Article
Pourquoi la prise d’initiatives par les jeunes se trouve au cœur de la prévention de la violence liée au genre en milieu scolaire

Les établissements scolaires sont censés être des havres de paix, où les enfants se font des amis, socialisent et apprennent à forger leur avenir. Pourtant, 246 millions d’élèves subissent des violences dans leur établissement scolaire et à ses abords, ce qui nuit gravement à leur éducation ainsi qu’à leur santé physique et mentale.
Chaque mois, un élève sur trois est victime de harcèlement scolaire dans le monde. De plus, près d’un élève sur trois est agressé physiquement au moins une fois dans l’année. Sous ses différentes formes, la violence en milieu scolaire trouve souvent son origine dans les inégalités liées au genre. Les données recueillies à l’échelle mondiale montrent qu’une jeune femme de 24 ans sur quatre a déjà subi des violences conjugales, ce qui indique la présence de violences sexistes ou sexuelles chez les enfants d’âge scolaire.
Si la violence à l’égard des femmes et des filles est normalisée au sein du foyer ou de la société, elle risque de l’être également dans les établissements scolaires. L’éducation peut briser ce cycle. Des jeunes s’engagent d’ailleurs activement sur cette question.
Découvrez les idées de ces jeunes déterminés à jouer un rôle central dans les efforts de prévention de la violence liée au genre en milieu scolaire (VGMS).
Pourquoi mettre fin à la VGMS s’avère-t-il essentiel pour l’apprentissage, les enfants et les jeunes ?
La VGMS a cours dans des espaces censés être sûrs pour les élèves : des lieux d’apprentissage. Elle entrave notre capacité à acquérir des connaissances et des compétences pratiques, à profiter de la vie de l’école et à devenir la meilleure version de nous-mêmes.
Or, c’est nous, les jeunes, qui sommes directement touchés par cette pandémie invisible et qui avons donc le plus à perdre. Nous devons jouer un rôle central dans la mise en place de solutions pérennes et veiller à ce que ces solutions soient efficaces et répondent aux besoins physiques, mentaux et émotionnels des élèves, à l’école comme à la maison.
De quelle manière les jeunes peuvent-ils agir efficacement pour éliminer la VGMS ?
Les enfants et les jeunes peuvent avoir des idées innovantes et ont appelé à ce que la priorité soit donnée à plusieurs éléments : réévaluer les garde-fous mis en place par les établissements scolaires, renforcer les mécanismes de protection et de prévention et veiller à ce que les apprenants et les adolescents soient en mesure de s’exprimer.
Il est important de favoriser une pratique collective dans laquelle les informations considérées comme importantes ne proviennent pas des adultes présents dans la salle, mais sont le fruit d’une appropriation commune des expériences provenant de tous les secteurs. Faire de la lutte contre la VGMS une action locale peut permettre aux jeunes militants de prendre leur place en tant qu’acteurs majeurs engagés dans l’éradication de ce phénomène. Nous sommes déjà en première ligne dans les établissements scolaires et les localités, ce qui signifie que nous connaissons bien les besoins, les normes sociales et de genre et les difficultés.
À quoi ressemblerait un partenariat intergénérationnel de lutte contre la VGMS ?
Il serait axé sur la collaboration afin de recueillir des données ventilées par genre aux niveaux national et infranational. Cela demanderait de travailler avec des élèves et des organisations dirigées par des jeunes, de partager des ressources et des bonnes pratiques et de créer des stratégies ensemble.
Il faut écouter les jeunes. Pour éradiquer la VGMS, il faut adopter une approche scolaire globale inclusive, qui, lors de la conception de solutions et d’actions, tienne compte du point de vue, des idées et des actions de chaque apprenant.
Quelles sont les attentes des jeunes et quelle marche à suivre recommandent-ils ?
Il ne suffit pas d’apprendre les uns des autres pour faire avancer les choses. Nous devons bâtir un réseau de spécialistes qui étudie les actions entreprises et qui s’intéresse aux avantages que les élèves et les jeunes tireraient de ces actions, ainsi qu’à la manière d’aider les jeunes à prendre de la place et à affirmer leur capacité à lutter contre la VGMS telle qu’elle se produit dans leur propre contexte.
Nous espérons que les jeunes seront davantage inclus aux consultations, aux réunions et aux échanges sur le recueil et l’analyse de données, et ce, à tous les niveaux. Nous sommes des militants situés à l’avant-garde, qui défendons la prise en compte des questions de genre afin de garantir la collecte de données précises, inclusives et collectives représentatives de notre vécu.
Il est nécessaire d’adopter une approche qui fasse progresser l’égalité des genres, d’en finir les stéréotypes de genre néfastes et de comprendre les rôles clés – non seulement le nôtre en tant que jeunes, mais aussi celui des enseignants, de l’administration scolaire, des parties prenantes et des pouvoirs publics – pour être en mesure de créer l’environnement d’apprentissage sûr et équitable que chaque apprenant et chaque jeune méritent.
L’UNESCO remercie Transform Education pour sa contribution au présent article, qui donne la parole à des jeunes ayant participé à un colloque sur les VGMS organisé par l’UNESCO et l’Initiative des Nations Unies en faveur de l’éducation des filles (UNGEI) sous l’égide du Groupe de travail mondial pour mettre fin à la VGMS. Transform Education, une coalition de réseaux de jeunes et de jeunes militants chapeautée par l’UNGEI, partenaire de longue date de l’UNESCO, est un interlocuteur essentiel s’agissant de souligner l’importance de la prise d’initiative par les jeunes dans la lutte contre la VGMS.
En tant que coresponsables du Groupe de travail, l’UNESCO et l’UNGEI ont lancé une nouvelle note d’information intitulée School violence: Why gender matters and how to measure school-related gender-based violence (Violence en milieu scolaire : pourquoi il importe de tenir compte des questions de genre et comment mesurer la VGMS).
(en anglais)
