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À l'horizon - Les petits États insulaires en développement : la diversité culturelle comme moteur de résilience et d’adaptation

Les petits États insulaires en développement (PEID) sont en réalité des États englobant de vastes étendues océaniques, et de leur avenir dépend, dans une large mesure, l’avenir de la planète. Ils sont en première ligne pour démontrer le pouvoir de la culture pour forger des réponses pour la résilience et l’adaptation aux dangers extrêmes et aux désastres liés au changement climatique. Ils jouent en particulier un rôle important pour créer des relations plus harmonieuses entre la nature et la culture, dans la lutte contre le changement climatique et la perte inquiétante de la biodiversité. S’étendant des Caraïbes au Pacifique, et incluant d’autres îles de l’océan Atlantique, de l’océan Indien et de la mer de Chine méridionale, les SIDS constituent une mosaïque de diversité., Ils diffèrent en termes de taille et de densité de population, de répartition géographique et présentent de différentes voies de développement. 30 % des océans du monde sont sous le contrôle des petits États insulaires en développement, et la sauvegarde de ces ressources est de plus en plus difficile en raison de multiples facteurs combinés.
Les PEID partagent un ensemble de caractéristiques sociales, économiques et environnementales communes, ce qui fait d’eux un laboratoire unique pour le développement durable, comme l’a reconnu la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement (le Sommet de la terre de Rio de Janeiro) en 1992. Ils présentent des vulnérabilités similaires, dont notamment une exposition élevée aux périls naturels et aux effets du changement climatique en raison de leur configuration géographique côtière et océanique. , a souligné le fait que « [dans le contexte de la crise climatique...], les petits États insulaires en développement, les pays les moins avancés [...] ne sont qu’à un choc de l’apocalypse ». En outre, leur taille et leur éloignement sont autant d’obstacles à leurs perspectives de croissance économique. Ces problèmes ont été exacerbés pendant la pandémie de COVID-19, notamment en raison de la baisse brutale des revenus du tourisme. En outre, leurs ressources culturelles, qui figurent parmi leurs principales sources de résilience, sont fragiles et de plus en plus menacées.
Malgré ces vulnérabilités, les PEID savent mettre à contribution le potentiel inhérent à leurs cultures pour atteindre leurs objectifs de développement et peuvent apporter de précieux enseignements à la communauté internationale dans son ensemble. Les îles possèdent une capacité d’adaptation incontestée qui leur a permis de survivre à des périodes difficiles, comme en témoigne leur longue histoire, enracinée dans des approches innovantes, dans la mobilisation sociétale et dans l’adaptation technologique. Aujourd’hui, les PEID apportent des points de vue d’une importance majeure qui montrent comment ancrer la culture dans des politiques publiques élargies, propices au développement durable. Leurs remarquables sites classés au Patrimoine mondial apportent des atouts scientifiques et historiques qui montrent la voie en matière de résilience. Ils peuvent jouer le rôle de laboratoires pour la recherche et l’analyse scientifiques, tandis que l’ensemble des systèmes de connaissances locaux et autochtones constituent une inestimable source de pratiques durables. En mobilisant ce potentiel, les PEID ont su faire efficacement entendre leur voix. Ils sont devenus des acteurs incontestés sur la scène internationale, dénonçant l’impact désastreux du changement climatique sur leurs moyens de subsistance et leur survie à l’occasion des négociations de l’Accord de Paris et du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ils ont notamment défendu la place de la culture dans les cadres de politique publique.
L’UNESCO, dont le mandat est axé sur les sciences, l’éducation et la culture, est idéalement placé pour renforcer les liens entre la culture et les stratégies de résilience des PEID. De plus en plus souvent, l’Organisation réoriente ses projets en vue de répondre aux besoins très spécifiques de ses 39 États membres et 9 États membres associés PEID. Les conventions et les programmes culturels de l’UNESCO fournissent en particulier un cadre clair capable de renforcer le rôle du patrimoine culturel, naturel et immatériel, ainsi que la créativité et l’innovation. Ils sont un moyen d’ouvrir de nouvelles voies de développement, de renforcer la résilience et de faire en sorte que la diversité culturelle des PEID continue d’enrichir toute l’humanité
Unis par l’océan, distincts de par leurs cultures
Les petits États insulaires en développement abritent certains des endroits les plus préservés et les plus divers de la terre : atolls de plages de sable blanc entourés de mers bleu azur et de récifs coralliens, chaînes de montagnes recouvertes de forêts pluviales, mangroves et vasières, ports et villes historiques, paysages culturels modelés par les pratiques agricoles traditionnelles. Certains sont des États côtiers très proches du niveau de la mer. Ils englobent certaines des plus petites nations au monde ‒ l’île du Pacifique de Niue, par exemple, compte seulement 1 600 habitants ‒ mais aussi des plus densément peuplées, comme les Maldives, qui comptent plus de 1 030 habitants par kilomètre carré. Les océans sont des réservoirs de la diversité naturelle et biologique, apportant des connaissances scientifiques et des réponses aux défis auxquels est confronté le milieu marin partout dans le monde.
Les PEID représentent également certaines des régions les plus diversifiées au monde sur le plan culturel, avec une vaste palette de cultures et de langues, en raison de leur histoire illustrant les liens entre la culture et la nature, la diversité culturelle et la diversité biologique. En tant que « sociétés diasporiques », formées à la suite de nombreux mouvements migratoires, volontaires ou non, les cultures des PEID n’ont pas seulement été façonnées par les interactions entre les personnes et leur environnement, mais aussi par l’influence croisée de leurs relations avec leurs régions d’origine et leurs voisins, avec comme trait d’union l’océan. Le patrimoine vivant et les sites des PEID inscrits sur la liste du patrimoine mondial attestent de cette diversité : marque du passé, avec le souvenir de l’esclavage et de l’envoi comme serviteurs sous contrat (Aapravasi Ghat à Maurice ; Forteresse de Brimstone Hill, à Saint Kitts et Nevis), traces de l’ère nucléaire du 20e siècle (site d’essais nucléaires dans l’atoll de Bikini aux Iles Marshall), récits et connaissances autochtones (domaine du chef Roi Mata à Vanuatu), et économies traditionnelles (site agricole de Kuk en Papouasie-Nouvelle-Guinée).
Les différentes sous-régions des PEID présentent toute une diversité de caractéristiques, forgées par leurs histoires, qui ont façonné leurs approches des politiques culturelles. Dans les PEID des Caraïbes, la majorité de la population a des liens avec l’Afrique et d’autres pays, partageant une histoire commune marquée par l’esclavage, la migration forcée et la coexistence de différents groupes ethniques (y compris d'Afrique, d'Asie de l'Est et d'Asie du Sud) au sein des sociétés de plantation. Les PEID des Caraïbes figurent parmi les cinq « points chauds de biodiversité » les plus importants au monde, avec quatre types de forêts différents et une grande variété d’écosystèmes côtiers et marins. La sous-région est généralement divisée en groupes linguistiques : les Caraïbes anglophones, francophones, hispanophones et néerlandophones. Après la fin de la domination colonialiste, la culture est devenue un outil important d’émancipation, occupant une place très particulière dans la vie caribéenne. Elle a ainsi favorisé le développement d’une identité culturelle locale qui diffuse une vision du monde fortement ancrée dans les racines africaines d’une grande partie de la population. Elle a aussi donné naissance à des formes originales et diverses d’expression culturelle et de patrimoine culturel immatériel, telles que la gastronomie, les festivals, les chansons et les arts de la scène. Dans les Caraïbes, les politiques culturelles nationales restent façonnées par un sentiment d’identité partagée, la conservation et la sauvegarde du patrimoine culturel demeurant une priorité pour plusieurs pays. Cependant, étant donné qu’une grande partie du patrimoine bâti résulte d’un passé colonial, le soutien apporté à sa préservation est souvent ambivalent. Par ailleurs, le lien existant entre l’histoire des expressions culturelles et l’activisme politique a parfois freiné le développement économique du secteur de la création. Néanmoins, il est notable que l’intérêt pour ce secteur est sur une pente ascendante.
Des nations insulaires du Pacifique à l’Atlantique, en passant par l’océan Indien et la mer de Chine méridionale (AIS), les PEID intègrent un héritage partagé d'écosystèmes marins diversifiés. Dans les nations insulaires du Pacifique, les systèmes traditionnels autochtones de connaissances et de propriété foncière façonnent les paysages îliens et marins. La région du Pacifique occupe un quart du globe terrestre, soit environ 165 millions de km2, égrenant plus de 20 000 îles, souvent séparées par de vastes étendues océaniques. La région est traditionnellement divisée en trois principales sous-régions géoculturelles – la Mélanésie, la Polynésie et la Micronésie – mais tout au long de leur histoire, les insulaires du Pacifique ont parcouru ces sous-régions, s’y sont installés et ont mutuellement interagi sans se laisser arrêter par ces démarcations. Figurant parmi les dernières grandes régions du monde où l’homme s’est installé, leur remarquable connaissance de la mer et de la navigation, associée à une stratégie d’exploitation des ressources capable d’une grande adaptation a permis aux peuples du Pacifique d’explorer avec succès les immensités de l’océan. La population de toutes les îles du Pacifique (à l’exception des îles Fidji) est composée à environ 80 % d’autochtones : leurs cultures, leurs langues et leur histoire les relient à leur migration préhistorique. Le savoir traditionnel, la culture et les réseaux d’entraide sociale sont essentiels pour leur subsistance, bien que ces aspects soient menacés par l’urbanisation. La sous-région mélanésienne, en particulier, compte parmi les plus grandes zones terrestres et marines de haute diversité biologique du monde.
« À un choc de l’apocalypse »
Quelle que soit leur situation géographique, les PEID présentent des vulnérabilités similaires qui vont en s’intensifiant. Tout d’abord, ils doivent mener un combat déséquilibré contre des événements météorologiques de plus en plus extrêmes, et faire aussi face aux conséquences à plus long terme du changement climatique, comme l’élévation du niveau des eaux. Tuvalu et les Maldives, par exemple, ne s’élèvent qu’à 5 mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui les rend fortement vulnérables aux inondations. Le Département des affaires économiques et sociales (DAES) des Nations unies estime que, depuis 1970, les PEID ont en raison d’événements liés au climat, alors même qu’ils ne sont responsables que de . En outre, la plupart des PEID sont situés dans des zones d’activité tectonique, et sont par conséquent vulnérables aux éruptions volcaniques, aux tremblements de terre et aux tsunamis. Plus de 60 % des pays les plus touchés par les catastrophes sont de petits États insulaires – avec des dommages atteignant jusqu’à , selon le Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement (Global Facility for Disaster Reduction and Recovery ‒ GFDRR, en anglais). La crise climatique vient s’additionner à la crise actuelle de la biodiversité causée par la surexploitation des ressources, la destruction des habitats côtiers et l’apparition d’espèces exotiques invasives. Cette grave perte de biodiversité accentue la dégradation de l’écosystème, exacerbant la vulnérabilité aux dangers naturels, et mettant en péril le patrimoine culturel et la sécurité alimentaire des insulaires. Elle a également un impact majeur sur le tourisme et la pêche, qui peuvent également causer des ravages sur le plan économique.
Les PEID ne sont responsables que de 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Plus de 60 % des pays ayant subi les pertes les plus importantes causées par des catastrophes naturelles sont des PEID - avec des dommages coûtant jusqu'à 9 % du PIB (UNDESA/GFDRR).
Les économies des PEID sont confrontées à l’impératif de diversification économique dans le cadre de la croissance économique et sociale, ce qui rend plus difficile leur résilience face aux chocs externes. Dans ce contexte, la culture peut apporter un changement majeur à travers le secteur créatif, notamment l’artisanat, la musique, les arts du spectacle, la cuisine et l’alimentation, les arts du spectacle, la cuisine et les biens culturels liés à l’alimentation. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans deux États insulaires sur trois, , et parfois plus de 40 % pour certains pays, dont Antigua-et-Barbuda, le Belize, le Cap-Vert, la Grenade, les Maldives, Sainte-Lucie et les Fidji. En 2019, les PEID ont attiré environ 44 millions de visiteurs et le secteur du tourisme a généré 55 milliards de dollars de revenus à l’exportation. Or, selon les dernières données de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) de l’ONU, les PEID ont subi une par rapport à 2019. Ces vulnérabilités entraînent un taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes (10 % dans le Pacifique), qui sont de plus en plus nombreux à quitter les îles, et favorisent le développement d’une économie informelle.
Il est estimé que depuis 1970, les PEID ont perdu 153 millions de dollars américains en raison de catastrophes liés au climats (UNDESA/GFDRR).
La diversification insuffisante du secteur économique dans les PEID contribue à la fragilité du secteur culturel dégradant davantage les moyens de subsistance des communautés fortement touchées par les vulnérabilités environnementales. Les effets négatifs du changement climatique et des catastrophes ne se limitent pas à affecter les biens culturels matériels et naturels, tels que les édifices, les monuments ou les sites archéologiques ; ils frappent aussi le patrimoine culturel immatériel, avec la perte de la tradition orale et des langues, et ils compromettent les investissements dans le secteur créatif, ainsi que son développement. En outre, le départ des jeunes crée un besoin urgent de sauvegarde de toutes les dimensions de la culture en vue de sa transmission aux jeunes générations. Les vulnérabilités des PEID, complexes et qui se recoupent, sont telles que l’ONU est actuellement engagée dans la conception d’un ( en anglais), à laquelle l’UNESCO contribue, car la culture est une dimension clé à prendre en considération.
(OECD)
Les politiques culturelles, socle de la résilience
Dès 1994, la communauté internationale a reconnu l’importance de la culture dans le développement durable des PEID, car « la protection de la culture est une condition importante pour la protection du développement durable ». C’est au cours de la même Conférence mondiale des Nations Unies sur le développement durable des PEID que le a été adopté. La (2005) précise en outre que la culture et le patrimoine insulaires, y compris le patrimoine culturel immatériel, constituent des voies importantes d’accès au développement durable. En 2014, les ont enjoint la communauté internationale à soutenir les PEID pour consolider le patrimoine et la créativité au travers de quatre priorités : la culture pour un développement durable ; le patrimoine culturel et naturel ; le patrimoine vivant et les secteurs culturels ; et le tourisme durable. Les Orientations de Samoa ont réaffirmé en outre que « le patrimoine autochtone bioculturel fait valoir les liens profonds entre les personnes, la culture, les connaissances et l’environnement naturel et peut fortement favoriser le développement durable ».
L’une des cinq priorités du document , adopté deux ans plus tard, est le renforcement des capacités de sauvegarde du patrimoine culturel et naturel, y compris le patrimoine marin et subaquatique, ainsi que le patrimoine vivant et le tourisme créatif et durable. Cette priorité met en avant la mise en œuvre d’instruments normatifs, y compris les Conventions culturelles de l’UNESCO, ainsi que l’adoption de lois et de politiques publiques nationales. Pour soutenir son Plan d’action, l’UNESCO gère un , qui soutient le renforcement des pratiques de gestion des sites et apporte une aide aux nouvelles nominations à la liste du patrimoine mondial.
L’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 a marqué un jalon important pour de nombreux PEID et a ouvert la voie à une approche encore plus stratégique de la culture et du développement. Bien que la culture soit étroitement intégrée à la vie quotidienne des PEID, les politiques culturelles n’ont pas toujours été une priorité en raison de la taille et de la capacité économique de ces pays. Néanmoins, les liens inhérents au Programme de développement durable à l’horizon 2030 sont propices à l’émergence d’une vision transversale des politiques publiques dans les PEID. Tous les PEID ne disposent pas de politique culturelle, mais la plupart en élaborent aujourd’hui, soit en tant que législation autonome, soit en l’intégrant à d’autres politiques sectorielles. Parmi les exemples récents figurent la Politique culturelle nationale de la Barbade (2010), de Samoa (2019) et du Belize (2016), la politique et le plan stratégique nationaux pour la culture et le patrimoine des Îles Caïmans (2017) ou la création de l’Institut national pour la culture le patrimoine et les arts des Seychelles (2021). En outre, les îles Cook ont adopté des stratégies nationales suite à l’adoption des ODD (Objectifs de développement durable), qui incluent la culture comme l’un des objectifs nationaux de développement. Les îles Kiribati et Fidji sont également engagés à élaborer une politique culturelle nationale.
Étant donné la nécessité de renforcer les capacités au niveau national, les organisations intergouvernementales au niveau régional influencent souvent fortement les politiques culturelles. Le sens commun de l’identité culturelle sous-régionale des Caraïbes a été utilisé comme plate-forme d’intégration régionale par le biais d’organisations comme la Communauté caribéenne (CARICOM). Cette dernière a adopté sa première politique culturelle sous-régionale en 1995, en privilégiant principalement le rôle de la culture dans le développement au sens le plus large. La CARICOM souhaite également faciliter la mobilité des artistes et des professionnels de la culture dans le Marché et l’économie uniques de la Communauté des Caraïbes, même si cette mise en œuvre reste complexe. Une caractéristique claire des politiques culturelles dans la sous-région du Pacifique est qu’elles sont plus étroitement alignées sur les politiques de développement durable que dans d’autres régions du monde, en grande partie grâce à des systèmes régionaux solides, tels que la Communauté du Pacifique (CPS). Ces systèmes ont guidé les stratégies et les plans de développement multisectoriels dans une grande partie du Pacifique au cours des deux dernières décennies et ont commencé à réexaminer leur Stratégie culturelle régionale.
« La culture est à la fois le fruit et la racine du développement. Elle doit être introduite dans chaque phase et chaque aspect du processus du développement. »
Politique culturelle régionale de la Communauté caribéenne (1994)
En outre, les PEID ratifient progressivement les Conventions culturelles de l’UNESCO, qui sont des outils importants à la fois pour préserver la diversité culturelle en tant que source de résilience et pour enraciner la culture dans des cadres de politique publique plus larges. Presque tous les PEID ont adhéré à la . Le taux de ratification s’élève également à plus de 90 % pour la , ce qui constitue un indicateur de la priorité élevée accordée au patrimoine vivant. Niue et le Cap Vert ont ratifié la en 2019, portant le total à 15 États. Un peu plus de la moitié des PEID ont adhéré à la . Les Conventions offrent aux pays des outils qui leur permettent de renforcer leurs cadres politiques dans les différents domaines culturels, tout en élargissant la coopération internationale et les opportunités d’acquisition de capacités.
Les leçons de durabilité du continent aquatique
Aujourd’hui, de nombreux PEID s’identifient comme de « grands États océaniques » afin d’inclure les vastes zones et ressources océaniques au sein de leurs juridictions, car leurs que leur superficie terrestre. Autrement dit, 3,5 % des PEID sont terrestres, tandis que 96,5 % sont des zones marines, selon le . Ces territoires océaniques, appelés zones économiques exclusives (ZEE), signifient que les PEID contrôlent environ 30 % de la totalité des océans et des mers, ce qui ouvre la voie à d’énormes opportunités dans le cadre de l’« économie bleue ». Ce fait joue un rôle d’une importance cruciale pour l’avenir de la planète, en termes de préservation de la biodiversité, de lutte contre le changement climatique ainsi que pour soutenir la sécurité alimentaire, qui est intrinsèquement ancrée dans les savoir-faire et pratiques traditionnels. On estime que 50 à 80 pour cent de toute la vie sur Terre se trouve sous la surface de l’océan. Une grande partie de notre patrimoine se situe donc dans les zones marines.
Signes de cette relation unique, 50 sites du patrimoine mondial sont des sites du patrimoine marin, dont huit sont situés sur les territoires des PEID. L’UNESCO dirige d’ailleurs un . Le site de l’atoll d’Aldabra, aux Seychelles, classé au patrimoine mondial, est une véritable réussite en matière de conservation, principalement en raison de sa population de tortues géantes, qui a recommencé à augmenter après avoir été menacée d’extinction avant l’inscription du site en 1982. Les observations et les interprétations autochtones des phénomènes météorologiques et océaniques guident les communautés locales depuis des millénaires. À Palaos, par exemple, le principe de zone interdite de pêche, ou bul, peut être imposé afin de protéger une zone de récif pendant les périodes de frai des poissons.
Les récifs coralliens sont des écosystèmes particulièrement importants pour la planète, notamment pour l’atténuation du changement climatique. Plusieurs grands systèmes de récifs sont classés au patrimoine mondial. La région du Pacifique abrite plus du quart des récifs coralliens du monde, tandis que la région des Caraïbes en comprend environ 10 %. Le site de la réserve des barrières de corail du Belize, par exemple, est le deuxième plus grand système de récifs au monde et joue un rôle important pour la diversité marine dans la région. Occupant moins d’un pour cent du fond de l’océan, les récifs viennent en soutien à 25 % de toute la vie marine. Environ (dont beaucoup sont des PEID), selon un récent rapport de l’UNESCO intitulé . Actuellement, les trois quarts des récifs coralliens de la planète sont fortement menacés par des pressions locales et le changement climatique. Il en résulte de graves inquiétudes quant à l’état de conservation de nombreux sites, avec des conséquences très lourdes pour des communautés dans le monde entier. L’UNESCO soutient également . Son but est de venir en aide aux récifs coralliens et aux communautés qui en dépendent pour leur permettre de s’adapter au changement climatique et aux menaces locales, y compris dans les sites classés au patrimoine mondial, comme la et le Lagon sud des îles Chelbacheb (Palaos).
Les récifs coralliens sont des écosystèmes particulièrement importants pour la planète, notamment pour l’atténuation du changement climatique. Plusieurs grands systèmes de récifs sont classés au patrimoine mondial. La région du Pacifique abrite plus du quart des récifs coralliens du monde, tandis que la région des Caraïbes en comprend environ 10 %. Le site de la réserve des barrières de corail du Belize, par exemple, est le deuxième plus grand système de récifs au monde et joue un rôle important pour la diversité marine dans la région. Occupant moins d’un pour cent du fond de l’océan, les récifs viennent en soutien à 25 % de toute la vie marine. Environ (dont un nombre considérable sont des PEID), selon un récent rapport de l’UNESCO intitulé . Actuellement, les trois quarts des récifs coralliens de la planète sont fortement menacés par des pressions locales et le changement climatique. Il en résulte de graves inquiétudes quant à l’état de conservation de nombreux sites, avec des conséquences très lourdes pour des communautés dans le monde entier. L’UNESCO soutient également . Son but est de venir en aide aux récifs coralliens et aux communautés qui en dépendent pour leur permettre de s’adapter au changement climatique et aux menaces locales, y compris dans les sites classés au patrimoine mondial, comme la et le Lagon sud des îles Chelbacheb (Palaos).
Outre leur rôle dans l’atténuation du changement climatique, les PEID apportent des informations et pratiques essentielles sur les stratégies d’adaptation au changement climatique par le biais du patrimoine culturel et de l’environnement qui l’entoure, y compris les moyens de subsistance. Par exemple, le de Rennell Est, aux îles Salomon, est un véritable laboratoire naturel, source de connaissance et de recherche scientifique en raison des puissants effets climatiques provoqués par des cyclones fréquents. Les sites archéologiques, tels que les vestiges de villages de Palaos, dans Chelbacheb, témoignent des conséquences de la croissance démographique et du changement climatique sur la subsistance dans un environnement marginal. Les sites du patrimoine culturel subaquatique dans les PEID, tels que les colonies humaines submergées, les pièges à poissons en pierre et les ports antiques possèdent également un grand potentiel pour aider à reconstituer les cultures antérieures et faire progresser les connaissances sur le climat. La soutient la connaissance et l’exploration scientifiques de ces sites et itinéraires, à l’instar de l’archéologie marine et subaquatique le long du Pacifique Sud-américain, ainsi que dans les alentours de l’Asie du Sud et du Sud-Est, entre autres. En 2021, l'UNESCO a publié un (UNESCO training manual for the protection of the underwater cultural heritage in Latin America and the Caribbean, en anglais) afin de soutenir la protection du vaste éventail de patrimoine subaquatique de la région. Ce manuel offre une ressource pratique aux professionnels du patrimoine, aux autorités nationales et aux universités pour leur permettre de former des archéologues subaquatiques conformément à la Convention de 2001 de l'UNESCO.
En outre, l’héritage vivant, sous la forme des connaissances autochtones et locales dans les PEID, offre des solutions qui ont fait leurs preuves pour renforcer la résilience des communautés aux catastrophes environnementales et favoriser l’innovation en vue de la survie. L’architecture vernaculaire du Vanuatu, qui prend la forme du « , la demeure traditionnelle du chef, incarne des valeurs, des compétences et des pratiques qui jouent un rôle essentiel dans le maintien de la cohésion sociale et de la résilience de la communauté. Les maisons de réunion traditionnelles samoanes, les « fale tele », montées sur une fondation surélevée en pierre, ont une architecture qui les rend résilientes aux catastrophes. Les pratiques coutumières telles que le système traditionnel de l’inati des Tokelau, qui assure la distribution équitable des poissons après une expédition de pêche collective, ont préservé l’harmonie sociale dans des conditions sociales et économiques précaires. Au Cap-Vert, les connaissances traditionnelles du calendrier lunaire fournissent aux pêcheurs artisanaux locaux des informations sur l’endroit où pêcher. Les agriculteurs de Tonga ont leur propre .
complètent la science du climat en proposant des observations à une échelle spatiale beaucoup plus fine et bénéficient d’une profondeur temporelle considérable. Ces connaissances des peuples des PEID peuvent apporter une contribution significative à la (2021-2030). Seuls 20 % des fonds marins ont été entièrement explorés et la Décennie de l'océan, emmenée par l’UNESCO en coopération avec d’autres agences de l’ONU, vise à pallier cette lacune. Le du Pacifique, qui englobe les connaissances des insulaires en matière de navigation, de biodiversité marine, ainsi que leurs connaissances techniques des vagues, des marées, des courants, de la conservation des côtes et des récifs, est une ressource vitale. Ce patrimoine culturel immatériel est toutefois fragile : citons l’exemple de la des États fédérés de Micronésie, qui figure aujourd’hui sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. Les efforts visant à préserver les langues autochtones, notamment dans le cadre de la , menée par l’UNESCO, sont essentiels pour préserver ces connaissances locales.
« La science qui nous permet de comprendre la terre, la nature et les océans ne se résume pas à des graphiques et à des données. Il s’agit aussi de comprendre les histoires, le lien humain et les émotions qui expliquent pourquoi ces lieux sont si importants. C’est ce que nous pouvons apprendre des peuples autochtones, qu’ils soient navigateurs, chasseurs ou traqueurs. »
Lehua Kamalu - Polynesian Voyaging Society (PVS)
En outre, sur la scène mondiale, les PEID ont montré la voie en ce qui concerne la planification de la réduction des risques liés aux catastrophes, en plaçant la culture au centre de leur plaidoyer stratégique. En 2012, Samoa a été l’un des premiers pays à inclure la culture dans l’Evaluation multisectorielle de besoins post-catastrophe (PDNA) après le passage du cyclone Evan, l’intégrant dans les politiques de relance à plus long terme. Cette méthodologie a depuis été de nouveau appliquée, notamment après le passage du cyclone Winston aux Fidji (2016). Cette démarche a permis d’obtenir des fonds pour restaurer le port historique de Levuka, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle a aussi renforcé la planification de la préparation aux risques et les politiques de sensibilisation à l’environnement. Par ailleurs, les PEID ont contribué aussi bien à l’établissement et à la mise en œuvre de mesures préventives pour évaluer les risques de tsunamis par l’intermédiaire du coordonné par la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO, qu’ à l’éducation des communautés vulnérables aux mesures de prévention.
L’UNESCO Å“uvre à soutenir les PEID aussi à travers l’imagerie satellitaire des sites du patrimoine culturel. Après le passage du cyclone tropical Harold en avril 2020, le Fonds d’urgence pour le patrimoine, en coopération avec UNOSAT-UNITAR, a apporté son aide pour l’analyse par imagerie satellitaire de sites du patrimoine culturel aux Fidji et au Vanuatu. À la suite de l’atelier de 2020, Résilience aux catastrophes dans le secteur culturel des Caraïbes, organisé par l’UNESCO en partenariat avec l’Agence caribéenne de gestion des urgences en cas de catastrophe (CDEMA), les membres de la CARICOM ont élaboré un plan d’action sous-régional des Caraïbes pour la résilience aux catastrophes et le relèvement du secteur culturel. En outre, des stratégies de réduction des risques liés aux catastrophes et d’adaptation au changement climatique ont été mises en Å“uvre dans plusieurs propriétés du Patrimoine mondial, notamment le (´³²¹³¾²¹Ã¯±ç³Ü±ð), des Pitons (Sainte-Lucie), (Curaçao) et la forteresse de Brimstone Hill (Saint Kitts and Nevis).
Le patrimoine culturel immatériel joue un rôle particulièrement important dans les processus de relance et de reconstruction, en particulier grâce aux connaissances et aux pratiques locales. En 2020, l’UNESCO a lancé « ». Ces principes et modalités fournissent des conseils sur la manière d’impliquer et de sauvegarder le plus efficacement possible le patrimoine vivant en situations d’urgence, et en accord avec les principes de la Convention de 2003. L’UNESCO soutient le travail de renforcement de compétences pour la sauvegarde du patrimoine vivant dans les situations d’urgence au Belize, aux Bahamas, à Fidji et Tonga et au Vanuatu.
Marées montantes, capacités montantes
Le tourisme représentant une grande partie des économies des PEID, les investissements dans le tourisme culturel permettront de consolider le secteur. L’UNESCO encourage le développement d’un tourisme culturel, durable et responsable en vue de la reprise post-COVID 19. En valorisant le patrimoine naturel et culturel, ainsi que les pratiques du patrimoine culturel immatériel, les PEID peuvent diversifier l’offre touristique au-delà du tourisme balnéaire et créer des opportunités d’emploi, en particulier pour les jeunes. C’est précisément ce qu’ont fait le Suriname et la Grenade, par exemple, en investissant dans la : (site classé au patrimoine mondial) au Suriname, et la capitale de la Grenade, , conformément à la de 2011. Le patrimoine culturel subaquatique offre également des possibilités de tourisme durable dans les PEID, avec ses nombreuses grottes et sites sous-marins qui forment les principales attractions de l’écotourisme marin. Par exemple, dans les États fédérés de Micronésie, le tourisme de plongée sur le avec ses navires coulés et ses avions abattus lors de la Seconde Guerre mondiale continue d’attirer les visiteurs. En outre, le canoë autochtone à double coque, le « drua », est non seulement exposé au Musée des Fidji, mais il est également utilisé pour proposer aux touristes une navigation en compagnie d’un équipage traditionnel, mettant en valeur l’aspect du patrimoine culturel subaquatique.
En outre, le tourisme culturel lié au patrimoine culturel immatériel possède un fort potentiel de diversification de ses produits et services aux visiteurs en proposant des types d’hébergement respectueux, la gastronomie, des expériences, des festivals et un contact avec le patrimoine culturel local, contrairement au modèle de développement du tourisme de masse. En outre, il nourrit un sentiment de fierté au sein des communautés. De nombreux éléments des PEID inscrits sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO sont liés aux événements festifs et aux arts du spectacle, qui sont déjà des moteurs du tourisme culturel durable et des secteurs créatifs – en particulier dans les Caraïbes – comme c’est le cas de la dans le centre de Cuba. Des événements comme le carnaval de Trinité-et-Tobago attirent plus de 30 000 visiteurs étrangers pour un événement de deux jours, ce qui représente un impact économique local important. En 2015, l’édition annuelle du Festival des arts pancaribéens, le CARIFESTA, organisé à Port-au-Prince, en Haïti, réunissant spectateurs et artistes venus de toute la région, a non seulement été l’occasion d’un échange culturel, mais a aussi stimulé la rénovation de lieux culturels dans tout le pays. Durement touchés par le séisme de 2010, leur vitalité culturelle peinait encore à se rétablir.
Le carnaval de Trinité-et-Tobago attire plus de 30 000 visiteurs étrangers pour un événement de deux jours.
Investir dans des stratégies de développement du patrimoine s’éloignant de l’héritage historique non seulement permet de créer un lien avec l’avenir, mais aussi encourage l’engagement et la participation de la jeunesse. Il existe des exemples novateurs de sites du patrimoine mondial qui modifient le discours et contribuent à l’inclusion sociale. , à la Barbade, site classé au patrimoine mondial, était souvent la première escale de ceux qui avaient survécu à l’atroce traversée de l’Atlantique. Ce site est un exemple significatif de la manière dont la sauvegarde du patrimoine - y compris les chapitres douloureux de l'histoire - peut être consciencieusement liée au développement du tourisme durable. Depuis son inscription, l’information publique – notamment en collaboration avec les écoles et le Musée de la Barbade – a été essentielle pour faire évoluer le récit sur le site, en citant par exemple le rôle crucial joué par les ancêtres, artisans qui ont construit la propriété. En favorisant ce sentiment d’inclusion dans l’histoire du lieu, il a permis aux Barbadiens de percevoir leur place dans le développement de leur patrimoine. Figurant parmi les premiers monuments construits par des esclaves ayant acquis leur liberté, la de Haïti, inscrite au patrimoine mondial, fait office de symbole universel de liberté.
Investir dans l’économie créative aux côtés de l’« économie bleue » est également une priorité. Les industries du droit d’auteur de Sainte-Lucie et de Saint Kitts and Nevis, par exemple, contribuent respectivement à 8 % et 6,6 % du PIB, soit des chiffres supérieurs à la moyenne mondiale (5 %), selon les données de l’ (OMPI). Le patrimoine culturel immatériel est souvent une source d’inspiration pour les secteurs culturels et créatifs, notamment grâce aux arts du spectacle dans les Caraïbes et à l’artisanat dans le Pacifique. Il offre, par ailleurs, des possibilités accrues d’exportation de biens et services culturels. La Jamaïque, par exemple, finalise une , qui vise à libérer le potentiel des expressions culturelles distinctives du pays, y compris le en 2018. La stratégie nationale de Niue vise à exploiter le potentiel économique du secteur créatif pour autonomiser les femmes et les jeunes. D’autres pays entendent réviser et renforcer leurs stratégies, comme les Seychelles.
Les villes sont des espaces clés pour le développement de l’industrie créative, offrant des perspectives prometteuses pour un secteur créatif plus robuste. La République dominicaine a également mené à bien un projet de revitalisation à grande échelle de la , classée au patrimoine mondial. Ce projet s’efforce également d’attirer des entreprises créatives dans la région, et a créé un espace public d’art et de rencontre. Les exportations numériques peuvent également devenir une importante source de revenus pour ces petits États si des stratégies et des politiques peuvent être mises en place en faveur de l’éducation, des compétences et des écosystèmes nécessaires pour leur permettre de prospérer.
L’UNESCO soutient les PEID dans le développement de leurs secteurs créatifs, par le biais de la Convention de 2005, notamment en renforçant les capacités de suivi des mesures de protection et de promotion de la diversité des expressions culturelles à Maurice, dont la capitale, est devenue membre du en 2021 grâce à sa scène musicale dynamique. Dans le Pacifique, plus de 200 professionnels du secteur de la création aux Fidji, à Tonga, à Palaos et au Vanuatu ont participé à la relance du programme Maître-Apprenti à travers le projet conjoint des Nations Unies sur la relance économique inclusive. Dans le cadre du même projet de réponse et de relèvement après le COVID-19, l’UNESCO, en partenariat avec l’Organisation internationale du travail (OIT), a soutenu la création d’associations qui ont aidé les professionnels de la création à faire entendre leur voix dans les discussions politiques. Depuis 2010, le a consacré plus de 10 % aux PEID dans le cadre de 11 projets. Plus de 700 000 $ ont été accordés à 8 PEID afin de promouvoir des secteurs culturels nationaux dynamiques, notamment le développement d’une politique culturelle à la , la réforme de la politique culturelle às et la mesure de la contribution économique des industries culturelles au développement national d’. Cette année, le FIDC soutient des projets au .
Le renforcement du lien entre la culture et l’éducation est essentiel pour la transmission du patrimoine culturel immatériel des PEID aux générations futures, ainsi que pour libérer le potentiel du secteur créatif. La transmission du patrimoine culturel immatériel dans les PEID est généralement une forme d’éducation informelle au sein de la communauté. Cependant, la valorisation du patrimoine culturel immatériel par un apprentissage formel ou non formel renforce sa sauvegarde. L’UNESCO a soutenu le développement de afin d’intégrer le patrimoine culturel immatériel (PCI) dans les programmes. Remarquable source d’inspiration pour les industries créatives, la sauvegarde de ce patrimoine ouvrirait également la porte à des opportunités économiques, en particulier pour les jeunes, et contribuerait à freiner la fuite actuelle des cerveaux. Le renforcement de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP) dans le secteur créatif est également une priorité essentielle. Le programme majeur « » dans les Caraïbes vise également à consolider les échanges avec l’UE par le biais des secteurs culturels et créatifs. Ce programme a créé le Caribbean Cultural Training Hub, qui propose des cours en ligne et en présentiel en rapport avec les secteurs culturels et créatifs et le tourisme durable. Il renforce ainsi les liens entre la culture et l’éducation et permet de former de jeunes professionnels de la culture à la rédaction de demandes de subventions de projets culturels.
La culture : les effets d’entraînement
La contribution particulière des PEID à l’action climatique – par le biais des sites du patrimoine mondial naturel, du patrimoine culturel immatériel et des systèmes de connaissances autochtones – profite à la planète entière et nécessite une coopération avec l’ensemble de la communauté internationale. Le potentiel des cultures des PEID est de plus en plus exploité dans d’autres domaines politiques tels que la réduction des risques de catastrophe, la sécurité alimentaire, la diversification économique et la lutte contre les inégalités sociales. Bien que certains PEID n’aient développé que récemment des politiques culturelles à part entière, il y a une aspiration croissante à mieux ancrer la culture dans leurs politiques publiques. Beaucoup sont exemplaires pour tirer parti de la culture et l’intégrer dans des cadres politiques publics plus larges.
La tendance à la révision, à l’adaptation et au développement des politiques culturelles dans les PEID est un signe encourageant de l’efficacité et de la mise en œuvre des Conventions culturelles de l’UNESCO, qui exercent un impact effectif sur le dynamisme du secteur culturel dans son ensemble, compte tenu notamment de la faiblesse des dépenses publiques consacrées à la culture et de la capacité institutionnelle à promouvoir et à protéger le patrimoine culturel et la créativité. Le renforcement des mécanismes de politique sous-régionale - en particulier, la CARICOM et la Communauté du Pacifique (CPS) - est une étape positive pour mutualiser l’expertise liée à la production de données, le développement des marchés et des échanges culturels régionaux, l’expansion de l’économie créative et du tourisme durable, ainsi que la mobilité des artistes et des professionnels de la culture, entre autres. Bien que ces processus régionaux constituent une avancée importante, leur opérationnalisation et leur intégration dans les politiques nationales devraient être davantage soutenues. La ratification des Conventions culturelles de l’UNESCO ouvre également des possibilités de financement, de formation et d’aide aux politiques, et devrait être une priorité pour les PEID qui n’y ont pas adhéré.
Il est essentiel d’aider les PEID à renforcer le rôle de la culture dans tout le spectre des politiques publiques. Forts de leur singularité, les PEID peuvent apporter une contribution substantielle pour promouvoir des politiques culturelles plus intégrées et plus transversales – une vision qui sera au cœur de la Conférence MONDIACULT 2022. L’avenir laisse penser qu’il existe une opportunité importante de réinstaurer et d’encourager un tourisme durable sur le plan écologique et culturellement responsable. La protection du patrimoine culturel doit être abordée de manière globale et contextuelle, en tenant compte du rapport des communautés à la terre et à la mer, ainsi que des pratiques culturelles immatérielles. Les connaissances locales et autochtones doivent être mises à contribution pour assurer des politiques et des pratiques durables. En outre, les secteurs culturels et créatifs représentent une voie insuffisamment exploitée pour capitaliser sur l’esprit d’innovation des populations des PEID. John Donne, poète anglais du 17e siècle, a écrit ces vers : « Nul homme n’est une île, entière en elle-même ; tout homme est un morceau du continent, une partie de l’ensemble. » Les PEID sont eux aussi une « partie de l’ensemble » essentielle dans la quête mondiale d’un avenir plus durable pour la planète Terre et tous ses habitants.