Alors que l’UNESCO célèbre en 2025 les 50 ans de son Programme hydrologique intergouvernemental (PHI), une étape majeure dans la recherche et l’innovation mondiales autour de l’eau, l’invention d’Anna LuÃsa Beserra Santos incarne la force des solutions scientifiques conçues au plus près des besoins des communautés.
À travers notre initiative UNESCO Green Citizens, nous mettons en lumière des acteurs du changement comme elle, dont l’ingéniosité et l’engagement façonnent un avenir plus durable.
´¡³ÜÂá´Ç³Ü°ù»å’h³Ü¾±, vivent encore sans accès à une eau potable gérée en toute sécurité. Face à ce constat, Anna LuÃsa a décidé d’agir : à seulement 15 ans, elle a inventé Aqualuz, un dispositif solaire, abordable, qui purifie l’eau de pluie sans produits chimiques ni filtres complexes.
Son innovation améliore désormais l’accès à l’eau potable dans les zones rurales du Brésil, avec l’ambition de s’étendre en Amérique latine, en Afrique et en Asie. Néanmoins, développer une innovation à grande échelle n’est pas simple. Dans cette interview, Anna LuÃsa revient sur son parcours, les leçons qu’elle aurait aimé connaître avant de se lancer, et pourquoi elle croit fermement que la purification solaire peut jouer un rôle clé dans l’avenir de la sécurité hydrique.
(Cette interview a été éditée pour plus de clarté et de concision.)
Quel a été le premier moment où vous vous êtes dit : « Je dois résoudre ce problème » ?
En 2013, j’ai eu une prise de conscience qui a tout changé : j’ai réalisé que la solution pouvait être extrêmement simple. Même enfant, je comprenais comment cette technologie fonctionnait, donc tout le monde pouvait la comprendre aussi. À cet instant, je me suis dit que si je créais quelque chose de facile à utiliser et à reproduire, les communautés pourraient prendre en main leur propre purification de l’eau. Ce jour-là , je me suis dit : « Je dois faire en sorte que ça arrive. »
Pouvez-vous expliquer, en termes simples, comment fonctionne Aqualuz ?
Aqualuz est un système de traitement de l’eau de pluie qui utilise le rayonnement solaire pour éliminer les micro-organismes.
Y a-t-il des idées reçues ou des « fausses bonnes idées » en matière de filtration et d’accès à l’eau ?
L’une des plus grandes idées reçues est de penser que tous les filtres ont un impact durable. Beaucoup de solutions sont conçues comme des réponses rapides, qui fonctionnent un an ou deux, mais ne fournissent pas de soutien réel à long terme.
Nous, nous mettons l’accent sur la durabilité. Le système Aqualuz a une durée de vie de 20 ans, car l’impact réel vient de solutions pérennes, et non d’interventions temporaires. Nous veillons également à n’implémenter nos projets que là où les besoins sont réels, afin de garantir un changement significatif et durable.
Quelle est la chose que vous auriez aimé savoir avant de vous lancer ?
Si je pouvais revenir en arrière, j’irais sur le terrain dès le premier jour.
Au début, j’avais une approche purement scientifique. Tout ce que je savais sur le problème venait d’articles de recherche et d’études techniques. Ce n’est que bien plus tard, en rencontrant les familles confrontées au manque d’eau, que j’ai réellement compris leur quotidien.
Je me souviens d’une mère de cinq enfants dont l’un était malade à cause de l’eau insalubre. Elle devait acheter de l’eau en bouteille, bien trop chère pour elle, et ne pouvait pas travailler car elle devait s’occuper de ses enfants malades. Ce jour-là , ma vision a changé : la recherche est essentielle, mais rien ne remplace l’apprentissage direct auprès des communautés que l’on cherche à aider.
Quand vous travaillez avec des communautés locales, quelle approche vous semble la plus importante ?
L’essentiel est de faire de la communauté un acteur clé de la solution.
Pour ce faire nous embauchons des techniciens locaux. Ils se forment avec nous, vont sur le terrain et prennent en charge le suivi des technologies, notamment l’impact sur la réduction des maladies hydriques.
Quand les bénéficiaires deviennent aussi acteurs de la mise en œuvre et de l’amélioration de la solution, elle devient la leur. Ce n’est plus un projet imposé de l’extérieur, mais un effort collectif, où leurs idées et retours façonnent l’évolution de la technologie.
Quel est l’impact d’Aqualuz jusqu’à présent ?
Aqualuz n’était que le point de départ.
Depuis 2013, j’ai développé d’autres technologies pour répondre à différents défis liés à l’eau :
Aquasalina utilise le soleil pour désaliniser l’eau,
Aquafilter offre une filtration en trois étapes pour les communautés de jusqu’à 100 personnes,
Aquatorre adapte ce système aux écoles et aux zones sans infrastructures hydriques.
À ce jour, plus de 10 000 personnes utilisent activement ces solutions, et en 2024 seulement, nous avons touché 40 000 personnes. Voir ces technologies changer la vie des gens au quotidien est ce qui me pousse à continuer d’innover.
Où voyez-vous Aqualuz dans cinq ans ?
Mon ambition est que Aqualuz soit largement déployé en Amérique latine, en Afrique et dans d’autres régions touchées par la pénurie d’eau, afin que davantage de communautés rurales et vulnérables aient un accès durable à l’eau potable.
J’espère également qu’avec Aqualuz, nous pourrons élargir notre gamme de solutions accessibles, tout en autonomisant les communautés locales grâce à l’éducation et à la technologie.
Qu'est-ce qu'UNESCO Green Citizens ?
Cette initiative connecte les solutions citoyennes locales, l'expertise scientifique de l'UNESCO et la volonté des jeunes de s'engager dans la lutte contre le dérèglement climatique. Découvrez-en davantage ci-dessous sur ces 150 projets innovants et duplicables, menés par des citoyens.