Accueillie par Jean-Pierre Ilboudo, chef du bureau de l'UNESCO à Kinshasa, cette réunion de lancement faisait suite à la signature d'un accord entre l'UNESCO et le gouvernement belge en décembre. Le gouvernement belge contribue au projet à hauteur de près de 1,7 million d'euros, tandis que l'UNESCO coordonne la mise en œuvre du projet avec ses partenaires.
Une première en Afrique
Le projet est une première pour l'Afrique, mais ce n'est pas la première fois que cette communauté du bassin du Congo fait figure de pionnière. En 1976, elle a été l'une des premières au monde à épouser l'idée - révolutionnaire à l'époque - que la meilleure façon de protéger la nature n'était pas de la rendre inaccessible à l'humain, mais plutôt d'encourager les communautés à vivre en harmonie avec la nature. C'est ainsi que la communauté a demandé à devenir membre du tout nouveau réseau mondial des réserves de biosphère de l'UNESCO. Aujourd'hui, ce réseau compte 727 membres dans 131 pays. Ces réserves de biosphère abritent 275 millions de personnes et couvrent 5 % de la surface de la Terre.
Quarante-cinq ans après avoir rejoint le réseau, la réserve de biosphère de Yangambi fait à nouveau figure de pionnière. Cette fois, elle a adopté l'idée de devenir un pôle de connaissances et un site d'observation du changement climatique et de la biodiversité. Elle sert également de site de démonstration pour les efforts visant à promouvoir le développement durable dans le bassin du Congo, notamment par le biais d'industries "vertes" telles que la pisciculture et la foresterie communautaire durable.
Une tour pour observer le deuxième plus grand puits de carbone de la planète
L'un des principaux partenaires du projet est l'université de Gand, en Belgique. En mars 2020, l'université a installé la tour Congoflux dans la réserve de biosphère de Yangambi, la première de ce type dans le bassin du Congo.
Une tour à flux mesure les échanges de gaz à effet de serre entre l'atmosphère et un écosystème. Haute de 55 m, la tour Congoflux s'élève à 15 m au-dessus de la canopée de la forêt et collecte, dans un rayon de 1 km2, des données sur les échanges de vapeur d'eau et de gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone, le protoxyde d'azote et le méthane entre l'atmosphère et la forêt.
Ces données permettront de combler des lacunes importantes dans notre connaissance du rôle que joue la forêt dans la séquestration du carbone et, par conséquent, dans la limitation du changement climatique.
Nous savons déjà que le Bassin du Congo n'est pas seulement la deuxième paire de poumons de la planète mais séquestre aussi plus de carbone par kilomètre carré que l'Amazone en raison de la densité de sa végétation. Les données provenant de la tour Congoflux seront donc particulièrement importantes pour la planification [de l'adaptation au changement climatique] non seulement à l'échelle locale mais aussi à travers le monde.

Un accent sur la recherche et la formation
Le second partenaire du projet est le Centre de surveillance de la biodiversité, (CSB), situé dans la ville proche de Kisangani. Il surveillera la biodiversité sur le terrain en utilisant des caméras pièges et des drones, ainsi qu'avec la collecte d'échantillons d'ADN environnemental (ADNe). Ces échantillons d'ADN sont relâchés par un organisme dans l’environnement ; ils sont en général ramassés sous forme d'eau, de sol, de sédiments ou de prélèvements de surface.
Le travail d'observation du CSB sera effectué en coopération avec le programme de l'Institut royal des sciences naturelles de Belgique pour développer les « capacités pour la biodiversité et le développement durable » (CEBIoS). Le CSB et le CEBIoS formeront également le personnel de la réserve de biosphère en télédétection, taxonomie, et autres.
Le troisième partenaire du projet est l’École Régionale Postuniversitaire d'Aménagement et de Gestion intégrés des Forêts et Territoires tropicaux (ERAIFT). Il contribue aux études socio-économiques et socio-anthropologiques du projet. L’ERAIFT est basé à Kinshasa mais dispose d’une antenne dans la réserve de biosphère de Yangambi. L’ERAIFT a été établie il y a 30 ans avec le soutien de l’UNESCO[1].
L’Ecole forme les spécialistes et décideurs africains sur comment applique l’approche écosystémique à la gestion des forêts africaines.
L’ERAIFT a été l’un des trois partenaires qui a aidé l’Université de Gand à installer la tour Congoflux dans la réserve de biosphère de Yangambi. Les autres furent le Centre indonésien pour la recherche forestières internationale et l’Institut national des études et recherches agronomiques (INERA) de Bukavu en République Démocratique du Congo.
En plus des données collectées par la tour Congoflux, les données de la surveillance de la biodiversité vont enrichir les contributions de la République Démocratique du Congo aux rapports nationaux et internationaux sur la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en renforçant les capacités du pays à fournir des données et des informations qui sont mesurables et vérifiables.
Au niveau local, l’INERA et le comité national du programme sur l’Homme et la biosphère, qui gèrent ensemble les réserves de biosphère, seront les partenaires de mises en œuvre institutionnels du projet.
[1] Voir :