Communiqué de presse
UNESCO : l’éducation doit se transformer fondamentalement si nous
Le nouveau Rapport mondial de suivi sur l'éducation 2016 (GEM) de l’UNESCO montre que l’éducation a le potentiel de stimuler la réalisation de tous les Objectifs mondiaux du nouveau Programme de développement durable à l'horizon 2030 (ODD). Il montre également que l’éducation doit se transformer en profondeur pour réaliser ce potentiel et faire face aux défis auxquels sont actuellement confrontés l’humanité et la planète.
Il est urgent d’accélérer les progrès dans l’éducation. Selon les tendances actuelles, l’enseignement primaire universel en Afrique subsaharienne sera atteint en 2080 ; l’achèvement universel du premier cycle de l'enseignement secondaire en 2089 ; et l’achèvement universel du deuxième cycle de l'enseignement secondaire en 2099, ce qui représente pour la région un retard de 70 ans par rapport à l’échéance de 2030 fixée pour les ODD.
Il ressort du rapport intitulé L’éducation pour les peuples et la planète que les systèmes éducatifs doivent davantage se soucier des questions d’environnement. Dans la majorité des pays, l’éducation est le meilleur indicateur de la sensibilisation au changement climatique, toutefois les programmes scolaires de la moitié des pays du monde ne font pas explicitement mention du changement climatique ou de la durabilité de l’environnement dans leur contenu. Bien qu’étant l’une des régions les plus touchées par les effets du changement environnemental, on relève beaucoup moins de mentions du développement durable dans les programmes scolaires de l’Afrique subsaharienne que dans ceux de l’Amérique latine, de l’Europe et de l’Amérique du Nord.
« Un changement fondamental s’impose dans la façon dont nous pensons le rôle de l’éducation dans le développement mondial, parce que celle-ci exerce un impact considérable sur le bien-être des individus et la prospérité de nos sociétés », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova. « Aujourd’hui, plus que jamais, l’éducation doit se montrer à la hauteur des défis et des aspirations du XXIe siècle et porte la responsabilité d’encourager les bonnes valeurs et les bonnes compétences pour une croissance durable et inclusive et pour une cohabitation pacifique de tous. »
Les systèmes éducatifs doivent veiller à protéger et respecter les cultures minoritaires ainsi que leurs langues porteuses d’informations vitales sur le fonctionnement des écosystèmes. Pourtant, comme le montre le Rapport, 40 % de la population mondiale reçoit un enseignement dans une langue qu’elle ne comprend pas. C’est en Afrique subsaharienne que l’on compte le plus grand nombre de pays présentant le plus haut niveau de diversité linguistique.
Les systèmes éducatifs doivent veiller à donner à tous les compétences et les connaissances indispensables pour négocier la transition vers des industries plus vertes et trouver de nouvelles solutions aux problèmes de l’environnement. Cela exige également que l’éducation continue hors des murs de l’école, dans les communautés et sur les lieux de travail, tout au long de l’âge adulte. Pourtant seuls 6 % des adultes des pays les plus pauvres ont participé dans leur vie à des programmes d’alphabétisation.
« Si nous voulons une planète plus verte et un avenir durable pour tous, nous devons exiger de nos systèmes éducatifs plus que la simple transmission du savoir. Il faut que nos écoles, nos universités et nos programmes d’apprentissage tout au long de la vie mettent l’accent sur des perspectives économiques, environnementales et sociales capables de contribuer à l’épanouissement de citoyens autonomes, critiques, attentifs et compétents », a affirmé Aaron Benavot, Directeur du Rapport GEM.
Il est également impératif que les systèmes éducatifs transmettent des compétences plus poussées et conformes aux attentes des économies en croissance, où les compétences professionnelles évoluent rapidement et où beaucoup d’emplois sont automatisés. Selon les tendances actuelles, d’ici à 2020, le monde pourrait accuser un déficit de 45 millions de travailleurs possédant une formation supérieure, par rapport à la demande.
Investir dans l’enseignement supérieur est particulièrement crucial pour la croissance en Afrique subsaharienne : augmenter l’achèvement de l’enseignement supérieur d’une année en moyenne accroîtrait son PIB à long terme de 16 %. Pourtant en 2014, on ne comptait dans la région que 8 % d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur, un niveau très inférieur à la deuxième moyenne régionale, celle de l’Asie du Sud et de l’Ouest (23 %), et à la moyenne mondiale (34 %).
Les inégalités dans l’éducation, aggravées par le creusement des disparités, augmentent le risque de violence et de conflit. Dans 22 pays d’Afrique subsaharienne, des régions qui présentent une éducation moyenne très faible ont 50 % de risques supplémentaires de connaître un conflit dans les 21 prochaines années. En Sierra Leone, les jeunes sans éducation avaient neuf fois plus de probabilités de rejoindre des groupes rebelles que ceux qui avaient reçu au minimum une éducation secondaire. Le Rapport appelle les gouvernements à commencer à prendre les inégalités au sérieux et à les débusquer en recueillant des données directement auprès des familles.
Le Rapport souligne que le nouveau programme mondial de développement exhorte les ministres de l’éducation et les acteurs de l’éducation à collaborer avec d’autres secteurs et recense les nombreux avantages qu’il y aurait à travailler de cette façon :
- Scolariser les mères jusqu’au premier cycle de l’enseignement secondaire en Afrique subsaharienne d’ici à 2030 pourrait prévenir le décès de 3,5 millions d’enfants entre 2050 et 2060.
- L’école pourrait servir à des interventions sanitaires : selon une estimation, il coûterait dix fois moins cher de délivrer des traitements simples, tels que des capsules d’oligoéléments, par l’intermédiaire de l’école que par le biais d’unités médicales mobiles.
- Les fermes-écoles pourraient contribuer à accroître le rendement des cultures de 12 %, ce qui apporterait une augmentation durable de la production alimentaire.
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Kate Redman au 0033 602049345 ou à l’adresse k.redman@unesco.org
Notes aux rédacteurs
Télécharger le Rapport : https://bitly.com/sdg4all
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- Le Rapport mondial de suivi sur l'éducation (Rapport GEM) est élaboré par une équipe indépendante et publié par l’UNESCO. Il remplace le Rapport mondial de suivi sur l'Éducation pour tous (GMR) de l’UNESCO. World Education Blog/Educación Mundial Blog.