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Les technologies numériques et l’IA au service du bien commun : exploiter le potentiel des technologies en faveur de l’éducation pour la santé et le bien-être en Afrique orientale et australe

L’utilisation des technologies numériques est possible et bénéfique pour les enseignants et les apprenants. C’est ce que nous montre Don Tererai, un spécialiste du numérique pour la santé et l’éducation de l’UNESCO, qui nous explique aujourd’hui de quelle manière les technologies numériques évoluent et sont intégrées avec succès à l’éducation pour la santé et le bien-être en Afrique orientale et australe.

Parlez-nous de la manière dont l’UNESCO utilise les technologies numériques dans le domaine de l’éducation pour la santé et le bien-être. Comment ces technologies permettent-elles de ne laisser personne de côté ?

L’UNESCO souhaite donner aux adolescents et aux jeunes les moyens de prendre leurs propres décisions et d’apporter le changement dans leurs vies et dans leurs communautés. Cela implique de soutenir les États membres, de collaborer activement avec les établissements d’enseignement et d’utiliser les technologies pour encourager l’expression, la résilience et les solutions innovantes.

En plus d’intervenir directement dans les établissements scolaires, le programme phare de l’UNESCO, Nos droits, nos vies, notre avenir (O3), aide les gouvernements et les systèmes éducatifs à fournir aux enfants, aux adolescents et aux jeunes, qu’ils soient scolarisés ou non, des informations sur la prévention de la violence, le genre et d’autres sujets liés à la santé au moyen de solutions numériques et de technologies simples fonctionnant généralement avec des téléphones, des radios ou des applications populaires. Cela permet d’atteindre les jeunes isolés, qui n’ont souvent pas d’autre accès à ces informations, notamment les jeunes handicapés, les jeunes subissant des situations de conflit ou des crises humanitaires ou les jeunes vivant avec le VIH.

Au Malawi, en Zambie et au Zimbabwe par exemple, l’UNESCO, en étroite coopération avec les ministères de l’É»å³Ü³¦²¹³Ù¾±´Ç²Ô et avec l’aide d’enseignants, a développé des outils technologiques et des agents conversationnels relativement simples pour aider les apprenants à réviser pour leurs examens. Ils ont eu beaucoup de succès et nous avons eu des retours positifs concernant leur impact et leur utilité pour les apprenants.

À qui sont destinés les outils mis au point par l’UNESCO ?

Ces outils sont mis à disposition des enseignants, des parents et des responsables locaux. Les parents peuvent ainsi voir ce que leurs enfants font en ligne. D’ailleurs, beaucoup de jeunes utilisent un appareil appartenant à un de leurs parents ou de leurs responsables légaux pour accéder à nos agents conversationnels sur WhatsApp.

Nous avons créé spécialement pour les enseignants d’Afrique subsaharienne un planificateur de cours basé sur l’IA qui simplifie l’organisation des cours, en particulier des cours d’éducation pour la santé et le bien-être. En suivant une série d’étapes intuitives, les enseignants peuvent créer des plans de cours et du matériel pédagogique personnalisés, ce qui leur permet de gagner un temps précieux et d’améliorer la qualité globale de leur enseignement. L’outil est axé sur les sujets prioritaires pour répondre aux besoins dans la région et améliorer la santé et le bien-être des jeunes, comme les compétences de la vie courante, l’orientation scolaire, le soutien psychosocial et l’éducation à la sexualité. Il est accessible à tous les enseignants de la région.

D’où vient le contenu utilisé par cet outil basé sur l’IA ?

Le planificateur de cours a de solides fondements pédagogiques : il intègre à la fois des théories de l’éducation reconnues et les prescriptions locales en matière d’enseignement, aidant ainsi les enseignants à préparer des cours efficaces et adaptés à l’âge et au contexte culturel des apprenants. Il s’appuie également sur un grand modèle de langage (GML) alimenté par des guides à destination des enseignants, des ouvrages de théorie éducative et pédagogique et les programmes scolaires nationaux pour veiller à ce que les plans de cours qu’il génère soient alignés sur les objectifs et la politique éducative de chaque pays et utilisent des méthodes d’enseignement éprouvées permettant à tous les jeunes d’apprendre et de s’épanouir. Par ailleurs, ces plans de cours se concentrent sur l’éducation pour la santé et le bien-être. 

Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne ce planificateur de cours ?

Une fois que l’enseignant a créé son profil, dès qu’il commence à préparer un plan de cours, il est invité par l’outil à donner des informations spécifiques, par exemple le pays dans lequel il travaille, la matière enseignée, l’objectif du cours, l’âge des élèves, la durée du cours, le résultat attendu, les méthodes et activités qu’il compte utiliser, et bien d’autres détails. 

Le planificateur va ensuite puiser dans la base de données du GML pour suggérer un plan de cours répondant aux besoins de l’enseignant et de ses élèves. Ce plan de cours peut alors être affiné avec des prompts supplémentaires et servir de base de travail à l’enseignant.

Cet outil inclut-il un système de retour d’information ou de soutien entre pairs ?

Chaque utilisateur a son propre compte et peut donc ajouter des notes concernant ses plans de cours ou revenir plus tard les modifier. Les plans de cours et les notes qui s’y rapportent sont privés et n’alimentent pas le GML. Les enseignants ont cependant la possibilité de rendre publics leurs plans de cours afin de permettre à d’autres utilisateurs de les consulter et de les noter selon un système d’étoiles.

Nous avons aussi créé une communauté en ligne au sein de laquelle les enseignants peuvent discuter entre eux et échanger des bonnes pratiques. Cet espace propose aussi du coaching et du mentorat ainsi que des webinaires thématiques permettant aux enseignants d’approfondir leur connaissance des questions clés et des évolutions récentes en matière d’éducation pour la santé et le bien-être.  

Quel impact le planificateur de cours a-t-il eu sur l’éducation dans les pays concernés ?

En étroite collaboration avec les gouvernements du Malawi et du Zimbabwe, nous avons organisé des sessions pilotes avec des enseignants pour améliorer la fonctionnalité du planificateur de cours et le rendre plus intuitif. 

L’outil est gratuit et, depuis son lancement en 2024, son nombre d’utilisateurs a connu une croissance organique pour atteindre aujourd’hui 3 000. Nous avons reçu beaucoup de retours positifs et il nous a été demandé d’y intégrer de nouvelles fonctions, notamment des outils d’évaluation. Toutefois, nous sommes conscients que l’IA est encore expérimentale dans ce domaine, et notre priorité est d’aider les ministères de l’É»å³Ü³¦²¹³Ù¾±´Ç²Ô à répondre aux besoins des enseignants en utilisant les technologies de manière éthique. 

Quelles sont les perspectives pour l’avenir ?

La croissance et l’expansion de l’IA font entrevoir la possibilité d’aider les enseignants dans d’autres aspects de leur métier, au-delà de la seule planification de cours. Il pourrait s’agir de préparer des présentations ou des évaluations, ou de leur fournir un soutien plus global, par exemple en matière de santé mentale. Pour l’instant, nous allons nous concentrer sur l’intégration de l’outil aux systèmes éducatifs de l’ensemble de la région, en coopération avec les ministères de l’É»å³Ü³¦²¹³Ù¾±´Ç²Ô et les établissements de formation des enseignants.