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Réinventer la recherche génétique

« La collaboration a été un vecteur de succès important tout au long de ma carrière de chercheuse », explique le professeur Jennifer Doudna. « C’est la clé de voûte de la recherche scientifique contemporaine. » Sa collaboration avec le professeur Emmanuelle Charpentier a permis le développement d’une nouvelle technologie révolutionnaire qui a suscité l’émoi de la communauté scientifique, car elle permet aux scientifiques d’éliminer et d’ajouter des fractions de matériel génétique avec une extrême précision. En 2016, les deux chercheuses ont reçu un prix L’Oréal-UNESCO pour les Femmes et la Science – Jennifer Doudna est la lauréate pour l’Amérique du Nord, et Emmanuelle Charpentier est la lauréate pour l’Europe.
Nous commençons tout juste à mesurer le plein potentiel de cette extraordinaire technologie, le complexe CRISPR-Cas9, qui ouvre des perspectives inédites en matière de thérapie génique, de thérapie cellulaire et d’immunothérapie, ainsi que de nouveaux champs d’application et de recherche. Cette découverte est le fruit de la collaboration entre les deux chercheuses et leurs laboratoires respectifs.
Le professeur Doudna est une spécialiste de la biologie structurale et le décryptage de l’ARN, un proche cousin de l’ADN, a longtemps été son domaine de prédilection. En 2005, elle est sollicitée pour étudier de curieuses régions d’ADN répétitives dans le génome de bactéries, appelées séquences CRISPR. En 2011, la microbiologiste française Emmanuelle Charpentier lui propose une collaboration. À l’époque, le professeur Charpentier a déjà publié d’importants travaux démontrant que les bactéries sont effectivement capables de s’auto-immuniser contre certains types de virus qu’elles ont déjà rencontrés grâce au système CRISPR-Cas.
C’est la conjugaison de la connaissance approfondie de l’ARN de l’une et de la compréhension du complexe CRISPR-Cas de l’autre qui permit de mettre en lumière ce mécanisme de neutralisation des virus agresseurs par les bactéries, comme outil génétique programmable de précision pour modifier le génome des cellules et des organismes.
Jennifer Doudna prend rapidement conscience des nombreuses questions éthiques que pourrait soulever l’édition de gènes. Sa détermination comprendre ces problématiques et les enjeux n’est pas à débattre. La chercheuse a notamment mis en lumière les problèmes posés par ce que l’on appelle l’ ‘édition de lignée germinale’, qui risque d’affecter les générations futures en modifiant des séquences de leur sperme ou de leurs ovules.
Fruit d’une découverte commune qui lui vaut d’être ‘Co-Lauréate’ 2016, cette avancée scientifique majeure constitue un parfait exemple des prouesses accomplies par les scientifiques lorsqu’ils unissent leurs talents.
Pourtant, les inégalités entre les hommes et les femmes en sciences sont encore considérables. A travers leur programme Pour les Femmes et la Science, l’UNESCO et la Fondation l’Oréal font le pari de reconnaitre celles qui, par la portée de leurs travaux, contribuent à relever les grands enjeux planétaires. Un manifeste pour les femmes et la science a été lancé à l’issue de la cérémonie L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science afin d’attirer l’attention sur la nécessité d’assurer l’égalité des genres dans la science. .