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Ensemble contre le harcèlement en milieu scolaire

Stefania Giannini, Sous-Directrice générale de l’UNESCO pour l’éducation
Ils s’appellent Monica, Yamin, Jimmy et Colette, et ne sont que quatre élèves touchés par le harcèlement à l’école parmi des millions dans le monde. En Zambie, Monica est harcelée par ses camarades de classe parce qu’elle est enceinte, et Yamin, en Chine, parce qu’ils pensent qu’elle se comporte comme un garçon. Dans son école, au Mexique, Jimmy voit un garçon se faire harceler simplement parce qu’il est pauvre, et Colette, en France, entend si souvent ses camarades lui dire qu’elle est moche qu’elle finit par le croire.
Le harcèlement touche des élèves de tous âges, dans tous les pays et toutes les régions du monde. En ce jeudi 5 novembre, première Journée internationale contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire, y compris le cyber-harcèlement, nous devons d’urgence prendre conscience de l’ampleur de ce fléau et réfléchir aux moyens de le combattre. Une montre que près d’un élève sur trois déclare avoir été victime de harcèlement au cours du dernier mois, ce qui en fait la forme de violence la plus répandue dans les écoles. Un élève sur dix a été victime de cyber-harcèlement, et cette forme de violence devrait encore augmenter dans le contexte de la pandémie de COVID-19, qui fait que beaucoup de jeunes, partout dans le monde, passent de plus en plus de temps en ligne.
Le harcèlement peut avoir un effet dévastateur sur les apprenants, surtout si aucune mesure n’est prise pour y remédier. Il peut compromettre leur apprentissage et entraîner de graves conséquences sur leur santé mentale.
Les élèves fréquemment harcelés présentent un risque trois fois plus élevé de se sentir exclus dans leur école et un risque deux fois plus élevé de manquer les cours. Ils obtiennent de moins bons résultats scolaires et sont également plus susceptibles de quitter l’enseignement formel après la fin du cycle secondaire. Ils sont deux fois plus susceptibles de se sentir seuls, de souffrir d’insomnie et d’avoir des pensées suicidaires.
Il est grand temps d’arrêter de penser que le harcèlement à l’école est un rite de passage inévitable vers l’âge adulte, qu’il est relativement inoffensif et que l’on ne peut pas faire grand-chose pour y mettre fin. Il existe des moyens pour les écoles de le prévenir et de le combattre ; des moyens d’empêcher que d’autres vivent la même chose que Monica, Yamin, Jimmy et Colette.
De nombreux systèmes scolaires dans le monde sont parvenus à réduire la violence à l’école au fil du temps. Ils le font parce qu’ils savent qu’instaurer un environnement sûr, favorable et bienveillant où les élèves peuvent apprendre et réaliser leur potentiel profite à tous.
Mais quelles sont les approches efficaces ? Le Comité scientifique de la a publié une série de recommandations visant à prévenir et prendre en charge efficacement toutes les formes de harcèlement à l’école.
Le Comité, composé de spécialistes de la prévention du harcèlement en milieu scolaire du monde entier, préconise une approche globale et holistique de l’éducation, fondée sur les données disponibles et sur les années de bonnes pratiques utilisées dans les différentes régions du monde. Il faut d’abord établir un leadership fort et des cadres politiques solides, puis créer un environnement scolaire sûr et positif sur les plans physique et émotionnel, où le bien-être des élèves est une priorité et où l’on respecte la diversité. Les enseignants doivent avoir accès à des possibilités de formation professionnelle, pour les aider à appliquer des mesures favorisant un environnement d’apprentissage sûr et à réagir de manière appropriée au harcèlement.
Les établissements scolaires peuvent enseigner activement des comportements respectueux aux élèves et leur apprendre à signaler les cas de harcèlement ainsi qu’à demander de l’aide, grâce à des approches fondées sur le programme d’enseignement. Cela suppose de dispenser un enseignement spécifique sur l’utilisation sûre et responsable des technologies numériques. Les approches globales de l’éducation devraient également impliquer la communauté locale, en mobilisant les parents et les membres de la communauté au sens large et en créant des liens entre l’école et les services professionnels, au cas où une orientation vers ces services serait nécessaire.
La nouvelle de l’UNESCO est une occasion opportune et nécessaire de nous rassembler dans le but commun de garantir des écoles exemptes de peur et de violence. Que nous soyons des professionnels de l’éducation qui mettons en œuvre une approche globale de l’éducation, des enseignants et des familles qui assurons éducation et soutien, des témoins qui intervenons ou des victimes qui nous exprimons, nous avons tous un rôle à jouer.
Aucun élève ne devrait avoir peur d’aller à l’école. Au contraire, les écoles peuvent et devraient être un lieu où tous les apprenants sont acceptés, accueillis et soutenus par leurs pairs et leurs enseignants. C’est à cette seule condition qu’ils pourront réaliser pleinement leur potentiel.