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Le G20 adopte une Déclaration sur la culture pour la première fois

Pour la première fois dans l’histoire, les ministres de la Culture du G20 – groupe rassemblant les plus grandes économies mondiales – ont adopté le 30 juillet une Déclaration du G20 sur la culture. Celle-ci positionne résolument la culture comme levier d’une relance socio-économique durable face à la pandémie de COVID-19. La Déclaration inclut cinq priorités clés identifiées par la Présidence italienne concernant (i) la protection du patrimoine culturel, (ii) la culture et le changement climatique, (iii) la culture et l’éducation, (iv) les industries culturelles et créatives et (v) la culture face à la transformation numérique.
L’Italie a également franchi des étapes importantes dans la perspective d’intégrer la culture de façon permanente dans le G20, notamment en formalisant le Groupe de travail sur la culture pour construire un consensus entre les Membres et contribuer à la Réunion des ministres de la Culture et au Sommet des chefs d’État et de gouvernement du G20. Cette dynamique s’inscrit dans la continuité de l’avancée historique réalisée à l’initiative de l’Arabie saoudite, qui a mis la culture à l’ordre du jour du G20 en 2020. L’UNESCO, pour sa part, a soutenu et accompagné le processus dans son ensemble. La Directrice Générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a ouvert la réunion ministérielle aux côtés du Premier ministre italien, Mario Draghi. Elle a également participé aux séances de travail ministérielles.
La Déclaration – adoptée à Rome, Italie, sur le site du patrimoine mondial du Colisée – s’inscrit dans le processus global qui aboutira au Sommet des chefs d’État et de gouvernement du G20, qui se tiendra dans le courant de l’année. L’inclusion de la culture fait écho à l’élargissement progressif des discussions du G20, au cours des dernières années, vers une réflexion plus globale sur les enjeux sociétaux du monde contemporain. Elle témoigne également d’un alignement croissant des priorités du G20 sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations unies ; la promotion de modèles de croissance inclusifs et équilibrés ou encore l’élargissement des mécanismes de gouvernance à d’autres acteurs, telles que les organisations intergouvernementales et la société civile, témoignent en particulier de cette dynamique.

G20 : Repères clés

 

Le G20 a été renforcé dans le contexte de la crise financière mondiale en 2008. Fait remarquable, c’est en réponse à une autre crise majeure – celle de la pandémie de COVID-19 – que la culture prend pied aujourd’hui dans cette enceinte. La Déclaration sur la culture de 2021 reconnaît que la culture a non seulement une valeur intrinsèque mais également un rôle essentiel pour revitaliser nos économies et nos sociétés lourdement affectées par la pandémie. La Déclaration lance un signal politique fort, matérialisé par une série de lignes d’action approuvées par les ministres de la culture (voir ci-dessous).

La Déclaration du G20 sur la culture a la capacité de conjuguer

la mémoire et l’avenir.

Mario Draghi Premier Ministre d’Italie

Nous exhortons les Gouvernements à intégrer la culture dans les priorités des politiques publiques […] et à inclure la culture et le patrimoine culturel dans les stratégies nationales et internationales de relèvement des suites de la pandémie.

Extrait de la Déclaration finale sur la culture des ministres de la culture du G20, 30 juillet 2021

Les priorités de la Déclaration du G20 sur la culture

 

 

Première priorité : protection du patrimoine culturel

Au cours de la réunion, les ministres de la culture du G20 ont souligné l’importance du patrimoine culturel pour l’identité, la cohésion sociale, la paix et la sécurité. Les ministres ont également mis en évidence le fait que la culture se retrouve de plus en plus en première ligne des conflits. Ils ont échangé sur les mesures transnationales concertées, les collaborations public-privé, ainsi que la recherche et les actions coordonnées pour faire face aux menaces qui pèsent sur le patrimoine culturel. Parmi ces menaces figurent notamment le pillage et le trafic illicite des biens culturels, la destruction ou l’utilisation abusive du patrimoine culturel et des connaissances traditionnelles des populations autochtones, le développement urbain incontrôlé, la dégradation de l’environnement et les phénomènes naturels extrêmes.

Lignes d’action

-Harmoniser la réglementation et l’application des lois pour combattre le trafic illicite des biens culturels

-Établir un nouveau groupe de travail italien pour protéger le patrimoine culturel en situation d’urgence sur l’invitation de l’UNESCO

 

 

 

 

Deuxième priorité : culture et crise climatique

Les ministres de la Culture du G20 ont exprimé leurs inquiétudes au sujet de l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes à risque liés au changement climatique et de leur impact sur le patrimoine culturel. Ils ont également reconnu que la culture – en particulier le patrimoine matériel et immatériel, la créativité, les langues et les systèmes de connaissance des peuples autochtones – offre un réservoir important pour accélérer l’action climatique. Ils se sont félicités des efforts déployés par toutes les organisations intergouvernementales concernées – parmi lesquelles l’UNESCO – pour ancrer plus fermement la culture dans la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

Lignes d’action

-Renforcer la place de la culture dans l’action climatique dans les priorités mondiales

-Adapter et mettre en œuvre des directives internationales sur l’impact du changement climatique pour la préservation du patrimoine culturel

 

 

 

 

 

Troisième priorité : culture et éducation

Les ministres de la Culture du G20 ont discuté des synergies entre la culture et l’éducation comme une voie stratégique pour combler les lacunes actuelles et développer de nouvelles compétences et capacités. Ils ont mis l’accent sur la nécessité d’intégrer l’éducation et la formation culturelles dans toutes les disciplines et les secteurs. L’investissement dans l’éducation, la formation et la sensibilisation pour stimuler la création d’emplois, en particulier pour les jeunes, a été mis en avant. Les ministres ont également reconnu le rôle de l’éducation au patrimoine, des musées, des bibliothèques, des archives, des instituts de conservation, des universités, des communautés autochtones, ainsi que d’autres institutions culturelles et sites du patrimoine culturel pour stimuler l’apprentissage, en favorisant l’innovation et les synergies entre la science, la technologie, l’art et les sciences humaines.

Lignes d'action

Donner la priorité à l’investissement dans l’enseignement et la formation techniques et professionnels – à la fois dans le contexte formel et non formel – pour adapter les compétences à la transition numérique et écologique

 

 

 

 

Quatrième priorité : industries culturelles

Les industries culturelles et créatives produisent des effets d’entraînement sur l’économie dans son ensemble, en simulant les compétences créatives, la croissance et l’innovation dans d’autres secteurs économiques. Les ministres de la culture du G20 ont également reconnu l’impact social des industries culturelles et créatives et leurs répercussions sur le bien-être, l’inclusion sociale, l’égalité des genres ou encore la promotion de modes de production et de consommation plus durables. Ils ont enfin souligné la nécessité d’adapter les politiques liées à l’emploi, la protection sociale, l’innovation et l’entrepreneuriat aux spécificités du secteur culturel, afin de soutenir les stratégies de relèvement face à l’impact de la pandémie de COVID-19 et de contribuer, plus largement, à la vitalité et la durabilité du secteur créatif.

Lignes d'action

Adapter les dispositifs d’aide publique et les cadres réglementaires pour renforcer les droits et les conditions de travail des artistes et des professionnels de la culture – en ligne et hors ligne – en garantissant une rémunération équitable pour un écosystème plus résilient.

 

 

 

 

Cinquième priorité : transition numérique pour la culture

La discussion ministérielle a mis l’accent sur l’importance croissante de l’environnement numérique pour promouvoir la diversité et l’inclusion, favoriser la production et le transfert de connaissances interculturelles, ainsi que le développement de marchés culturels à l’échelle mondiale. Les ministres de la culture du G20 ont souligné la nécessité de coopérer pour faire face à la fracture numérique – exacerbée par la pandémie de COVID-19 – afin de garantir un accès universel à la culture, grâce aux outils numériques et à la formation et l’initiation aux médias et à l’information. Le renforcement de la recherche, du partage des connaissances et de l’engagement politique a également été souligné comme une priorité pour créer un écosystème numérique plus sûr afin de lutter contre la désinformation et les discours de haine en ligne. La promotion de contenus linguistiques et culturels diversifiés, la juste rémunération des créateurs et la protection de la liberté d’expression ont également été mises en avant.

Lignes d'action

-Renforcer l’accès à la culture en ligne

-Protéger la diversité culturelle et linguistique des contenus en ligne, notamment à travers la régulation de l’environnement numérique