maroc et de Tunisie. Conscients de la nécessité d’une approche des politiques nutritionnelles fondée sur la culture, des pays comme le Brésil ont élaboré des directives alimentaires nationales holistiques en s’appuyant sur des sources très diverses, telles que l’anthropologie, la gastronomie et l’engagement citoyen.
8,9 % de la population mondiale ne mange pas à sa faim.
- FAO
Tatiana Bralnina/Shutterstock.com*
La sécurité alimentaire devient une question de plus en plus importante pour les Nations unies. Les estimations actuelles montrent que s que les conséquences du changement climatique se font de plus en plus sentir. Au cours du siècle dernier, les systèmes alimentaires ont subi une transformation importante en raison des progrès technologiques, de l’utilisation massive de combustibles fossiles, des tendances migratoires et de l’urbanisation croissante. La production alimentaire est responsable d’une grande partie des émissions mondiales de gaz à effet de serre, tandis que nous gaspillons un tiers de la nourriture que nous produisons, soit 1,3 milliard de tonnes. Le tout premier , tenu en septembre 2021, a recueilli près de 300 engagements de la part de centaines de milliers de personnes du monde entier pour transformer les systèmes alimentaires. En 2016, l’ONU a désigné le 18 juin comme étant la Journée internationale de la gastronomie durable, reconnaissant la gastronomie comme une expression culturelle ancrée dans la diversité naturelle et culturelle du monde.
Le renforcement des liens entre l’alimentation et la culture contribue au développement durable, à travers notamment la sauvegarde de la riche diversité des pratiques alimentaires dans le monde. Plusieurs paysages agricoles inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO témoignent de la capacité ingénieuse des générations passées et présentes à s’adapter à leur environnement pour produire de la nourriture, comme l’illustrent la culture du taro en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les systèmes de riz dans les chaînes de montagnes des Philippines, les oasis de palmiers-dattiers en Mauritanie, les plantations de café à Cuba et en Colombie, les terrasses en pierre des hauts plateaux de Konso en Éthiopie, ainsi que les vignobles en Hongrie et en Afrique du Sud. En établissant le concept des (SIPAM), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) identifie tout « système vivant et évolutif de communautés humaines en relation complexe avec leur territoire, leur paysage culturel ou agricole ou leur environnement biophysique et social au sens large ». En effet, les connaissances locales et traditionnelles associées à de nombreux sites du patrimoine mondial sont porteuses d’enseignements clés pour la production alimentaire future, comme le système « subak » de gestion de l’eau à Bali, en Indonésie, ou encore le système d’irrigation Al-Aflaj des Émirats Arabes Unis, qui figure sur la liste du patrimoine vivant de l’UNESCO. La pandémie de COVID-19 a également suscité un intérêt accru pour la production alimentaire urbaine et des exemples tels que le quartier des maraîchers de Bamberg, ville allemande du Moyen Âge inscrite au patrimoine mondial, peuvent également servir de modèle pour la sécurité alimentaire locale.
À l’initiative de l’Italie, les États membres de l’UNESCO ont reconnu en 2019 l’importance de l’alimentation et de la culture pour le développement durable et ont adopté la Déclaration de Parme à l’occasion du . La déclaration souligne la nécessité de renforcer les liens entre la culture et l’alimentation pour la durabilité environnementale, en sauvegardant l’identité culturelle pour accompagner les processus de transformation sociale et économique. En plus d’explorer le rôle du patrimoine culturel et du patrimoine vivant, les délégués ont également attiré l’attention sur le rôle de la gastronomie créative en tant que partie intégrante des solutions pour la sécurité alimentaire. Il existe actuellement 4 et chacune d’entre elles a adopté des , à l’instar de Yangzhou (Chine) qui lutte contre le gaspillage alimentaire et Zahlé (Liban) qui soutient les producteurs alimentaires locaux. En outre, la culture alimentaire continue de favoriser la communication et le dialogue interculturel, de s’adapter et d’innover – à l’exemple de la cuisine fusion macanaise -, et de constituer un moteur de développement économique et social, notamment par le biais du tourisme alimentaire, des opportunités d’emploi et de la formation technique et professionnelle.
Rice Terraces, Banaue, Philippines, Tara Kenny/Shutterstock.com*
La culture au service de la résilience face aux catastrophes
Le changement climatique, la pression urbaine et le manque de préparation aux catastrophes transforment de plus en plus les risques naturels, tels que les tremblements de terre, les éruptions volcaniques ou les tsunamis, en événements désastreux causant des pertes économiques et en vies humaines. Selon l’ONU, d’ici 2030, . Les catastrophes naturelles résultent de l’interaction entre les risques naturels et les populations humaines. Le , qui guide les travaux de l’ONU visant à renforcer la résilience face aux risques naturels, mentionne la culture environ 17 fois, notamment dans le contexte du patrimoine culturel. Définie dans son sens le plus large, la culture influence la manière dont les individus interprètent un danger et la manière dont ils conçoivent la réaction à celui-ci, selon qu’ils aient, par exemple, grandi dans une plaine inondable ou dans une zone sismique. Il est donc essentiel de comprendre les systèmes de croyances sous-jacents, les choix de moyens de subsistance, les mécanismes sociaux et la disponibilité pour des activités de préparation, y compris en matière d’éducation.
À l’heure actuelle, les communautés dans le monde ne tirent pas pleinement parti du potentiel de la culture pour réduire les risques de catastrophe. Des é³Ù³Ü»å±ðs récentes ont démontré comment le patrimoine, sous ses formes matérielles et immatérielles, peut être mis à profit afin de réduire les vulnérabilités, et donc les impacts négatifs sur les vies, les biens et les moyens de subsistance avant, pendant et après une catastrophe. Les sites de l’UNESCO (, et ) contribuent de façon significative à renforcer la résilience, non seulement en réduisant les vulnérabilités, mais aussi, dans les régions affectées, en fournissant des atouts précieux pour un développement social et économique durable pendant la phase de relèvement, en favorisant notamment les investissements, la création d’emplois ou en fournissant des ressources naturelles renouvelables, comme ce fut le cas au Népal sur le
La base de connaissances sur la manière dont le patrimoine culturel immatériel peut renforcer la résilience s’élargit également. L’architecture vernaculaire, par exemple, peut renforcer la résilience face aux risques. Comme on a pu l’observer lors des tremblements de terre à Bam (Iran) en 2003, les habitations traditionnelles en briques de terre et en bois ont fait relativement peu de victimes par rapport au bilan tragique des bâtiments modernes construits moins de 40 ans auparavant. De même, dans les petits États insulaires en développement du Pacifique (PEID), il a été démontré que les connaissances en matière de construction traditionnelle et les caractéristiques qui y sont associées permettent de mieux résister aux cyclones et aux inondations, comme l’attestent le Nakamal du Vanuatu, le Fale des Tonga et les maisons de réunion du vale des Fidji.
Anciennes ruinnes de la citadelle islamique iranienne, Bam (Arg-e Bam), Iran
Udompeter/Shutterstock.com*
D’autres connaissances et savoir-faire traditionnels visant à améliorer la prévention et l’atténuation des catastrophes se sont maintenus au fil des siècles, comme en témoigne le cas des pêcheurs des îles Andaman qui ont survécu au tsunami de 2005 parce qu’ils savaient, grâce à la connaissance transmise par leurs ancêtres, que lorsque la mer se retire, les humains doivent en faire de même. Le savoir traditionnel assure également la protection contre les incendies sur le site du temple Kiyomizu-Dera de Kyoto au Japon, site du patrimoine mondial culturel de l’UNESCO. Le Centre international (de catégorie 2) d’information et de travail en réseau sur le patrimoine culturel immatériel dans la région Asie-Pacifique placé sous l’égide de l’UNESCO (ICHCAP) a publié d’autres recherches sur
S’ils offrent un réservoir unique de la connaissance humaine, les biens culturels et naturels du patrimoine mondial, ainsi que les pratiques du patrimoine vivant, sont de plus en plus exposés aux risques de catastrophes et pourraient subir des pertes ou des dommages irréversibles. Pourtant, de nombreux biens du patrimoine mondial ne disposent d’aucune politique, d’aucun plan ou processus établi pour gérer les risques liés aux catastrophes. De plus, les mécanismes nationaux et locaux de préparation et de réponse aux catastrophes existants ne prévoient généralement pas d’expertise en matière de patrimoine dans le cadre de leurs opérations. De ce fait, des centaines de sites sont gravement exposés à des risques potentiels. C’est pour cette raison que l’UNESCO a commencé à œuvrer, avec d’autres partenaires, pour intégrer la prise en compte du patrimoine dans les politiques de réduction des risques de catastrophes, à travers notamment la et les . Le Fonds d’urgence de l’UNESCO pour le patrimoine permet à l’Organisation de répondre rapidement et efficacement aux crises résultant de conflits armés et de catastrophes causées par des risques d’origine naturelle ou humaine dans le monde entier, en intervenant dans des domaines englobant le , le , le , le et la .