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The Tracker Culture & Politiques publiques | Édition spéciale n°1 : MONDIACULT 2022 à l'horizon

Repositionner les politiques culturelles Un impératif pour un avenir durable
MONDIACULT 2022 se tiendra du 28 au 30 septembre 2022 et sera accueilli par le Gouvernement du Mexique. Il s’agira d’une occasion historique où décideurs mondiaux, responsables des politiques culturelles et acteurs clés du secteur partageront leurs perspectives et leurs ambitions pour placer la culture au centre des perspectives de développement durable. Les précédentes conférences ministérielles de l’UNESCO sur la culture ont permis de façonner de nouveaux concepts, et de conduire à l’élaboration de cadres réglementaires ainsi que de nouvelles approches stratégiques, en renforçant notamment le rôle du patrimoine et du secteur créatif pour forger des sociétés inclusives.
Principaux objectifs
- Réactiver la réflexion sur les politiques culturelles dans le contexte actuel, en tenant compte des priorités et des instruments connexes en vue de les adapter pour qu’ils englobent les défis du développement durable, notamment l’adaptation du secteur culturel à la transformation numérique, la contribution de la culture au développement social et économique ainsi que pour l’action climatique ;
- Soutenir le dialogue politique mondial sur le rôle transversal de la culture, un bien public global pour soutenir la résilience, le bien-être et la prospérité des sociétés, et ainsi assurer un ancrage plus solide de la culture dans l’ensemble des politiques publiques aux échelles mondiale, régionale et nationale, tout en faisant converger les efforts des différentes parties prenantes à tous les niveaux ; et
- Identifier les domaines centraux des perspectives politiques pour le secteur culturel au cours de la prochaine décennie, notamment en comblant les éventuelles lacunes de l’engagement et des mécanismes politiques, en vue d’accompagner les États membres dans l’élaboration des politiques, ainsi que les organisations internationales et régionales, tout en informant également le travail futur de l’UNESCO dans le domaine de la culture, y compris à travers ses conventions et recommandations sur la culture.
Thèmes centraux de la Conférence en un coup d’œil
MONDIACULT : Quelques repères historiques
L’impact de la culture, défini comme contribuant au développement durable dans tous les domaines des politiques publiques, est reconnu depuis plus de 40 ans. La culture va au-delà du domaine étroitement défini de la politique culturelle en tant que tel, et informe, plus largement, les politiques environnementales, économiques ou sociales. Lors de l’ouverture de la Conférence mondiale MONDIACULT en 1982, le Directeur général de l’époque, Amadou-Mahtar M’Bow, avait déclaré que « son objectif était d’encourager une réflexion approfondie sur les problèmes fondamentaux de la culture dans le monde d’aujourd’hui et de définir de nouvelles orientations pour renforcer la dimension culturelle du développement et faciliter la coopération culturelle ».
Cette définition large de la culture, adoptée par la première Conférence mondiale MONDIACULT, va au cœur de ce que signifie être humain. Cette définition affirme que « la culture peut aujourd’hui être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. » (Déclaration de Mexico, 1982).
À la suite de la Décennie mondiale du développement culturel (1988-1998), les Nations Unies ont créé une Commission mondiale indépendante sur la culture et le développement, présidée par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, Javier Pérez de Cuéllar, et accueillie par l’UNESCO. La publication de « Notre diversité créatrice » parue en 1995 a ainsi marqué un véritable tournant dans la réflexion mondiale sur la culture, en faisant passer l’accent d’une approche purement sectorielle des politiques culturelles à une approche plus transversale qui place la culture dans le large spectre du développement, en soulignant la reconnaissance de la diversité culturelle comme une condition préalable à un développement adapté au contenu et au contexte, autrement dit, à un développement se détachant d’un modèle unique.
La reconnaissance de la diversité culturelle en tant que base du développement
Article 1 – La diversité culturelle, patrimoine commun de l’humanité
La culture prend des formes diverses à travers le temps et l’espace. Cette diversité s’incarne dans l’originalité et la pluralité des identités qui caractérisent les groupes et les sociétés composant l’humanité. Source d’échanges, d’innovation et de créativité, la diversité culturelle est, pour le genre humain, aussi nécessaire qu’est la biodiversité dans l’ordre du vivant. En ce sens, elle constitue le patrimoine commun de l’humanité et elle doit être reconnue et affirmée au bénéfice des générations présentes et des générations futures.
Article 5 – Les droits culturels, cadre propice à la diversité culturelle
Les droits culturels sont partie intégrante des droits de l’homme, qui sont universels, indissociables et interdépendants. L’épanouissement d’une diversité créatrice exige la pleine réalisation des droits culturels, tels qu’ils sont définis à l’article 27 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et aux articles 13 et 15 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Toute personne doit ainsi pouvoir s’exprimer, créer et diffuser ses œuvres dans la langue de son choix et en particulier dans sa langue maternelle ; toute personne a le droit à une éducation et une formation de qualité qui respectent pleinement son identité culturelle ; toute personne doit pouvoir participer à la vie culturelle de son choix et exercer ses propres pratiques culturelles, dans les limites qu’impose le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Depuis plus de dix ans, l’Assemblée générale des Nations Unies a progressivement ancré la culture dans des perspectives de développement plus larges, notamment par le biais de résolutions spécifiques sur « la culture et le développement » (2010 et 2011) sur la base de l’observation que « trop de programmes de développement bien intentionnés ont échoué parce qu’ils ne tenaient pas compte des contextes culturels » (AGNU, 2013). Des résolutions ultérieures de l’Assemblée générale ont été adoptées par les États membres lors des AGNU de 2013, 2014, 2015, 2017 et 2019, ce qui a conduit à l’intégration de la culture dans les programmes de l’ONU dans les pays, comme l’illustrent les plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD). Alors qu’en 2008, moins de 30 % d’entre eux mentionnaient la culture, ce chiffre est passé à 70 % en 2013.
La Déclaration de Hangzhou : Placer la culture au cœur des politiques de développement durable (2013), a également affiné les axes par lesquels la culture contribue au développement durable, en identifiant notamment que la culture devrait être considérée comme un catalyseur fondamental de la durabilité en raison, d’une part, de son « pouvoir extraordinaire », en particulier lorsqu’elle favorise les approches centrées sur les personnes et les lieux, et lorsqu’elle est intégrée dans les programmes de développement et les initiatives de consolidation de la paix. D’autre part, la culture devrait également être considérée comme un moteur grâce aux contributions spécifiques qu’elle peut apporter – en tant que créateur de capital de connaissances et de secteur de production – au développement économique et social inclusif, à la durabilité environnementale, à la paix et à la sécurité. Aujourd’hui, la contribution de la culture au développement social et à la croissance économique est incontestée au niveau mondial.
Renouveler les politiques culturelles : Un sentiment d’urgence
Au cours des quatre dernières décennies, le paysage mondial des politiques publiques – et le secteur culturel lui-même – ont profondément évolué. Les lignes de faille nouvellement apparues dans l’ordre international et les défis transnationaux tels que les inégalités, les conflits, la révolution technologique ou encore le changement climatique, poussent les pays à adapter leurs politiques publiques, notamment au regard de la gouvernance des biens publics mondiaux - un impératif qui interpelle au premier chef la culture. Parallèlement, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence la vulnérabilité partagée par de nombreux pays pour faire face aux situations d’urgence, assurer la continuité dans l’accès aux services de base et la durabilité sociale et économique. Dans ce contexte, le secteur culturel a été confronté à des bouleversements majeurs, qui ont mis en évidence l’urgence d’adapter le secteur culturel et de mieux l’ancrer dans le champ des politiques publiques.
Malgré ces défis, le lien entre la culture et le développement durable fait l’objet d’une reconnaissance manifeste, au regard de son rôle dans la continuité des sociétés, l’engagement des communautés, l’emploi, la résilience et le bien-être. Cette reconnaissance révèle, plus largement, la valeur de la culture dans nos sociétés ainsi que le poids du secteur culturel dans le développement social et économique aux niveaux mondial et national. Cette dynamique a ouvert la voie à une vision renouvelée des politiques culturelles et renouvellé l’action publique. C’est dans ce contexte que l’UNESCO réinvestit le dialogue mondial des politiques publiques dans le domaine de la culture, en s’appuyant sur son mandat historique et constitutionnel de promotion de la coopération internationale et du dialogue multilatéral. Ce mandat fondateur s’est notamment incarné à travers les conférences historiques sur les politiques culturelles tenues respectivement en 1982 et 1998, et dont les résultats conceptuels et politiques ont jeté les bases d’avancées majeures dans la conceptualisation et l’architecture des politiques culturelles. À l’aube de la dernière Décennie d’action pour la mise en œuvre des Objectifs de développement durable des Nations Unies, adoptés par la communauté internationale comme feuille de route commune, l’UNESCO invite ses États membres et la communauté internationale à engager une nouvelle réflexion sur les politiques culturelles pour relever les défis mondiaux et définir les priorités immédiates et futures afin de poser les fondements d’un secteur culturel plus robuste et résilient, mieux ancré dans les politiques publiques et dans les perspectives du développement durable.
Si la culture est à la base du développement, c’est la notion même de politique culturelle qui mérite d’être aussi considérablement élargie. »
La culture, un bien public mondial
Les dernières décennies ont vu l’émergence de défis mondiaux, dont l’ampleur et la complexité engagent les pays à refondre leurs politiques publiques. Les inégalités croissantes, le changement climatique, la transformation numérique, l’urbanisation accélérée ou encore la recrudescence des conflits et des flux migratoires comptent parmi les défis majeurs qui recomposent désormais le paysage mondial des politiques publiques. Ces tendances globales ont un impact direct sur le secteur culturel, porteuses à la fois de défis pour sa résilience et d’opportunités pour sa transformation. Fort de son caractère intrinsèquement dynamique, le secteur culturel, plus que tout autre domaine des politiques publiques, a démontré sa capacité à adapter ses modèles au fil du temps. De façon générale, le paysage mondial contemporain jette une lumière nouvelle sur le rôle fondamental et transformateur de la culture dans nos sociétés. La nécessité de réorienter les politiques publiques vers les biens publics mondiaux - un impératif récemment réitéré par le Secrétaire général des Nations unies dans le rapport « Notre programme commun » - interpelle tous les domaines des politiques publiques, mais se révèle d’une importance particulière pour la culture.
Dans ce monde plus fragmenté , les fondements du multilatéralisme ont également été érodés. La pandémie de COVID-19 a exacerbé ces lignes de fracture, tout en mettant en évidence l’interdépendance profonde entre les pays et la nécessité de forger des réponses communes aux phénomènes transnationaux qui touchent également le secteur culturel. Dans un environnement mondial très incertain et insuffisamment réglementé, le dialogue multilatéral est plus que jamais nécessaire pour aborder les questions qui dépassent les frontières nationales. Cette aspiration a été clairement formulée dans le rapport de la consultation mondiale des Nations unies intitulée « Façonnons notre avenir ensemble », dont le million de répondants dans le monde, en particulier les jeunes, ont plaidé, sans équivoque, en faveur de la coopération internationale et de la solidarité mondiale. Dans ce cadre, la culture a un rôle essentiel à jouer, forte de sa capacité à rapprocher les peuples et les pays, en offrant des modèles plus inclusifs, participatifs et collaboratifs, pour favoriser la compréhension mutuelle et forger un nouveau paradigme en faveur du multilatéralisme, centré autour de la dignité humaine. Faire évoluer les relations internationales de la compétition à la coopération relève d’un effort conjoint au niveau mondial auquel la culture devrait pleinement contribuer.
Le paysage mondial des politiques culturelles a également profondément évolué au cours des dernières décennies. Contrairement au contexte mondial qui prévalait en 1982, de nombreux pays à travers le monde ont désormais mis en place des ministères et des institutions en faveur de la culture et ont adopté des documents et des cadres de politique culturelle - bien que dans une mesure inégale selon les régions. Si les politiques culturelles ont eu tendance à rester relativement isolées des autres domaines des politiques publiques, leur champ d’action s’est élargi pour recouvrir des approches plus globales de la culture – notamment la diversité culturelle, le patrimoine immatériel et l’économie créative – et interagir plus largement avec d’autres domaines des politiques publiques, comme en témoignent les investissements croissants en faveur du tourisme culturel, de la diplomatie culturelle ou encore de nouvelles approches telles que l’alphabétisation culturelle. Le rôle de l’État reste central pour concevoir les politiques publiques, garantir les droits fondamentaux et réglementer le secteur culturel. Néanmoins, les politiques culturelles ont progressivement évolué vers des modèles de gouvernance à plusieurs niveaux, impliquant une variété d’acteurs, des gouvernements locaux aux organisations de la société civile, en passant par les organisations sous-régionales et régionales , qui sont de plus en plus influents et engagés dans l’élaboration des politiques culturelles. Ce faisant, les politiques culturelles ont progressivement intégré les approches conceptuelles qui ont pris forme à Mexico en 1982 et à Stockholm en 1998, soulignant ainsi l’importance historique de ces conférences mondiales et leur profond impact sur les politiques culturelles au cours des décennies suivantes.
Cette trajectoire ascendante a été directement soutenue par l’engagement progressif des pays à développer des cadres réglementaires dans le secteur culturel – un effort qui a été accompagné par l’UNESCO dans l’exercice de sa fonction normative, à travers l’élaboration d’un ensemble d’instruments juridiques et normatifs au cours des dernières décennies. Les concepts relatifs aux définitions du patrimoine culturel, des expressions culturelles, de la créativité et de leur importance pour les peuples et les sociétés ont ensuite été affinés, systématisés et traduits en instruments juridiques internationaux grâce à l’émergence des conventions culturelles de l’UNESCO de 2001, 2003 et 2005, lesquelles se sont ajoutées aux instruments et cadres normatifs de « première génération », notamment les conventions de l’UNESCO de 1954, 1970 et 1972. Ces discussions ont également incité les conventions de « première génération » à faire évoluer leurs approches à la lumière des défis contemporains, suscitant l’apparition de concepts nouveaux tels que les paysages urbains historiques ou le patrimoine subaquatique. De façon générale, les conventions, déclarations et recommandations de l’UNESCO sur la culture fournissent aux États membres un ensemble solide d’instruments de politiques publiques et normes, dont la ratification et la mise en œuvre ont contribué à renforcer et à actualiser les cadres législatifs du secteur culturel au niveau national. Par ailleurs, la mise en œuvre à l’échelle nationale des conventions et programmes culturels de l’UNESCO a également permis aux États de revoir leurs approches en matière de politiques publiques au cours des dernières années, afin de mieux démontrer l’impact de la mise en œuvre effective de ces cadres réglementaires sur le développement durable, notamment en intégrant les Objectifs de développement durable (ODD) dans leurs mécanismes d’évaluation et de suivi.
Malgré ces avancées structurelles fondamentales, le secteur culturel demeure vulnérable, une fragilité particulièrement mise en évidence par la pandémie de COVID-19. Tout en soulignant le rôle essentiel de la culture – et la valeur économique et sociale incontestée du secteur culturel dans les approches du développement durable – la pandémie a également lancé un signal d’alarme, en exposant les vulnérabilités préexistantes dans le secteur. Alors que des millions d’artistes et de professionnels de la culture se sont soudainement retrouvés au chômage, la nécessité de renforcer la sécurité sociale pour construire un secteur culturel plus résilient et prospère a été particulièrement mise en relief. De nombreux lieux et institutions culturels étant désormais menacés de fermeture définitive, mettant en péril la diversité culturelle, le renouvellement et la stabilisation de leurs modèles économiques sont apparus comme une priorité essentielle. Avec la suspension des voyages internationaux, la dépendance du secteur culturel vis à vis de l’industrie du tourisme et la nécessité de créer des modèles touristiques plus inclusifs et durables sont devenues des questions plus pressantes. De même, cela a également révélé la réalité des inégalités sociales et de la fracture numérique.
Le moment est venu de renouer avec la solidarité mondiale et de trouver de nouveaux moyens de collaborer en vue du bien commun
Un élan renouvelé en faveur de la culture et du développement durable
Les liens entre la culture et le développement durable étaient déjà au cœur des Conférences mondiales de l’UNESCO sur les politiques culturelles de 1982 et 1998, reflétant l’ancrage historique de cette vision, alors que la notion même de développement durable prenait forme dans le débat public mondial au début des années 1980, notamment sous l’impulsion de la Décennie mondiale des Nations unies pour le développement culturel (1988-1997), dont l’UNESCO était le chef de file. La Décennie mondiale visait à élargir les concepts de développement pour mettre davantage l’accent sur leur dimension culturelle, en encourageant les compétences créatives et la vie culturelle. Ce faisant, elle a contribué à redéfinir les contours d’un concept de développement qui avait déjà montré ses limites – étant principalement fondé, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la croissance quantitative et matérielle – en favorisant une approche plus globale du développement, qui tienne compte des aspirations des peuples et des sociétés. Toutefois, au cours des décennies suivantes, le lien entre la culture et le développement durable, qui était intrinsèquement propice à une vision transversale et holistique de la culture, a été relativement éclipsé par une approche plus sectorielle des politiques culturelles, jugée plus adaptée pour répondre aux objectifs de la mondialisation, ce qui a également entravé l’intégration effective du secteur culturel dans les politiques publiques aux niveaux national et mondial, et ce jusqu’à l’adoption de la Déclaration du millénaire des Nations unies en 2000 par la communauté internationale et le lancement des objectifs du millénaire pour le développement, qui ont précédé le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Au cours des dernières années, l’engagement des politiques publiques en faveur de la culture et du développement durable a connu toutefois un élan significatif aux niveaux mondial, régional et national, reflétant la reconnaissance incontestée du poids social et économique du secteur culturel et de son impact multidimensionnel sur la résilience, le bien-être et la prospérité. Cette dynamique a été renforcée par différents mécanismes de politiques publiques coordonnées ou accompagnés, à l’échelle mondiale, par l’UNESCO. Le réinvestissement du dialogue des politiques publiques sur la culture pour le développement durable aux niveaux mondial et régional, qui reflète l’aspiration croissante des pays à s’engager dans un dialogue multilatéral axé sur la culture, a été illustré notamment par le Forum des ministres de la Culture de l’UNESCO en novembre 2019. De même, l’intégration inédite de la culture dans le champ des discussions et priorités du G20 en 2019 et 2020, sous les présidences respectives de l’Arabie saoudite et de l’Italie, a marqué une avancée majeure, aboutissant à la toute première déclaration ministérielle du G20 sur la culture en juillet 2021. Les organisations régionales et sous-régionales se sont également révélées déterminantes pour amplifier cette dynamique, notamment en soutenant le dialogue ministériel régional sur la culture, la collecte de données, le suivi des politiques publiques et la collecte de données, ainsi que les efforts conjoints de plaidoyer pour documenter et démontrer l’impact de la culture sur le développement.
MONDIACULT 2022 insufflera un nouvel élan au dialogue politique mondial sur la culture et le développement durable, afin de faire progresser le libre échange d’idées et de connaissances, en encourageant la coopération entre tous les pays.
De même, la culture a gagné du terrain dans les cadres de développement durable de manière plus solide et systémique. Le changement de paradigme induit par l’adoption du Programme 2030 – dont l’architecture repose sur une approche globale des politiques publiques, au-delà d’une démarche en silos guidée par des politiques sectorielles , pose la vision du développement durable comme un ensemble de variables interdépendantes qui ouvrent la voie à de nouvelles approches et à la valorisation de la culture comme une dimension essentielle des processus de développement. Bien que la culture ne fasse pas l’objet d’un objectif de développement durable (ODD) spécifique, elle est présente dans les 17 ODD, reflétant ainsi son impact sur l’ensemble des politiques publiques, de l’inclusion sociale à la croissance économique, en passant par l’éducation, l’action climatique ou les politiques urbaines. Au sein du système des Nations unies, cette tendance est également manifeste, notamment à travers la dynamique suscitée par l’Année internationale de l’économie créative pour le développement durable en 2021 ou l’adoption prochaine d’une résolution renforcée des Nations unies sur la culture et le développement, qui reflète et amplifie l’engagement des pays.
Cette évolution est également reflétée par l’intégration de la culture comme dimension transversale dans les interventions des agences, fonds et programmes des Nations unies dont le mandat concerne l’éducation, les migrations, l’égalité des genres, le travail, le commerce, la propriété intellectuelle, les droits de l’homme, le tourisme ou encore le développement social. En outre, l’inclusion croissante de la culture dans la planification et le suivi du développement durable au niveau national – notamment dans les cadres de coopération au développement durable des Nations unies, les bilans communs de pays, des examens nationaux volontaires, ainsi que les évaluations d’impact et les plans de relèvement nationaux face à la COVID-19 – témoigne d’un ancrage plus solide et étayé de la culture dans les réflexions et pratiques relatives au développement durable. Pour accompagner cette dynamique, Pour stimuler cette dynamique l’UNESCO a mis en place une Plateforme inter-agences sur la culture pour le développement durable en mai 2021, réunissant 24 agences des Nations Unies ainsi que des organisations internationales et régionales, afin de favoriser un dialogue structuré et renforcer l’action conjointe. Au regard de ces dynamiques convergentes et à l’aube de la dernière Décennie d’action pour la réalisation du Programme 2030, la nature transversale de la culture et son impact transformateur seront déterminants pour combler les lacunes de la mise en œuvre du Programme 2030 et orienter les voies du développement durable.
MONDIACULT 2022 : Une pluralité de voix, des objectifs communs
Dans la perspective d’une réflexion holistique et approfondie sur les orientations futures des politiques culturelles, MONDIACULT 2022 mobilise les voix d’un large éventail de parties prenantes pour repositionner la culture au cœur des perspectives de développement par le biais de la coopération institutionnelle, intellectuelle et opérationnelle. Cette approche s’inscrit dans le rôle traditionnel tenu par l’UNESCO en tant que laboratoire d’idées. Si la conférence intergouvernementale MONDIACULT 2022 place les expériences, les besoins et les priorités des États membres au premier plan, les perspectives et les idées portées par une diversité de parties prenantes, y compris des organisations de la société civile, nourrissent considérablement le débat pour façonner les perspectives d’un secteur culturel plus inclusif, résilient et renouvelé.
Cinq consultations régionales organisées entre décembre 2021 et février 2022 ont permis de mettre en évidence les tendances actuelles en matière de politiques culturelles, notamment dans le contexte des stratégies de relance post-pandémique, d’identifier les domaines clés pour l’adaptation du secteur culturel afin de relever les défis actuels et les priorités spécifiques nécessitant un investissement politique urgent, en vue de formuler des recommandations concrètes et opérationnelles.
Construire la réflexion : Quelques pistes régionales
Si des différences se dessinent dans les priorités émergentes à travers les cinq régions, les consultations régionales inclusives ont identifié des tendances globales qui seront abordées par la Conférence MONDIACULT...
ResiliArt x MONDIACULT 2022 : Un mouvement de l’UNESCO pour et par les artistes et les professionnels de la culture
En parallèle des consultations régionales, l’UNESCO a fortement mobilisé les organisations de la société civile et professionnels de la culture, notamment à travers le mouvement ResiliArt x MONDIACULT 2022.
Le mouvement ResiliArt a été lancé par l’UNESCO en avril 2020 pour mettre en exergue, à l’échelle mondiale, les initiatives de résilience et les préoccupations des artistes et des professionnels de la culture face à la crise de COVID-19 par le biais de débats en ligne. À son lancement, la tenue de conférences en ligne accessibles au grand public était encore peu répandue ; ResiliArt a donc servi de plateforme pionnière d’échange ouvert dédiée à la culture, avec une mission et un cadre cohérents, stimulant le débat et de nouveaux espaces de dialogue. Une reproduction rapide à l’échelle mondiale a suivi et, à ce jour, plus de 350 débats ont été organisés dans plus de 115 pays, couvrant une multitude de sujets allant de la créativité au patrimoine. ResiliArt s’appuie sur le large succès du mouvement durant les épisodes répétés de confinement à l’échelle mondiale, qui ont permis de stimuler le débat entre les artistes et les professionnels de la culture de toutes les régions du monde.
Le mouvement offre une plateforme inclusive et accessible à tout acteur intéressé en vue de nourrir les délibérations de haut niveau qui mènent à MONDIACULT et en éclairer les résultats. Les recommandations, les données et les résultats de chaque débat ResiliArt x MONDIACULT seront recueillis par le biais d’une enquête en ligne, puis analysés par l’UNESCO afin de dresser un panorama des tendances par région. Cette analyse appuiera la préparation en amont de la conférence et des consultations des États membres, afin que les discussions de haut niveau à Mexico tiennent compte de l’évolution constante des besoins, des lacunes et des opportunités sur le terrain.