Aux côtés d’une centaine de jeunes - entre 18 et 24 ans - issus de 15 pays méditerranéens, le Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb a lancé une réflexion autour de l’impact de technologies disruptives dans le pourtour méditerranéen, à l’aide de deux axes d’intervention : l’éthique de l’intelligence artificielle (IA) et l’éducation aux médias et à l’information (EMI).
Cet évènement s'est déroulé dans le cadre de la quatrième édition de l’Académie Méditerranéenne de la Jeunesse (Mediterranean Academy for Youth), organisée du 16 au 17 juillet 2024 à Asilah (Maroc) par le Forum Méditerranéen de la Jeunesse (FOMEJE), l’Association Initiatives Citoyennes (BAWSALA) et Volunteer in Morocco, en partenariat avec le Ministère de la jeunesse, de la culture et de la communication et la Délégation interministérielle des droits de l’Homme (DIDH) du Royaume du Maroc.
"C'est quoi l'EMI?"

Les jeunes, un groupe prioritaire de l’UNESCO, ont, à travers le jeu et le débat, donné leurs propres visions et espoirs. Ils ont souligné le caractère nécéssaire de l’esprit critique et des capacités décisionnelles.
Selon une enquête informelle, plus de 3 jeunes sur 5 interrogés pendant l'évènement (63%) avaient une confiance exagérée envers les systèmes d’IA générative (tels que ChatGPT, surestimant largement l’exactitude des informations partagées), alors que presque la moitié (45%) était convaincue que l’IA devrait prendre des décisions pour ou à la place d’êtres humains. Cela a donné lieu à un débat de fond, et à une interrogation centrale : « Si l’humain lui-même est empreint de biais et les transmet à l’IA, pourquoi ne pas faire confiance à une IA qui est finalement un miroir de notre société ? ».

Cette volonté évidente des jeunes, utilisateurs actifs, de faire confiance aux systèmes d’IA pour le présent et l’avenir de nos sociétés illustre la nécessité de promouvoir ses enjeux éthiques, consacrés dans la de l’UNESCO, adoptée en novembre 2021 par 194 Etats membres. Ainsi, 3 jeunes sur 4 interrogés (74%) étaient convaincus que développer un cadre éthique et respectueux des droits humains pour les systèmes d’IA aiderait les Etats et acteurs majeurs en IA à augmenter les investissements et la confiance dans ce marché grandissant, sans pour autant freiner la course aux nouvelles technologies.
Au sein d'une ère où les réseaux sociaux occupent une place centrale et où l'information circule de façon massive, les systèmes d’IA peuvent faire appel à des algorithmes qui proposent des contenus en adéquation avec nos opinions ou selon des objectifs partisans, favorisant les clivages dans les sociétés. Ming Kuok-Lim, spécialiste du programme Communication et information du Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb, a par ailleurs illustré l’importance de l’éducation aux médias et à l’information, afin de prendre le recul nécessaire face à l’explosion massive d’informations vraies comme fausses.
En avant-première, les jeunes ont notamment pu s’essayer à deux nouveaux jeux de société de l’UNESCO, développés spécialement pour l’occasion, « Ice-Breaking Information Game » et « Mediapoly », et largement salués par les participants. Un jeu rapide sur l’importance de l’esprit critique face à la manipulation ou mauvaise interprétation d’informations, et un autre pour l’enseignement de notions critiques comme la citoyenneté numérique, les droits d’auteur, la mésinformation, etc.
Cette rencontre méditerranéenne a marqué une étape clé dans la promotion de la vision et des valeurs de l’UNESCO quant aux enjeux liés aux nouvelles technologies et plus particulièrement sur les questions de l’éthique de l’IA et de l’éducation aux médias et à l’information, sensibilisant également les associations de jeunesse et jeunes leaders présents à l’intégration de stratégies actives prenant en compte ces volets clés dans leurs programmes.
L'IA a suscité de nouvelles craintes, avec des scénarios dans lesquels les robots remplacent ou prennent le contrôle de l'humanité. Même si ces scénarios s'inspirent de la science-fiction, la réalité nous pousse à nous interroger sur la manière dont l'IA est utilisée aujourd'hui, avec des problèmes concrets tels que les « deepfakes », les discriminations et la polarisation de la société. C'est pourquoi il est important d'adopter une approche éthique de l'IA.
