Communiqué de presse
UNESCO : l’éducation doit se transformer fondamentalement si nous voulons atteindre nos objectifs mondiaux de développement
Le nouveau Rapport mondial de suivi sur l'éducation (GEM) de l’UNESCO montre que l’éducation a le potentiel de stimuler la réalisation de tous les objectifs mondiaux du nouveau Programme de développement durable à l'horizon 2030 (ODD). Il montre également que l’éducation doit se transformer en profondeur pour réaliser ce potentiel et faire face aux défis auxquels sont actuellement confrontés l’humanité et la planète.
Il est urgent d’accélérer les progrès dans le domaine de l’éducation. Selon les tendances actuelles, l’enseignement primaire universel en Afrique du Nord et en Asie occidentale sera atteint en 2048 ; l’achèvement universel du premier cycle de l'enseignement secondaire en 2062 ; et l’achèvement universel du deuxième cycle de l'enseignement secondaire en 2082. La région tiendrait alors ces engagements globaux en matière d’éducation avec un demi-siècle de retard par rapport à l’échéance de 2030 fixée pour les ODD.
Il ressort du rapport intitulé L’éducation pour les peuples et la planète que les systèmes éducatifs doivent davantage se soucier des questions d’environnement. Parmi les élèves âgés de 15 ans, 55 % en Jordanie et 62 % en Turquie n’ont que des connaissances sommaires en matière d’environnement. Dans la majorité des pays, l’éducation est le meilleur indicateur de la sensibilisation au changement climatique, toutefois les programmes scolaires de la moitié des pays du monde ne font pas explicitement mention du changement climatique dans leur contenu.
« Un changement fondamental s’impose dans la façon dont nous pensons le rôle de l’éducation dans le développement mondial, parce que celle-ci exerce un impact considérable sur le bien-être des individus et la prospérité de nos sociétés », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova. « Aujourd’hui, plus que jamais, l’éducation doit se montrer à la hauteur des défis et des aspirations du XXIe siècle et porte la responsabilité d’encourager les bonnes valeurs et les bonnes compétences pour une croissance durable et inclusive et pour une cohabitation pacifique de tous ».
Les systèmes éducatifs doivent veiller à protéger les cultures minoritaires ainsi que leurs langues porteuses d’informations vitales sur le fonctionnement des écosystèmes. Pourtant, comme le montre le Rapport, 40 % de la population mondiale reçoit un enseignement dans une langue qu’elle ne comprend pas.
Les systèmes éducatifs doivent veiller à doter chacun des compétences et des connaissances indispensables pour négocier la transition vers des industries plus vertes et trouver de nouvelles solutions aux problèmes de l’environnement. Cela exige également que l’éducation continue hors des murs de l’école, dans les communautés et sur les lieux de travail, tout au long de l’âge adulte. À l’heure actuelle, deux tiers des adultes dans le monde ne possèdent pas les compétences financières de base, cette proportion atteignant même 87 % au Yémen. Seuls 3 % des adultes en Iran savent utiliser des formules arithmétiques de base dans un tableur. Seuls 6 % des adultes des pays les plus pauvres de la planète prennent part à des programmes d’alphabétisation.
« Si nous voulons une planète plus verte et un avenir durable pour tous, nous devons exiger de nos systèmes éducatifs plus que la simple transmission du savoir. Il faut que nos écoles et nos programmes d’apprentissage tout au long de la vie mettent l’accent sur des perspectives économiques, environnementales et sociales capables de contribuer à l’épanouissement de citoyens autonomes, critiques, attentifs et compétents », a affirmé Aaron Benavot, Directeur du Rapport GEM.
Il est également impératif que les systèmes éducatifs transmettent des compétences plus poussées et conformes aux attentes des économies en croissance, où les compétences professionnelles évoluent rapidement et où beaucoup d’emplois sont automatisés. Selon les tendances actuelles, d’ici à 2020, le monde pourrait accuser un déficit de 40 millions de travailleurs possédant une formation supérieure, par rapport à la demande. En Afrique du Nord et en Asie occidentale, les effectifs de l’enseignement supérieur sont plus importants dans les matières qui ne suscitent qu’une demande relativement faible sur le marché du travail. Cela explique peut-être pourquoi près de 40 % des entreprises – soit la part la plus élevée toutes régions confondues – considèrent qu’une main-d’oeuvre ne possédant pas les qualifications adéquates constitue un frein majeur à la croissance.
Les inégalités dans l’éducation, aggravées par le creusement des disparités, augmentent le risque de violence et de conflit, ce qui constitue un obstacle majeur au progrès dans la région, empêchant plus de 13 millions d’enfants d’aller à l’école. Une étude récente fondée sur les données d’une centaine de pays sur 50 ans a conclu que les pays enregistrant les taux d’inégalité les plus élevés en matière de scolarisation risquaient beaucoup plus que les autres de connaître un conflit. Le Rapport appelle les gouvernements à commencer à prendre les inégalités dans l’éducation au sérieux et à les débusquer en recueillant des données directement auprès des familles.
Le Rapport souligne que le nouveau programme mondial de développement exhorte les ministres de l’éducation et les acteurs de l’éducation à collaborer avec d’autres secteurs et recense les nombreux avantages qu’il y aurait à travailler de cette façon :
- L’éducation peut permettre de réduire la croissance démographique qui pèse lourdement sur l’environnement : en Égypte, le nombre de naissances pour 1 000 adolescentes diminue quasiment de moitié pour celles qui ont un niveau d’étude secondaire par rapport à celles qui n’ont jamais été scolarisées.
- Dans les pays d’Afrique du Nord et d’Asie occidentale, une année de scolarité supplémentaire pour les mères se traduit par une diminution de 23 % du nombre d'enfants de moins de 5 ans décédant de pneumonie.
- Si les travailleurs issus de milieux riches et pauvres avaient le même niveau d'éducation, le nombre de travailleurs pourrait reculer de 39 %.
- L’école pourrait servir à des interventions sanitaires : selon une estimation, il coûterait dix fois moins cher de délivrer des traitements simples, tels que des capsules d’oligoéléments, par l’intermédiaire de l’école que par le biais d’unités médicales mobiles.
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Kate Redman au 0033 602049345 ou à l’adresse k.redman@unesco.org
Notes aux rédacteurs
Télécharger le Rapport : https://bitly.com/sdg4all
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- Le Rapport mondial de suivi sur l'éducation (Rapport GEM) est élaboré par une équipe indépendante et publié par l’UNESCO. Il remplace le Rapport mondial de suivi sur l'Éducation pour tous (GMR) de l’UNESCO. World Education Blog/Educación Mundial Blog.