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Promouvoir l’investissement dans l’éducation lors de la Conférence internationale sur le financement du développement

Si l’éducation ne se voit pas accorder un statut prioritaire et si un changement radical n’intervient pas dans son financement, l’ambitieux programme que le monde entend adopter pour éliminer la pauvreté d’ici à 2030 ne se réalisera pas, a déclaré un comité de haut niveau réuni par l’UNESCO et les gouvernements de l’Éthiopie, de la République de Corée et de la Norvège le 14 juillet 2015 lors la troisième Conférence internationale sur le financement du développement à Addis-Abeba.

« L’éducation est la force de transformation la plus puissante de toute société », a déclaré Mme Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, soulignant l’importance de la Déclaration d’Incheon, adoptée par 160 pays lors du Forum mondial sur l'éducation en mai 2015, par laquelle ils se sont engagés à assurer 12 années d’enseignement primaire et secondaire gratuit et équitable, financé sur fonds publics, dont au moins neuf années obligatoires.

Ce programme universel, traduit par l’objectif de développement durable 4 proposé, atteste la reconnaissance que l’éducation est au cœur de la réalisation de la durabilité, et qu’elle a un impact sur tous les aspects du développement. Aussi les partenariats doivent-ils s’efforcer de s’affranchir des carcans, a indiqué la Directrice générale, rappelant les liens entre éducation et santé, emploi, compétences, égalité des genres et résilience face au changement climatique.

« L’éducation est un bien public mondial et la qualité est cruciale pour le nouveau programme : nous ne parlons pas de n’importe quel type d’éducation, mais d’une éducation de qualité, d’un apprentissage. La mobilisation de ressources nationales et l’aide internationale sont importantes, mais l’efficacité de l’investissement l’est tout autant », a-t-elle ajouté, citant l’investissement dans le préscolaire, les enseignants, la pertinence des programmes scolaires, l’acquisition de compétences, les politiques inclusives et le recours aux nouvelles technologies comme facteurs déterminants pour améliorer la qualité.

L’éducation est au cœur de l’ambition de l’Éthiopie de devenir un pays à revenu intermédiaire, a déclaré M. Shiferaw Shigute, Ministre de l’éducation. Le pays a mis en place de solides plans sectoriels de l’éducation, a investi massivement dans la construction d’écoles et la formation des enseignants, et a encouragé l’éducation des filles, la formation professionnelle et l’enseignement dans les 25 langues maternelles. L’approche globale a permis une expansion rapide, le grand défi consistant à assurer des possibilités éducatives de qualité et à mobiliser des ressources.

Le succès de la République de Corée en matière de développement est la preuve que l’éducation transforme les sociétés. Analysant la transformation de son pays, autrefois bénéficiaire de l’aide internationale et aujourd’hui devenu donateur, le Ministre des affaires étrangères, M. Yun Byung-se, a souligné la constance de l’engagement politique de la Corée envers l’éducation, décennie après décennie. Plus précisément, il a mis en lumière les quatre ingrédients du succès : la décision d’accorder à l’éducation un statut prioritaire à la fin de la guerre ; l’élaboration de la stratégie de l’éducation parallèlement à la stratégie nationale pour le développement ; des dépenses nationales élevées ; et l’autonomisation des femmes par l’éducation. En tant que pays donateur, la Corée fait des enfants, et en particulier des filles, sa priorité dans les pays les plus vulnérables, favorise la culture digitale et les compétences numériques et une approche sur mesure pour s’adapter à chaque contexte.

La conviction que l’éducation catalyse les droits de l’homme et le développement sous-tend la décision de la Norvège de doubler son aide à l’éducation entre 2013 et 2017 et de créer une commission sur le financement des opportunités éducatives mondiales. « Allouer des ressources à l’éducation, c’est vraiment prendre soin de l’avenir », a déclaré M. Borge Brende, Ministre des affaires étrangères. « Le coût de l’inaction excède, et de loin, celui de l’action ». Agir implique de s’engager à accroître l’aide accordée afin de toucher les 37 millions d’enfants qui ne sont pas scolarisés à cause d’un conflit ou d’une situation d’urgence, de mobiliser davantage de ressources nationales, notamment par la fiscalité, et de nouer des partenariats solides.

« Ce sont les partenariats qui nous permettent d’atteindre notre cible », a dit Mme Julia Gillard, Présidente du Conseil d’administration du Partenariat mondial pour l'éducation, évoquant les bons résultats obtenus dans les pays à faible revenu où le gouvernement, la société civile et le secteur privé travaillent main dans la main pour appuyer les plans du secteur de l’éducation. Elle a souligné que 70 % des fonds servaient à financer des plans chiffrés crédibles, 30 % dépendant des performances. Malgré certains progrès, elle a indiqué qu’un « partenariat du plaidoyer » était nécessaire pour s’assurer que l’éducation soit au centre des préoccupations, comme ce fut le cas de la santé après l’adoption des OMD.

Intervenant dans le débat, M. Jeffrey Sachs a exhorté la communauté internationale à faire pour l’éducation ce qui a été accompli pour la santé lorsque les OMD ont été adoptés, appelant de ses vœux la création d’un fonds mondial pour l’éducation.

Selon le Rapport mondial de suivi sur l'É»å³Ü³¦²¹³Ù¾±´Ç²Ô pour tous de l’UNESCO, le coût annuel total de l’éducation de tous les enfants et adolescents des pays en développement passera de 149 milliards de dollars des États-Unis en 2012 à 340 milliards entre 2015 et 2030. D’ici à 2030, les pays en développement devront augmenter leurs dépenses par élève du primaire de 70 à 197 dollars, et de 301 à 536 dollars pour chaque élève du secondaire.

La Déclaration d’Incheon prie instamment les pays d’allouer de 4 à 6 % de leur PIB ou au moins 15 à 20 % de leurs dépenses publiques totales à l’éducation, d’accroître l’aide aux pays les moins avancés et d’améliorer l’efficacité de l’aide.