Dans la culture africaine, la transmission des histoires repose largement sur l’oralité. En 1960, lors d’un , l’écrivain et ethnologue malien Amadou Hampâté Bâ prononce une phrase devenue emblématique : « Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. » Par ces mots, il souligne l'importance de la tradition orale, ancrée depuis des siècles et constituant un élément fondamental du patrimoine culturel africain.
Pour en témoigner, l’une des premières déclarations des droits de l’homme de l’histoire, la , est transmise oralement de génération en génération depuis des siècles. Inscrite sur la liste du Patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2009, la charte du Mandén représente encore aujourd’hui le socle des valeurs et de l’identité des populations maliennes.
Pour autant, l’histoire écrite de l’Afrique existe bel et bien. Issus des graphies locales et de l’arabe, qui s’est rapidement étendu sur tout le continent avec l’islamisation, les manuscrits africains sont des trésors couvrant des sujets très variés tels que l’astronomie, la médecine, l’histoire ou la poésie, qu’il est indispensable de retrouver et de préserver.
L’Institut des Hautes Études et de Recherche Islamiques Ahmed Baba de Tombouctou et l’ONG Sauvegarde et Valorisation des Manuscrits pour la Défense de la Culture Islamique, en collaboration avec le bureau de l’UNESCO à Bamako et avec le soutien du Japon, œuvrent pour la préservation et l’accessibilité de manuscrits anciens qui témoignent de l’épanouissement culturel et intellectuel de cette région du Sahel à travers les siècles.
Depuis des années, les gens ont l’habitude de dire qu’en Afrique, il n’y a pas d’histoire écrite, toute l’histoire d’Afrique n’est que l’oralité. Alors, aujourd’hui, nous sommes fiers et même très fiers de prouver le contraire en disant que nous avons plus de 400 000 manuscrits anciens disponibles en date du 11e au 20e siècle. Ils ont été écrits uniquement par les mains des Africains.
Pour que les Africains puissent se réapproprier leur histoire, racontée de leur point de vue et ne laissant dans l’ombre aucune période, l’UNESCO est également à l’origine de L’histoire générale de l’Afrique, une œuvre pionnière qui couvre l’histoire de la totalité du continent africain. Composée de 8 tomes, l’Histoire générale de l’Afrique insère profondément le destin de l’Afrique dans celui de l’humanité. Au Mali, le ministre de l’éducation a souligné l’importance d’introduire en 2025 cet ouvrage dans les curricula éducatifs afin que les jeunes Maliens puissent connaitre leur histoire et enfin se la réapproprier avec fierté.
