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Message de Mme Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, à l’occasion de la Journée internationale du jazz

30 avril 2021
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Cette 10e Journée internationale du jazz est l’occasion de célébrer une fois de plus la richesse de cette tradition musicale. Le jazz est une réalité multiple, tissée au fil des rencontres entre les cultures, les instruments et les personnes. Depuis des décennies, le jazz vibre de tout ce que les musiciens et musiciennes sont venus y déposer, tout en continuant d’inviter, au détour de chaque accord, à de nouveaux horizons.
C’est cette ouverture du jazz, à l’improvisation, à l’autre, qui en fait essentiellement une musique de paix. Comme le grand jazzman et Ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO Herbie Hancock, qui est à l’initiative de cette Journée, le soulignait dans les pages du Courrier de l’UNESCO, le jazz, précisément parce qu’il se joue dans l’accueil de l’autre, véhicule des « valeurs humanistes », « essentielles à la compréhension mutuelle, au dialogue, et au respect ».
Alors que la pandémie exacerbe trop souvent toutes les tensions de nos sociétés et voit ressurgir préjugés et discriminations, nous avons plus que jamais besoin de cette invitation essentielle du jazz à respecter l’autre.
C’est le pouvoir d’universalité d’une musique qui n’a cessé d’abattre les barrières, en disant la liberté à partir de l’esclavage et le dialogue à partir de la séparation, pour unir, par-delà les origines, les frontières et les classes, dans la musique et la création.
Du jazz, nous devons aussi retenir cette force de l’improvisation qui surmonte tous les obstacles et permet à une tradition de se renouveler sans cesse, sans se perdre. Alors qu’une crise multiple souligne l’urgence de réinventer nos sociétés ainsi que notre rapport au monde et à l’autre, la souplesse, l’audace et l’optimisme du jazz peuvent nous inspirer pour célébrer, avec Nina Simone, « une nouvelle aube, un nouveau jour ».
Plus que jamais, nous avons besoin du jazz – mais le jazz a aussi besoin de nous. Et cette Journée est également l’occasion de dire tout notre soutien aux musiciens et musiciennes, qui, partout dans le monde, avec la fermeture des lieux de concert, des clubs et des bars, ont brusquement perdu leurs revenus.
Ils n’ont pas cessé pour autant de partager leur musique, partout où ils l’ont pu, en ligne ou dans la rue, sans perdre leur générosité, leur souffle et leur inventivité. À nous de leur montrer qu’ils n’ont pas non plus perdu leur public. Pour cela, nous nous réjouissons de pouvoir, une fois de plus, compter sur l’engagement sans faille de l’Institut de jazz Herbie Hancock à nos côtés. Il nous permettra de célébrer ensemble, en ligne, cette Journée anniversaire, et de faire ainsi résonner dans le monde entier le pouvoir du jazz.
Nous devons nous tenir aux côtés des musiciens et des musiciennes, mais aussi de tous les artistes, comme l’UNESCO le fait depuis un an, en leur donnant notamment l’occasion de s’exprimer dans plus de 255 débats Résiliart dans plus de 110 pays, pour inventer ensemble des moyens de surmonter la crise et de composer l’avenir.
En cet anniversaire si particulier, partageons donc le dernier souhait de Chick Corea, légende et incarnation du jazz, qui nous a malheureusement quittés en février : « J’ai l’espoir que ceux qui ressentent l’envie de jouer, d’écrire, de se produire en spectacle, puissent le faire. Si ce n’est pour eux-mêmes, alors pour nous autres. Ce n’est pas seulement que le monde ait besoin de plus d’artistes, c’est aussi bien plus amusant ».