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Les montagnes fournissent de l'eau douce vitale à des milliards de personnes et à d'innombrables écosystèmes. Le rapport mondial 2025 des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, intitulé Montagnes et glaciers : les châteaux d'eau présente des solutions pour protéger ces environnements fragiles, de plus en plus menacés par des activités humaines non durables, la pollution, etc.
Renforcement des savoirs et des capacités
Les données sur les montagnes
Mieux comprendre les principes fondamentaux de l’hydrologie des régions de haute montagne est un impératif pour faciliter la prise de décision. Aujourd’hui, faute d’un nombre suffisant de réseaux de surveillance et de modèles à haute résolution, il est difficile d’établir des observations et des prévisions hydrométéorologiques fiables dans les régions de haute montagne. Si l’on veut comprendre les changements cryosphériques et améliorer la durabilité des mesures d’atténuation et d’adaptation, il est nécessaire de renforcer les infrastructures d’observation au sein des zones de haute montagne et, surtout, de laisser les données récoltées en accès libre. Multiplier les observations implique de pouvoir mesurer, de façon régulière et exhaustive, le bilan de masse des glaciers, de surveiller les températures des sols gelés et l’humidité des sols.
Disposer de données ouvertes et en libre accès, ainsi que de systèmes intégrés d’observation, de prévision et de services, pour les bassins versants de montagne peut contribuer grandement à faciliter l’emploi des informations. Une fois les données collectées, leur exploitation nécessite des compétences humaines techniques et financières supplémentaires dans la gestion de données.
Contributions des savoirs autochtones, sexospécifiques et locaux
Les femmes ont été traditionnellement marginalisées des consultations sur la gestion de l’eau. De même, les peuples autochtones et les communautés locales de montagne comptent parmi les populations les plus touchées et sont néanmoins beaucoup plus largement exclues des discussions politiques et de la répartition des ressources.
Dans les régions montagneuses, les peuples autochtones et les communautés locales ont développé depuis longtemps des relations étroites avec la terre et l’eau, qui font partie intégrante de leurs pratiques culturelles et spirituelles comme de leurs moyens de subsistance.
La participation du public aux processus scientifiques fait partie des moyens proposés pour réduire les manques de capacités de même que pour encourager la prise de conscience et l’appréciation de la nature. Les sciences participatives peuvent également être un puissant moyen d’autonomisation des jeunes et des femmes, puisqu’elles leur permettent d’acquérir une expérience de travail et une position de leadership tout en répondant aux besoins de la communauté. Elles peuvent être un outil précieux de sensibilisation et d’éducation de même que de mobilisation et d’initiation aux disciplines scientifiques et aux milieux montagneux au sein des communautés. ainsi que servir à renseigner et à étayer la prise de décision au niveau local.
Renforcement des capacités
Les frontières politiques coïncident rarement avec les lignes de partage des eaux des bassins hydrographiques. La gestion des bassins fluviaux de montagne s’en trouve donc complexifiée sur le plan juridictionnel et dépend de la coopération, de la communication et du partage des données entre différentes entités politiques, notamment dans des contextes transfrontaliers. Gérer les ressources en eau, dans toute leur diversité et leur complexité, exige la contribution d’un large éventail de disciplines et d’acteurs ainsi que la mise en place de programmes de formation transversaux. Les compétences techniques sont indispensables aux prises de décision, dans les situations où les intérêts divergent et les ressources sont limitées.
Gouvernance et financement
La gouvernance des eaux de montagne
Il convient d’accorder une attention particulière à la gouvernance de l’eau en montagne alors que la concurrence pour l’accès à cette ressource ne cesse de croître, que les dynamiques climatiques changent et ont des répercussions, et que le développement socio-économique exerce des pressions de plus en plus grandes sur ces ressources. Les politiques internationales fournissent un cadre propice à la gouvernance de l’eau comme à l’adaptation au changement climatique dans les montagnes, tout en traitant des problématiques de développement durable.
Cadres internationaux des montagnes
La gestion des eaux de montagne s’effectue principalement à l’échelle des pays au moyen de lois, de politiques et de stratégies nationales. Étant donné que la plupart des grands fleuves prennent leur source dans des régions montagneuses avant de traverser plusieurs frontières nationales, les traités et les conventions constituent des catalyseurs pertinents qui favorisent la coopération et l’action à l’échelle des régions montagneuses. Toutefois, cette coopération se heurte à des divergences d’intérêts nationaux dans le cadre des accords sur les eaux transfrontalières ainsi qu’à l’inefficacité des institutions à assurer une coordination dans le contexte local.
Financement
Bien que certains des biens et services fournis par les milieux de montagne — tels le bois, l’hydroélectricité et les ressources minières — puissent avoir une valeur économique mesurable, les avantages et les valeurs environnementaux s’avèrent beaucoup plus difficiles à monétiser. L’eau propre, l’air et la biodiversité en constituent des exemples classiques. L’examen des pertes et des dommages causés par les aléas naturels fournit également une idée de la valeur globale des régions montagneuses.
Les gouvernements nationaux constituent d’importantes sources d’investissement, généralement par le biais d’instruments sectoriels telles l’agriculture et les politiques de l’eau, mais des financements peuvent aussi être obtenus par l’intermédiaire de différents programmes de coopération territoriale comportant une « composante montagne ». L’adaptation au changement climatique dans les montagnes repose sur un financement approprié ainsi que sur la participation et la contribution du secteur privé. En dépit des fonds considérables qui pourraient être investis dans le développement durable des régions montagneuses, l’accès aux principaux programmes d’aide a été relativement réduit.
Des fonds internationaux, régionaux, nationaux et locaux, aux visées innovantes et à la valeur raisonnable, pourraient être mobilisés afin d’aider à la planification et au développement des infrastructures dans les secteurs de l’eau, de l’agriculture et de l’énergie. Un meilleur emploi des aides et financements disponibles pourrait contribuer à alléger le fardeau des collectivités et des pays de montagne, pour lesquels il apparaît essentiel de renforcer la capacité et l’aptitude des acteurs à identifier puis à mobiliser des ressources financières.
Facteurs favorisant l'investissement financier en montagne
- La mise en place d’un contexte national favorable qui permette d’encourager et de coordonner les investissements publics.
- La sécurité constitue une condition préalable à l’investissement. Nous parlons là de la stabilité politique.
- Les investissements doivent de préférence être décentralisés et destinés en priorité aux petites et moyennes entreprises.
- La collaboration transfrontière crée des opportunités d’investissement, car les régions montagneuses chevauchent souvent les frontières nationales.
- Les savoirs locaux et scientifiques, ainsi que le développement des capacités, revêtent une importance particulière si l’on veut adapter les investissements à des conditions écologiques et culturelles spécifiques.
