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L’UNESCO publie un document de réflexion précurseur sur la violence en ligne contre les femmes journalistes

L'UNESCO a publié un document de réflexion précurseur qui met en évidence une forte augmentation de la violence en ligne à l'encontre des femmes journalistes et analyse les campagnes orchestrées derrière ce phénomène néfaste. Le document The Chilling: Tendances mondiales de la violence en ligne contre les femmes journalistes a été présenté le 30 avril 2021 à l’occasion d'un débat en ligne organisé dans le cadre de la Conférence mondiale sur la liberté de la presse.

Le panel en ligne du 30 avril, modéré par la journaliste d'investigation kenyane Catherine Gicheru, a réuni des journalistes et des experts de renom qui ont discuté des conclusions présentées par Julie Posetti (Australie), Directrice mondiale de recherche de l'ICFJ.

La lauréate du Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano, Maria Ressa (PDG du site d'information philippin Rappler), et Brandy Zadrozny, journaliste américaine de NBC, ont affirmé que le harcèlement en ligne intense qu'elles avaient récemment subi était lié à leurs enquêtes sur la désinformation et les réseaux populistes.

L'objectif est d'imposer le silence, d’organiser le consensus et de faire germer des métarécits tels que « cette journaliste est une criminelle »... Démolir ma crédibilité est une façon d'attaquer le média que j'ai fondé.
Maria Ressa, lauréate du Prix mondial 2021 de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano

"Il s'agit de terroriser les journalistes... Afin qu'ils évitent certains sujets et laissent la place au programme des trolls," a déclaré Imran Ahmed, Directeur général du Centre de lutte contre la haine numérique (CCHD), situé au Royaume-Uni, qui a fourni des informations sur les tactiques de désinformation mises à profit dans ces attaques.

Extrait d'une étude interdisciplinaire à paraître, réalisée pour l'UNESCO par le Centre international pour les journalistes (ICFJ), le document de réflexion s’appuie sur une enquête mondiale à laquelle ont participé plus de 900 journalistes, 15 Ã©tudes de cas nationales, une analyse de données de masse (big data) de plus de 2,5 millions de messages publiés sur les réseaux sociaux et des entretiens avec plus de 170 journalistes et spécialistes.

Cet ensemble de données d'une ampleur sans précédent révèle que les attaques en ligne contre les femmes journalistes sont répandues, organisées et inextricablement liées à la désinformation et aux politiques populistes. Il met en garde contre le fait que les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés comme des armes par les politiciens, les médias partisans et les pourvoyeurs de désinformation, qui utilisent les violences en ligne liées au genre pour étouffer les reportages critiques et saper la confiance du public dans le journalisme. « The Chilling Â» fournit des statistiques alarmantes sur les effets réels de ces attaques, en particulier pour les femmes journalistes, déjà désavantagées par diverses formes de discrimination, qu'elles soient fondées sur la race, la religion ou l'orientation sexuelle. Il appelle les plateformes de réseaux sociaux et les organismes de presse à reconnaître l'ampleur de la menace et à renforcer d'urgence leurs réponses.

Les panélistes ont échangé leurs points de vue sur les effets dévastateurs de la violence en ligne et sur les mécanismes d'adaptation qu'ils ont recherchés et développés. « Le reportage est la meilleure des vengeances Â», a déclaré Brandy Zadrozny, tout en reconnaissant le soutien qu'elle a reçu de la part de son employeur lorsqu'elle a été prise pour cible. « Tout journaliste s’apprêtant à couvrir une manifestation reçoit un masque à gaz, un équipement et une formation. Cela devrait également s'appliquer en ligne Â», a-t-elle suggéré. « Les organismes de presse doivent réagir, tout en sachant qu’ils ne peuvent pas régler le problème... qui est d’ordre technologique et politique Â», a souligné Julie Posetti. Le panel s'est terminé par un appel urgent à mettre fin à l'impunité dont jouissent les acteurs politiques à l'origine des attaques en ligne contre les femmes journalistes et les plateformes qui les permettent.

The Chilling a été évoqué par les principaux organes de presse du monde entier, notamment par , , , , , Le , , , , et BBC World Service.

Pour sensibiliser davantage à la prévalence et aux effets de la violence en ligne contre les femmes journalistes, l'UNESCO a lancé une campagne sur les réseaux sociaux en utilisant le hashtag .