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L'UNESCO réunit pour la première fois tous les États membres africains pour discuter du retour et de la restitution des biens culturels

Le 27 janvier 2025, l'UNESCO a organisé une conférence historique, réunissant pour la première fois des représentants des 54 États membres africains pour aborder la question cruciale de la restitution des biens culturels.
UNESCO

L'événement, intitulé « Nouvelles formes d’accords et de coopération en matière de retour et de restitution de biens culturels en Afrique  », a marqué une étape importante dans les efforts continus de l'UNESCO pour soutenir les États membres en offrant un espace de dialogue, en facilitant le partage des connaissances et en promouvant des solutions innovantes pour le retour et la restitution des biens culturels.

La conférence a été organisée en collaboration avec la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (UNECA) et la Commission de l'Union Africaine à l'Africa Hall d'Addis-Abeba, en Éthiopie. L'événement a été encouragé par la déclaration historique MONDIACULT 2022, qui a appelé à un dialogue international ouvert et inclusif sur le retour des biens culturels.

Par cette réunion historique, nous rendons hommage à la richesse et à la diversité du patrimoine culturel de l'Afrique. La question du retour et de la restitution va bien au-delà de la notion d'objets eux-mêmes et englobe les questions d'identité, de mémoire et d'histoire. L'UNESCO continue d'accompagner les États membres d'Afrique et au-delà, dans ces efforts, comme un impératif éthique pour réaliser les droits culturels pour tous.

Ernesto Ottone R., Sous-directeur général de l'UNESCO pour la culture

Le ministre d'État au tourisme d'Éthiopie, S.E. Sileshi Girma, ainsi que des représentants de la Commission de l'Union Africaine, dont Angela Martins, Cheffe du département de la culture, ont prononcé des allocutions d'ouverture. Catherine De Preux De Baets, du bureau régional du HCDH pour l'Afrique de l'Est, a fait une déclaration, de même que Souleymane Bachir Diagne, directeur de l'Institut d'études africaines et professeur de philosophie à l'université de Columbia, qui a souligné l'importance de la question de la restitution pour l'Afrique. 

Ces objets [...] ont été déplacés et arrachés au continent africain, condamnés à l'exil et au silence. Mais ils n'ont pas été silencieux. A mon sens, leur mission est de créer des liens.

Souleymane Bachir Diagne, Directeur de l'Institut d'études africaines et professeur de philosophie à l'université de Columbia (États-Unis)

Des tables rondes de haut niveau ont exploré le rôle des musées et des programmes de recherche conjoints, ainsi que les derniers développements dans le domaine du retour et de la restitution. Des experts de tout le continent, ainsi que des spécialistes internationaux renommés, ont apporté un éclairage essentiel sur l'amélioration de la collaboration institutionnelle et des processus de prise de décision. Des exemples de partenariats efficaces et de formes évolutives de coopération internationale ont été présentés.

Plusieurs cas de retour et de restitution à l'Afrique récemment résolus ont été présentés, servant d’inspiration pour des efforts futurs. Parmi les exemples présentés, citons la coopération à long terme entre la Namibie et l'Allemagne, qui a conduit à la restitution de plusieurs objets culturels ; le retour du « sarcophage vert » des États-Unis à l’Égypte ; le retour d'objets culturels des États-Unis au Ghana et au Kenya ; et le retour d'une sculpture de la Suisse à la Libye. 

La restitution doit se faire en collaboration avec les communautés concernées, en travaillant avec les anciens et les jeunes, afin de bénéficier de leurs connaissances artistiques.

Golda !Ha-Eiros, Conservatrice principale, Musée national de Namibie, Namibie

Nous ne pourrons avancer dans le domaine du retour et de la restitution que si nous sommes capables d'écouter.

Lars-Christian Koch, Directeur du musée ethnologique et du musée d'art asiatique des musées nationaux, Allemagne

L'importance de la mise en place d'un environnement juridique et politique favorable, y compris la ratification de la Convention de l'UNESCO de 1970 concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels, a été évoquée tout au long de la conférence. Les participants ont également exploré divers sujets, notamment la nécessité de former les professionnels des musées dans le domaine du retour et de la restitution, le rôle du marché de l'art, le risque croissant du trafic illicite en ligne, ainsi que la valeur des processus de restitution inclusifs, notamment en lien avec les communautés et la diaspora. 

Cette journée d’échanges de l'UNESCO a rappelé que la réussite de ces cas africains réside notamment dans une approche holistique du retour et de la restitution. Des progrès doivent être réalisés en matière de coopération bilatérale, mais aussi dans les domaines du développement muséal, de la formation et de la recherche. La restitution n'est pas une fin mais le début d'une réappropriation de la mémoire collective et d'une réconciliation avec un passé longtemps spolié, permettant aux jeunes Africains de renouer avec une part essentielle de leur histoire, de leur culture et de leur identité.

UNESCO

« La coopération et le respect mutuel peuvent être le catalyseur du retour et de la restitution des biens culturels », a déclaré Ottone R., “Les nombreux témoignages que nous avons entendus aujourd'hui, dans l'emblématique Maison de l’Afrique, ont montré que des relations professionnelles collégiales et des recherches rigoureuses de toutes les parties peuvent permettre de surmonter les obstacles, qu'ils soient politiques, juridiques ou diplomatiques”.

La réunion nourrira la prochaine conférence mondiale de l'UNESCO sur la politique culturelle MONDIACULT 2025 (29 septembre - 1er octobre 2025), au cours de laquelle le retour et la restitution des biens culturels feront l'objet d'un débat approfondi. La réunion d'Addis-Abeba a également fait écho au thème 2025 de l'Union Africaine, Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations, ainsi qu'à la Priorité Globale de l'UNESCO pour l'Afrique, en particulier son programme phare « Favoriser le patrimoine culturel et le développement des capacités ».