Lorsque le cyclone Idai a frappé Chimanimani et une grande partie de l’est du Zimbabwe en mars 2019, il a laissé derrière lui un paysage de désolation, révélant la profonde vulnérabilité de la région face aux effets du changement climatique. Ce violent phénomène a coûté la vie à 634 personnes, touché plus de 270 000 habitants et endommagé des infrastructures d’une valeur de plusieurs millions de dollars.
Après cette catastrophe, la radio communautaire Chimanimani FM a été créée en 2022 dans le cadre du projet de relèvement post-Idai du Zimbabwe, financé par la Banque mondiale. Sa mise en place a été rendue possible grâce à la mobilisation des membres de la communauté, de la société civile et de partenaires internationaux, dont l’UNESCO et l’UNOPS.
Sous la direction de sa responsable, Themba Gata, Chimanimani FM diffuse 24 heures sur 24 avec le soutien de 30 bénévoles passionnés, dont beaucoup sont eux-mêmes des survivants du cyclone Idai. La station émet dans les langues locales, rendant des questions complexes comme l’adaptation au changement climatique, les systèmes d’alerte précoce ou encore l’agriculture durable concrètes et accessibles pour tous, des écoliers aux agriculteurs plus âgés. Dans toute la région, les familles se rassemblent autour de leur radio, source de réconfort, de solidarité et d’informations essentielles. Chimanimani FM représente aussi une voix d’espoir pour une population majoritairement rurale, confrontée à des catastrophes à répétition.
Nous n’avons plus besoin d’attendre que quelqu’un vienne nous expliquer la météo. Grâce à Chimanimani FM, nous comprenons les prévisions, nous anticipons et nous nous entraidons pour rester en sécurité. On a l’impression que ce sont les nôtres qui nous parlent, pas des étrangers.
Ce qui avait commencé comme une réponse d’urgence est aujourd’hui devenu un point d’ancrage local. Chimanimani FM informe, prépare et soutient plus de 150 000 auditeurs, diffusant des messages d’espoir dans la province du Manicaland et dans une partie de Masvingo.

Le programme phare de la station, Zvokwadi Zvedu ("Nos vérités"), donne la parole aux habitants pour qu’ils partagent leurs témoignages directs sur le changement climatique et les solutions mises en place au sein de la communauté, renforçant ainsi l’unité et la résilience. Le programme jeunesse Nhasi neMangwana ("Aujourd’hui et demain") a lancé des campagnes de plantation d’arbres, la création de clubs climatiques et des exercices de préparation aux catastrophes. Grâce à ces actions, les bénévoles collaborent étroitement avec le Département météorologique et des ONG pour diffuser des informations météorologiques précises, des alertes précoces et des conseils agricoles fondés sur les prévisions saisonnières.
Au début, je voulais juste aider. Puis j’ai compris que la radio était notre outil le plus puissant, que nous pouvions toucher tout le monde. Nous pouvions sauver des vies.
Avec l’appui de l’UNESCO, Chimanimani FM a permis d’établir un lien de confiance entre la communauté et les institutions. Des représentants du gouvernement, des agences humanitaires et des experts climatiques participent régulièrement aux émissions pour informer sur les politiques publiques et les stratégies d’intervention. Ouverte à tous, la station est ainsi devenue un espace démocratique où les habitants peuvent poser les questions difficiles et exiger des comptes.
L’UNESCO a joué un rôle clé dans l’obtention des licences pour les radios communautaires au Zimbabwe, dont Chimanimani FM. Nous avons travaillé en partenariat avec le gouvernement zimbabwéen et soutenu la fourniture d’équipements, l’installation de panneaux solaires et l’insonorisation des studios. Ces radios ne se limitent pas à la diffusion ; elles amplifient les voix des acteurs locaux, notamment face aux risques climatiques et aux catastrophes.
Grâce à la mobilisation locale, les premiers résultats sont déjà visibles. Dans les zones sèches de Chimanimani, les agriculteurs cultivent désormais des variétés résistantes à la sécheresse. Les coopératives féminines mènent des projets de collecte d’eau de pluie. Les jeunes "climate monitors" transmettent des informations en temps réel à la radio. Peu à peu, la communauté, autrefois brisée par le cyclone, se reconstruit pour devenir un exemple de résilience climatique et d’innovation.
De son modeste studio jusqu’aux villages de montagne les plus reculés, Chimanimani FM est bien plus qu’une simple radio : elle est devenue un vecteur d’espoir, d’initiatives et de changement.