Communiqué de presse
Adoption de la toute première décision de l’UNESCO sur la violence liée au genre en milieu scolaire (VGMS) : « Apprendre sans peur »
Les 58 membres du Conseil exécutif de l’UNESCO ont adopté la toute première décision des Nations Unies visant à prévenir et combattre les violences liées au genre en milieu scolaire, intitulée « Apprendre sans peur », lors de la 196e session du Conseil qui s’est achevée le 23 avril.
Cette nouvelle décision proposée par la France invite l’UNESCO et ses États membres à condamner la violence liée au genre sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations ; à concevoir et mettre en place des politiques et des plans d’action nationaux ; et à promouvoir la création d’environnements d’apprentissage sûrs, non violents, inclusifs et performants pour tous les garçons et les filles. Par cette décision, la Directrice générale est également invitée à soumettre au Conseil exécutif à sa prochaine session une feuille de route pour mieux combattre la violence liée au genre en milieu scolaire.
« L’école devrait être un havre sûr pour tous les jeunes, en particulier ceux des pays marginalisés et touchés par un conflit, a déclaré Irina Bokova, la Directrice générale de l’UNESCO. Il est capital que la communauté internationale travaille de concert à mener des travaux de recherche plus poussés, afin de comprendre l’ampleur et l’envergure du phénomène et d’élaborer des politiques visant à l’éliminer après 2015, en ciblant particulièrement les filles qui sont les premières victimes de cette forme de violence. »
La Secrétaire d'État au développement et à la francophonie, Mme Annick Girardin, qui a annoncé l’intention de la France de proposer cette décision lors d’une manifestation organisée en octobre 2014 en présence de la Directrice générale, à l’occasion de la Journée internationale de la fille, a déclaré : « La France a mobilisé ses forces sur la question des violences liées au genre en milieu scolaire, conformément à ses engagements en faveur de l’égalité des genres et de l’éducation pour tous. L’UNESCO a un rôle déterminant à jouer s’agissant de garantir des espaces d’apprentissage exempts de violence et non sexistes. Nous nous félicitons du large soutien dont bénéficie cette nouvelle résolution qui marque une étape décisive dans la reconnaissance d’un phénomène planétaire ignoré, et nous suivrons activement les engagements pris dans ce domaine. »
En avril 2014, la Ministre, avec l’UNESCO et l’Initiative des Nations Unies pour l'éducation des filles (UNGEI), a formé un groupe de travail international rassemblant 30 organismes du système des Nations Unies, gouvernements, agences de développement, organisations de la société civile et organismes de recherche pour traiter la question, avec des fonds de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).
En mars, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, l’UNGEI, l’UNESCO et le Rapport mondial de suivi sur l’EPT ont produit un nouveau document montrant que les VGMS ont de graves conséquences pour la santé et le bien-être des enfants et des effets néfastes sur l’apprentissage, l’assiduité et les taux d’achèvement de la scolarité. Ce document appelait à trouver un consensus sur la manière d’appréhender le phénomène et d’y répondre.
Il ressortait de ce document commun que les adolescentes étaient particulièrement exposées aux violences, au harcèlement et à l’exploitation à caractère sexuel, à l’école et aux alentours. Des données indiquent que dans les pays à revenu faible et intermédiaire, 10 % des adolescentes ont signalé un rapport sexuel ou d’autres actes sexuels forcés au cours de l’année précédente. En Afrique du Sud, une enquête nationale a montré que dans l’enseignement secondaire, près de 8 % des filles ont été victimes d’une agression sexuelle grave ou d’un viol à l’école.
La violence liée au genre en milieu scolaire est un phénomène planétaire. Une étude réalisée aux Pays-Bas a ainsi révélé que 27 % des élèves avaient été victimes de harcèlement sexuel de la part d’un membre du personnel scolaire. Au Royaume-Uni, une étude a montré qu’un tiers des élèves âgés de 16 à 18 ans avaient subi des attouchements sexuels non consentis à l’école.
Si les études sur les violences sexuelles laissent apparaître une plus grande prévalence chez les filles, de récents travaux montrent que les garçons aussi sont exposés aux VGMS. Une étude réalisée en Thaïlande montre que 12 % des filles et des garçons ont signalé avoir subi des violences sexuelles à l’école.
Les enfants en environnement de conflit et en situation d’urgence et ceux appartenant aux groupes marginalisés sont particulièrement exposés à cette forme de violence.
Notes aux rédacteurs :
Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Kate Redman k.redman@unesco.org Tél. : 0033 602049345
• Lien vers le texte intégral de la décision
• Communiqué de presse de l’UNESCO, du Rapport mondial de suivi sur l’EPT et de l’UNGEI appelant à prendre des mesures d’urgence pour lutter contre les violences de genre en milieu scolaire (En anglais) • Version intégrale du document de l’UNESCO, du Rapport mondial de suivi sur l’EPT et de l’UNGEI appelant à prendre des mesures d’urgence pour lutter contre les violences de genre en milieu scolaire (¹ó°ù²¹²Ôç²¹¾±²õ/Espagnol)
• Informations sur le Groupe de travail mondial sur la violence liée au genre en milieu scolaire
• Infographie du Rapport mondial de suivi sur l’EPT sur les VGMS : http://en.unesco.org/gem-report/sites/gem-report/files/srgbv_web_image.gif
• Infographie de l’UNGEI sur la violence liée au genre en milieu scolaire : Anglais | ¹ó°ù²¹²Ôç²¹¾±²õ | Espagnol
« Lutter contre les causes de la violence liée au genre en milieu scolaire aurait pour effet d’améliorer l’assiduité, les taux d’achèvement de la scolarité et les résultats de l’apprentissage. Pourtant, bien que sachant cela, nous n’avons qu’une vision partielle de l’ampleur du problème », a déclaré Aaron Benavot, Directeur du Rapport mondial de suivi sur l’EPT, UNESCO. « Il nous faut des données plus détaillées pour établir un recensement et une cartographie du phénomène afin de pouvoir mener des recherches rigoureuses et d’élaborer des politiques adaptées. La diminution de toutes les formes de violences de genre en milieu scolaire doit être un élément essentiel de tout programme de développement pour l’après-2015. »
« Au cours des 20 années écoulées depuis l’adoption de la Déclaration de Beijing sur l’autonomisation des femmes, nous avons constaté une augmentation des activités visant à mettre fin aux violences de genre ainsi qu’une hausse de l’intérêt porté à ce problème. Mais cette forme de violence pratiquée à l’école et autour de l’école est restée en grande partie invisible », a déclaré Nora Fyles, responsable du Secrétariat de l’UNGEI. « L’élimination de la violence liée au genre en milieu scolaire ne peut être laissée au hasard. Pour parvenir à une éducation de qualité inclusive pour tous, les gouvernements nationaux, la société civile et d’autres partenaires du développement doivent faire davantage pour protéger les enfants et poursuivre les auteurs de ces violences. »